Arrivé cet été à Bergerac, Pape Sarr veut partager son expérience avec le groupe et garder des ambitions. © Sylvain Desgroppes. |
Si
Pape Sarr s'est fait connaître des amateurs de football périgordin
par un passage très remarqué à Trélissac entre 2011 et 2013, avec
une saison de CFA qui l'avait vu terminer meilleur buteur de sa poule
avec 20 unités (2012-2013), c'est aussi avec ses qualités humaines,
son expérience et sa mentalité de partage qu'il évolue aujourd'hui
à la pointe de l'attaque bergeracoise. Sans perdre de vue le chemin
des filets (quatre buts en championnat, et six en cinq matches de
coupe de France).
Le
natif de Dakar (Sénégal), aujourd'hui âgé de trente et un ans, a
vécu de multiples expériences depuis son arrivée en France à
l'été 20005. C'est à travers chacune d'elles qu'il a cherché à
progresser pour en arriver à sa situation actuelle, et à son
approche très philosophique du football. Un regard très fin, très
observateur sur son rôle dans un groupe et sur le fonctionnement
d'une équipe, qui lui font occuper une place particulière dans le
vestiaire du BPFC.
Une
riche expérience
«
J'ai connu des hauts et des bas dans ma carrière, comme beaucoup,
mais j'ai toujours fait en sorte d'en sortir gagnant, d'en retirer
quelque chose de positif », résume-t-il. Tout commence donc à
Nancy en 2005, où le joueur débarque du Sénégal pour intégrer le
centre de formation. « J'y ai découvert beaucoup de choses, dans la
vie, le football européen... Cela a été deux années
enrichissantes, j'y ai appris mon métier », se souvient-il.
Un
avis positif même si cela ne débouche pas sur un contrat
professionnel. Le joueur rebondit à Blois, en CFA2, pendant un an,
entre 2008 et 2009, puis à Vitré, en CFA, pendant deux saisons
(2009-2011). « Le coach Oswald Tanchot, aujourd'hui au Havre en
Ligue 2, m'a beaucoup apporté », glisse Pape Sarr. Le tout avant
d'arriver à Trélissac, alors en CFA2, avec le succès que l'on
connaît : une montée directe en CFA, puis une saison à vingt buts
où le TFC frôle le National.
Deux
belles années qui lui ouvrent les portes de l'échelon supérieur, à
Orléans en National. « Cela a été une très belle année pour mon
expérience personnelle, j'ai côtoyé ce qu'était le haut niveau,
la concurrence, l'exigence », retient-il. Une saison conclue par une
montée en Ligue 2, et pour l'attaquant, un premier contrat
professionnel, à 27 ans. La suite est moins positive : « J'ai été
prêté au Poiré sur Vie, en National. C'était une déception, et
j'ai vécu une année compliquée là-bas ».
Un
épisode qui va marquer un tournant dans sa carrière et son
évolution en tant que footballeur. Au début de l'été 2015, il
prend la décision radicale de partir pour la Thaïlande, au BBC
Tero, club de troisième division de la capitale, Bangkok. Une
décision qui a été mûrement réfléchie, et qui suit un besoin
intérieur du joueur de vivre autre chose. Une aventure hors du
commun qu'il est loin de regretter.
«
Après une année exceptionnelle pleine de sensations positives à
Orléans avec la montée, l'année au Poiré sur Vie avait été
frustrante et difficile. J'avais besoin de changer d'air, de voir un
autre football, de traverser un autre moment de ma vie, dans une
autre mentalité », commence-t-il. Après six mois sur place, il
revient en France pour rejoindre sa famille. Dans l'hiver 2015, c'est
à Cholet que le buteur trouve finalement un point de chute et un
nouveau projet ambitieux en N2.
À
l'issue de la saison 2016-2017, qu'il finit dans le top 5 des buteurs
de la poule où se trouve le BPFC, il monte avec Cholet en N1, où il
se maintient l'an dernier avant de rejoindre son ex-coach dans le
projet du club présidé par Christophe Fauvel. « Je connaissais le
club et le département, mais aussi le coach. Je l'ai découvert à
Cholet, c'est un homme de cœur, quand il m'a appelé et expliqué le
projet, cela m'a séduit », détaille-t-il.
Un
rôle de cadre
À
Bergerac, fort de son riche parcours, de sa vision des choses, et de
son passif dans le football, Pape Sarr ne peut avoir un rôle neutre.
Il ne cache pas son envie de partager sa mentalité et sa volonté de
travail avec ses coéquipiers : « dans ces niveaux semi-amateurs,
très proches que l'on soit en N1, N2, ou N3, il faut une mentalité
de fer, une remise en question permanente, et l'envie de toujours
évoluer, quels que soit l'âge et les résultats passés »,
juge-t-il.
Après
plus de dix ans dans les divisions nationales, ses statistiques, ses
réussites collectives, et sa vision très objective et avec recul
sur les choses, sa parole mérite d'être écoutée. Le projet à
moyen terme de monter avec le groupe et le coach mis en place cet été
ne peut se faire qu'avec des joueurs ayant déjà vécu ces
aventures. Pape Sarr a connu trois montées, avec Trélissac de CFA2
à CFA en 2011-2012, avec Orléans de N à L2 en 2013-2014, avec
Cholet de N2 à N1 en 2016-2017.
«
À Orléans par exemple, dès la grosse préparation physique
effectuée pendant l'été, des liens s'étaient créés, on avait
senti une osmose entre des jeunes comme moi qui arrivaient de plus
bas et qui voulaient prouver, et des anciens habitués de ce niveau
pour cadrer le groupe. Il y avait de la solidarité, une solidité
mentale, et une envie commune d'aller au bout », avance-t-il. Des
ingrédients précieux à partager, même si l'attaquant estime ne
pas être le seul dans ce cas.
«
À Bergerac, Diego Gomez, Nicolas Flégeau, ou Anthony Loustallot par
exemple ont connu le haut niveau et ont des choses à apporter »,
commence-t-il. Pour autant, il n'hésite pas à s'ouvrir à ses
partenaires : « J'ai un discours assez direct sur les attitudes, les
envies collectives et les aspects psychologiques qui sont nécessaires
pour réussir ». Dans sa place au sein du groupe, au sein du
vestiaire, Pape Sarr sent son rôle évoluer au fil des années.
«
Dans le football, les choses, positives comme négatives, se
répètent. Sur le terrain aussi. Quand on les a déjà vécues, on a
plus facilement la capacité à s'adapter et à trouver les
solutions. Mon devoir est de partager tout cela, mais aussi d'être
réceptif. On doit tous aller dans le même sens », pense
l'attaquant. Multiplier les échanges, partager, s'enrichir des
expériences de chacun, voilà son credo pour progresser et faire
émerger un groupe plus solidaire.
La
suite dépend aussi des qualités individuelles de chacun. Spécialisé
sur ce rôle d'avant-centre depuis son passage à Trélissac, alors
qu'il pouvait évoluer sur tout le front de l'attaque jusque-là,
Pape Sarr tient un rôle de buteur primordial pour la réussite du
collectif. « C'est un rôle où il faut être fort mentalement, ne
jamais se contenter de ce que l'on a fait, travailler en permanence
pour trouver de nouvelles solutions », estime-t-il. Un rôle qui
convient parfaitement à sa mentalité.
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