vendredi 23 juin 2017

Trois passions en une

Licencié au CAP Triathlon, Fabrice Bossion se dépense sans compter dans sa discipline, qu'il vit autant comme un sport que comme un moyen d'évasion.

Fabrice Bossion, aux côtés de sa
compagne Valérie Ducatillion
en mai à Bratislava.
© D.R.
Comment un sport peut faire partie intégrante d'une vie. Fabrice Bossion pourrait en parler pendant des heures. Pour lui, le triathlon est un moyen de s'entretenir, physiquement et moralement. Mais c'est aussi un moyen de pratiquer sa passion et d'y trouver un réel plaisir. Et c'est enfin une bonne excuse pour s'offrir quelques belles vacances à partager en famille.
L'athlète licencié au CA Périgueux Triathlon s'est tourné progressivement vers cette discipline complète et exigeante qu'est le triathlon. Au départ, c'est dans la course à pied que celui qui est originaire de la région parisienne se lance en compétition. « J'ai commencé dès le plus jeune âge dans la course à pied. Puis, au bout d'un moment, il y a de la lassitude, et on voit que les résultats plafonnent aussi », explique Fabrice Bossion.

Nouveau(x) défi(s)
Il y a une vingtaine d'années maintenant, les choses changent tout de même. Arrivé dans le bergeracois, il travaille comme maître nageur, trouve une opportunité dans un centre de vacances. Pour passer ses diplômes et conserver un niveau intéressant, le coureur devient nageur.
Son brevet d'état de natation obtenu au CREPS, il évolue de fil en aiguille vers une pratique sportive diversifiée. Quand il observe ce qu'il se passe autour de lui, Fabrice Bossion saute alors le pas, et élargit encore ses compétences : « En Dordogne comme en France, je voyais cette émergence du triathlon. J'aimais ce concept d'enchaînement de disciplines, avec une atmosphère sympa, donc je me suis mis au vélo ».
Un peu de temps pour découvrir cette nouvelle discipline, ces nouveaux efforts, et l'athlète se lance dans la compétition. Pour lui comme pour les autres, le plaisir arrive rapidement. Mais derrière le passionné se cache aussi le sportif, le compétiteur. Alors son regard se tourne assez vite vers les résultats, et le sérieux vient avec.
« Les résultats sont vite venus, donc on se prend un peu plus au sérieux, au-delà de l'entraînement, on fait attention à la diététique... », glisse le périgourdin. Sans perdre de vue ce côté convivial et festif que saluent tous les pratiquants, amateurs ou plus, et qui efface l'exigence et la dureté de la discipline.
« Le déclic est venu en 2013, avec le titre de champion de France de triathlon à Nice. C'est important, ça m'a ouvert les portes de l'équipe de France en groupe d'âges », se rappelle Fabrice Bossion. Qui sera en 2015 champion d'Europe d'aquathlon et de triathlon, toujours par groupe d'âge. Car en-dessous des champions élites, les professionnels, les courses dîtes « amateurs » regroupent les athlètes par âge, de cinq ans en cinq ans.
En France, la sélection se fait par la Fédération, qui prend en compte les résultats effectués sur la course décernant le titre de champion national. « Les cinq premiers sont sélectionnables, chacun décidant s'il veut aller ou non sur la compétition. Le champion d'Europe de la catégorie d'âge est aussi directement qualifié », précise l'athlète.
Parcourir l'Europe pour participer à ces courses, c'est ensuite un choix pour ces athlètes amateurs. La Fédération n'a en gestion que les athlètes élites. Pour les autres, il faut tout prendre en charge : déplacement, logement, inscription. Mais Fabrice Bossion a trouvé une solution pour tout concilier.
Car il n'est pas seul dans ces épreuves. Sa compagne, Valérie Ducatillion, est aussi triathlète au CAP. Et participe comme lui aux événements français, européens, et bientôt mondiaux. « Vivre ça à deux est exceptionnel. Et pour ces compétitions à l'étranger, on part une semaine et on reste après la course dans le pays. C'est notre façon de partir en vacances, d'assouvir aussi notre passion du voyage », glisse Fabrice Bossion.

De beaux résultats
Côté voyage, l'année 2017 va être chargée. Le 27 mai dernier déjà, le couple était à Bratislava pour les championnats d'Europe d'aquathlon (1 km de nage, puis 5 km de course à pied). Une compétition qui a sourit à Fabrice Bossion, premier dans la catégorie des 50-54 ans (il est né en 1965). De quoi récupérer son titre de 2015, perdu l'an passé avec une deuxième place.
Mais cette fois, tout s'est mieux bien déroulé. Pour cette course, les vingt-cinq concurrents européens partaient du bord d'un lac, avec un circuit de nage à parcourir deux fois, entrecoupé d'une sortie à l'australienne (les athlètes font une boucle, puis sortent de l'eau avant de rentrer de nouveau pour le deuxième tour).
« Quand je sors de l'eau, difficile pour moi de savoir où je suis. Mais ma compagne me dit cinquième. Je fais une belle transition et c'est après que je vois que le vélo ouvreur est juste cinquante mètres devant », détaille le périgourdin. La transition, moment clé à négocier dans une course.
En aquathlon, le principe est simple. Pour Bratislava, les athlètes avaient l'obligation d'avoir leur tenue en néoprène. Il s'agit de l'enlever et de la poser dans sa propre boîte pour garder sur soi la combinaison trifonction. Puis de récupérer dans cette même caisse les chaussures de course, et selon les athlètes la casquette ou les lunettes de soleil, le tout ayant été déposé par les athlètes eux-mêmes avant le départ.
Il faut ensuite suivre le tapis pour sortir du parc et attaquer le circuit de course, de cinq kilomètres. « C'est un moment à ne pas négliger, ça se travaille à l'entraînement. Il faut enlever la fermeture éclair, mettre les chaussures alors que l'on sort de l'eau et que l'on est mouillé... », continue-t-il. Avant les derniers efforts, et pour Fabrice Bossion la délivrance. Après 33'24'' d'effort : 14'22 en natation, 33'' de transition, et 18'28 de course à pied. Pour finir 57'' devant un allemand, et 1'14 devant un espagnol.
Une satisfaction, mais pas un aboutissement pour autant. La dureté de la discipline, les progrès sans cesse effectués par tous ne permettent aucun relâchement. Il faut continuer à s'entraîner. Pour le périgourdin, c'est huit à quinze heure par semaine, à raison d'une à deux séances par jour.
« A Périgueux, les entraînements sont planifiés, avec trois créneaux de piscine par semaine, deux de course à pied au stade, et une sortie vélo le dimanche matin. Mais chacun aime aussi avoir ses propres repères, insister sur un point plutôt qu'un autre, ajuster, cela vient avec l'expérience », liste-t-il.
Des expériences, il va continuer à en vivre pour la suite de l'année. Et ce très rapidement, avec le championnat d'Europe de triathlon ce samedi 24 juin à Dusseldorf (Allemagne). Au programme, la distance S, soit sept-cent-cinquante mètres de natation, une transition, vingt kilomètres de vélo, une autre transition, et cinq kilomètres en course à pied.
Une compétition que Fabrice Bossion vivra là-encore avec sa compagne. Et ce n'est pas terminé. Les émotions fortes, c'est en septembre qu'elles seront, avec le championnat du monde de triathlon, organisé le 15 septembre à Rotterdam aux Pays-Bas. « On y va car c'est jouable géographiquement. C'est une autre dimension, avec des athlètes que l'on n'a pas l'habitude de côtoyer », sait le dordognot.
Mais le moment sera fort à vivre pour ce passionné, simplement heureux de pouvoir pratiquer son sport sans contrainte, avec le plaisir de l'effort, celui du partage, et de la découverte. « Il y aura le protocole, la parade des nations, on est avec les athlètes élites de la Fédération, les coachs. On a en triathlon un respect mutuel entre les élites et les amateurs, ce sera un moment forcément sympathique à vivre », se réjouit Fabrice Bossion.

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