samedi 5 janvier 2019

Discret et efficace

Arrivé seulement en octobre, Damien Fachan s'est rapidement imposé au cœur du milieu de terrain d'une équipe bergeracoise dont il est devenu capitaine.

Damien Fachan s'est vite imposé au BPFC, au point de devenir
capitaine, comme ici en coupe de France à La Brède au 7e tour.
© Christophe Gameiro.
Comme un poisson dans l'eau, Damien Fachan s'est adapté à sa nouvelle équipe aussitôt arrivé. Ce qui n'était pas si évident sur le papier. Le BPFC est dans une situation délicate après huit journées lorsqu'il débarque en Dordogne au mois d'octobre. Intégrer un effectif déjà largement modifié cet été n'est pas simple non plus. Mais tout se passe au mieux. « C'était une intégration en accéléré, après quelques jours au club, j'avais déjà l'impression d'être là depuis un an », sourit le joueur.
Sa nature et son expérience ont fait beaucoup pour que tout se passe ainsi. Car à 28 ans, Damien Fachan possède déjà un long CV. Son aventure footballistique, il l'a commencée à Tarbes, sa ville natale, celle où il a signé sa première licence, où il a effectué ses premiers pas en senior aussi. « Quinze ans dans le même club, le club de ma ville, où je connaissais tout le monde et où j'entraînais aussi les jeunes, ça fait quelque chose », évoque-t-il.
Enfant du Tarbes Pyrénées Football, il débute en senior en CFA2 lors de la saison 2009-2010, puis enchaîne deux saisons pleines en CFA. Avant l'été 2012 et un départ de ''son'' club. « Si je partais, c'était pour connaître le niveau supérieur », dit-il. Chose faîte au Poiré sur Vie, en National, où l'entraîneur en place, Oswald Tanchot (aujourd'hui coach du Havre en Ligue 2) va beaucoup lui apporter dans son évolution de jeune footballeur.
« Il avait vite vu mes carences, j'ai beaucoup appris mais je n'arrivais pas à mettre cela en pratique. Après un an, j'ai rompu mon contrat et je suis parti à Carquefou au même niveau », évoque Damien Fachan. Celui-ci est très lucide sur ses forces et faiblesses : « Aujourd'hui, la plupart des joueurs de ce niveau sont passés par des centres de formation. J'ai un cursus différent, je n'ai pas eu cette formation sur le plan tactique ».

Un beau cursus
Celui-ci peut facilement comparer, avec un frère, Marc, de 29 ans, qui a intégré le centre de formation d'Auxerre en début de carrière. Mais il se sert aussi de son parcours comme d'une force : « Je n'ai pas cette overdose que certains ont pu avoir en ayant joué au football tous les jours depuis le centre de formation. À Tarbes, j'étais étudiant à côté. Pour moi, ce sport reste une passion, que j'ai encore sans jamais me lasser », glisse-t-il.
Le milieu de terrain possède une longue expérience en N1.
© Sylvain Desgroppes.
Une passion qui va le guider de club en club, toujours en National. Après Carquefou, il retourne au Poiré sur Vie (2014-2015), puis passe par Boulogne (2015-2016) avant de vivre deux belles saisons à Dunkerque (2016-2018). « Une carrière, ce sont des choix que l'on fait, guidés par le temps de jeu, des coaches particuliers... Chaque club a été une expérience à part et chacune reste enrichissante », estime-t-il.
Surtout lorsque les étoiles s'alignent pour offrir la possibilité de jouer en National entre frères. Ce que Damien et Marc ont pu faire à trois reprises, à Carquefou (2013-2014) et lors des deux dernières saisons à Dunkerque. C'est de là que vont s'enchaîner plusieurs faits conduisant finalement Marc Fachan à Fréjus et Damien Fachan à Bergerac en cours de saison. Car les deux joueurs voulaient au départ rester ensemble.
« J'avais eu plusieurs expériences en N1, je ne voulais pas repartir sur un nouveau projet à ce niveau, et je n'arrivais pas à franchir le cap de la L2, donc on a souhaité partir à l'étranger », commence Damien Fachan. Mais le mercato y commence plus tard, et aucune solution n'apparaît comme idéale. « On n'arrivait pas à combiner le sportif et le financier, à chaque fois l'un des deux aspects ne suivaient pas »...
Le temps file, et les portes se ferment très vite. Finalement, le milieu de terrain saute sur l'occasion qui se propose en terres périgordines : « Au-delà de sa situation du moment, le club a des ambitions, le discours du coach m'a plu, et je me rapprochais de chez moi ». Il arrive au BPFC lors de la deuxième semaine du mois d'octobre, après le match nul lors de la huitième journée au Puy, et juste avant le cinquième tour de coupe de France (victoire à Isle JA).
Les conditions sont particulières... « On avait pris un risque en tentant ce pari à l'étranger. Après six ans en N1 (plus de 150 disputés, NDLR), en descendant d'une division, j'étais frustré et déçu au départ, puis on trouve d'autres sources de motivation dans le nouveau projet », concède Damien Fachan. Surtout, après une période sans football, le simple fait de retrouver le terrain suffit à avoir le sourire. « Quand on passe trois mois sans club, le seul plaisir c'est le jeu », lance-t-il.

Un rôle essentiel
Damien Fachan évolue au cœur du jeu du BPFC.
© Boris Rebeyrotte.
Et cela tombe bien, car du temps de jeu, le milieu de terrain ne met pas longtemps à en avoir. Il est titulaire dès le weekend suivant son arrivée, en coupe de France. Sur les onze matches officiels disputés par le BPFC depuis qu'il est au club, les seules minutes qu'il a manqué l'ont été pour une suspension (deux avertissements reçus à Saint Étienne). Il est devenu en un éclair l'un des joueurs de base de Nicolas Le Bellec.
Une adaptation rapide qui s'explique par ses qualités de joueur, son expérience, et son caractère. « À chaque changement de club, on repart à zéro. À force, avec le vécu, on sait qu'il y a des erreurs à ne pas faire. J'ai appris de tous, j'ai été avec des joueurs de Premier League ou des champions de France, en les regardant, on tire des leçons, cela force l'humilité », avoue-t-il, lui qui est aujourd'hui encore touché par « le très bon accueil des dirigeants, du staff, et des joueurs ».
Tout se fait même si vite et si bien que, chose relativement rare, il devient capitaine à peine plus d'un mois après son arrivée au club. « J'ai le brassard, mais il y a des cadres, des leaders de vestiaires, qui m'ont eux-mêmes permis de vite m'épanouir et ne penser qu'au football ici. Le brassard ne donne rien, tout se fait naturellement », tient-il à préciser. Comme d'habitude, c'est avec beaucoup d'analyse et de recul que Damien Fachan prend son rôle.
« Chacun prend la parole et exprime les choses quand il le faut et comme il le ressent. Pour moi, c'est une manière d'être, je me comporte et m'implique pareil dans un groupe avec ou sans le brassard. Le seul objectif est d'amener l'équipe vers le haut », résume-t-il. Un discours on ne peut plus clair sur sa position dans le groupe et sa façon de voir la vie d'un vestiaire. Comme sur le terrain dans son rôle de milieu défensif, le joueur se dépense sans compter.
Utilisé en tant que pointe basse dans un milieu à trois en 4-3-3, mais aussi dans un milieu à deux en 4-2-3-1, son sens du placement, son envie dans les duels, et sa qualité de première passe sont des atouts indéniables pour l'équilibre collectif. « Je me régale sur le terrain ici, à deux comme à trois en milieu. Même si la situation est délicate, il y a un groupe de qualité, de belles individualités, un potentiel élevé », annonce Damien Fachan.
Reste à exploiter tout cela au mieux et à prolonger la belle dynamique entamée en fin d'année 2018, avec un fond de jeu toujours plus solide et des résultats en hausse. Sans oublier la coupe de France et ce match de prestige contre Niort, équipe de Ligue 2, en 32e de finale. Un tour auquel Damien Fachan s'est arrêté l'an dernier avec Dunkerque, battu 2-4 par Metz, club de Ligue 1, alors que lui et son frère avaient pourtant trouvé le chemin des filets...

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