Damien Fachan s'est vite imposé au BPFC, au point de devenir capitaine, comme ici en coupe de France à La Brède au 7e tour. © Christophe Gameiro. |
Comme
un poisson dans l'eau, Damien Fachan s'est adapté à sa nouvelle
équipe aussitôt arrivé. Ce qui n'était pas si évident sur le
papier. Le BPFC est dans une situation délicate après huit journées
lorsqu'il débarque en Dordogne au mois d'octobre. Intégrer un
effectif déjà largement modifié cet été n'est pas simple non
plus. Mais tout se passe au mieux. « C'était une intégration en
accéléré, après quelques jours au club, j'avais déjà
l'impression d'être là depuis un an », sourit le joueur.
Sa
nature et son expérience ont fait beaucoup pour que tout se passe
ainsi. Car à 28 ans, Damien Fachan possède déjà un long CV. Son
aventure footballistique, il l'a commencée à Tarbes, sa ville
natale, celle où il a signé sa première licence, où il a effectué
ses premiers pas en senior aussi. « Quinze ans dans le même club,
le club de ma ville, où je connaissais tout le monde et où
j'entraînais aussi les jeunes, ça fait quelque chose »,
évoque-t-il.
Enfant
du Tarbes Pyrénées Football, il débute en senior en CFA2 lors de
la saison 2009-2010, puis enchaîne deux saisons pleines en CFA.
Avant l'été 2012 et un départ de ''son'' club. « Si je partais,
c'était pour connaître le niveau supérieur », dit-il. Chose faîte
au Poiré sur Vie, en National, où l'entraîneur en place, Oswald
Tanchot (aujourd'hui coach du Havre en Ligue 2) va beaucoup lui
apporter dans son évolution de jeune footballeur.
«
Il avait vite vu mes carences, j'ai beaucoup appris mais je
n'arrivais pas à mettre cela en pratique. Après un an, j'ai rompu
mon contrat et je suis parti à Carquefou au même niveau », évoque
Damien Fachan. Celui-ci est très lucide sur ses forces et faiblesses
: « Aujourd'hui, la plupart des joueurs de ce niveau sont passés
par des centres de formation. J'ai un cursus différent, je n'ai pas
eu cette formation sur le plan tactique ».
Un
beau cursus
Celui-ci
peut facilement comparer, avec un frère, Marc, de 29 ans, qui a
intégré le centre de formation d'Auxerre en début de carrière.
Mais il se sert aussi de son parcours comme d'une force : « Je n'ai
pas cette overdose que certains ont pu avoir en ayant joué au
football tous les jours depuis le centre de formation. À Tarbes,
j'étais étudiant à côté. Pour moi, ce sport reste une passion,
que j'ai encore sans jamais me lasser », glisse-t-il.
Le milieu de terrain possède une longue expérience en N1. © Sylvain Desgroppes. |
Une
passion qui va le guider de club en club, toujours en National. Après
Carquefou, il retourne au Poiré sur Vie (2014-2015), puis passe par
Boulogne (2015-2016) avant de vivre deux belles saisons à Dunkerque
(2016-2018). « Une carrière, ce sont des choix que l'on fait,
guidés par le temps de jeu, des coaches particuliers... Chaque club
a été une expérience à part et chacune reste enrichissante »,
estime-t-il.
Surtout
lorsque les étoiles s'alignent pour offrir la possibilité de jouer
en National entre frères. Ce que Damien et Marc ont pu faire à
trois reprises, à Carquefou (2013-2014) et lors des deux dernières
saisons à Dunkerque. C'est de là que vont s'enchaîner plusieurs
faits conduisant finalement Marc Fachan à Fréjus et Damien Fachan à
Bergerac en cours de saison. Car les deux joueurs voulaient au départ
rester ensemble.
«
J'avais eu plusieurs expériences en N1, je ne voulais pas repartir
sur un nouveau projet à ce niveau, et je n'arrivais pas à franchir
le cap de la L2, donc on a souhaité partir à l'étranger »,
commence Damien Fachan. Mais le mercato y commence plus tard, et
aucune solution n'apparaît comme idéale. « On n'arrivait pas à
combiner le sportif et le financier, à chaque fois l'un des deux
aspects ne suivaient pas »...
Le
temps file, et les portes se ferment très vite. Finalement, le
milieu de terrain saute sur l'occasion qui se propose en terres
périgordines : « Au-delà de sa situation du moment, le club a des
ambitions, le discours du coach m'a plu, et je me rapprochais de chez
moi ». Il arrive au BPFC lors de la deuxième semaine du mois
d'octobre, après le match nul lors de la huitième journée au Puy,
et juste avant le cinquième tour de coupe de France (victoire à
Isle JA).
Les
conditions sont particulières... « On avait pris un risque en
tentant ce pari à l'étranger. Après six ans en N1 (plus de 150
disputés, NDLR), en descendant d'une division, j'étais frustré et
déçu au départ, puis on trouve d'autres sources de motivation dans
le nouveau projet », concède Damien Fachan. Surtout, après une
période sans football, le simple fait de retrouver le terrain suffit
à avoir le sourire. « Quand on passe trois mois sans club, le seul
plaisir c'est le jeu », lance-t-il.
Un
rôle essentiel
Damien Fachan évolue au cœur du jeu du BPFC. © Boris Rebeyrotte. |
Et
cela tombe bien, car du temps de jeu, le milieu de terrain ne met pas
longtemps à en avoir. Il est titulaire dès le weekend suivant son
arrivée, en coupe de France. Sur les onze matches officiels disputés
par le BPFC depuis qu'il est au club, les seules minutes qu'il a
manqué l'ont été pour une suspension (deux avertissements reçus à
Saint Étienne). Il est devenu en un éclair l'un des joueurs de base
de Nicolas Le Bellec.
Une
adaptation rapide qui s'explique par ses qualités de joueur, son
expérience, et son caractère. « À chaque changement de club, on
repart à zéro. À force, avec le vécu, on sait qu'il y a des
erreurs à ne pas faire. J'ai appris de tous, j'ai été avec des
joueurs de Premier League ou des champions de France, en les
regardant, on tire des leçons, cela force l'humilité »,
avoue-t-il, lui qui est aujourd'hui encore touché par « le très
bon accueil des dirigeants, du staff, et des joueurs ».
Tout
se fait même si vite et si bien que, chose relativement rare, il
devient capitaine à peine plus d'un mois après son arrivée au
club. « J'ai le brassard, mais il y a des cadres, des leaders de
vestiaires, qui m'ont eux-mêmes permis de vite m'épanouir et ne
penser qu'au football ici. Le brassard ne donne rien, tout se fait
naturellement », tient-il à préciser. Comme d'habitude, c'est avec
beaucoup d'analyse et de recul que Damien Fachan prend son rôle.
«
Chacun prend la parole et exprime les choses quand il le faut et
comme il le ressent. Pour moi, c'est une manière d'être, je me
comporte et m'implique pareil dans un groupe avec ou sans le
brassard. Le seul objectif est d'amener l'équipe vers le haut »,
résume-t-il. Un discours on ne peut plus clair sur sa position dans
le groupe et sa façon de voir la vie d'un vestiaire. Comme sur le
terrain dans son rôle de milieu défensif, le joueur se dépense
sans compter.
Utilisé
en tant que pointe basse dans un milieu à trois en 4-3-3, mais aussi
dans un milieu à deux en 4-2-3-1, son sens du placement, son envie
dans les duels, et sa qualité de première passe sont des atouts
indéniables pour l'équilibre collectif. « Je me régale sur le
terrain ici, à deux comme à trois en milieu. Même si la situation
est délicate, il y a un groupe de qualité, de belles
individualités, un potentiel élevé », annonce Damien Fachan.
Reste
à exploiter tout cela au mieux et à prolonger la belle dynamique
entamée en fin d'année 2018, avec un fond de jeu toujours plus
solide et des résultats en hausse. Sans oublier la coupe de France
et ce match de prestige contre Niort, équipe de Ligue 2, en 32e de
finale. Un tour auquel Damien Fachan s'est arrêté l'an dernier avec
Dunkerque, battu 2-4 par Metz, club de Ligue 1, alors que lui et son
frère avaient pourtant trouvé le chemin des filets...
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