Contre
Lille, Bergerac sera passé par toutes les émotions, avant de voir
l'aventure se terminer cruellement. Le parcours reste historique pour
le BPFC.
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Bergerac aura lutté jusqu'au bout avec abnégation, envie, courage, avant une fin de match au scénario cruel... © Laurent Guine |
Tout
aurait pu être si différent. Bergerac, longtemps dominé dans son
huitième de finale contre Lille, pensait bien arracher les
prolongations lorsque la capitaine et défenseur central Mamadou
Kamissoko, pourtant à bout de force, coupait le corner d'Evan
Chevalier pour égaliser à l'entrée du temps additionnel.
Mais
peut-être par déconcentration, avec l'euphorie ambiante, le soucis
du détail, Lille arrache finalement sa qualification au bout d'une
folle soirée, comme seule la coupe de France peut en offrir à tous
les amoureux du football et du sport en général. Le sport est beau
pour cela, les émotions qu'il procure et peut transmettre pour
soulever les foules.
Bergerac
défend
Comme
lors du 16e
de finale, c'est avec beaucoup de sourires et de décontraction que
Bergerac abordait ce match. Après Lens, Ligue 2, c'est contre Lille,
Ligue 1, que le BPFC espérait réaliser une nouvelle performance en
forme d'exploit. Mais, très vite, cela semble difficile. Le 5-3-2
concocté par Fabien Pujo, dans le même schéma et avec les mêmes
onze joueurs que lors du 16e de finale contre Lens, a logiquement
plus de mal sur ce tour.
Les
bergeracois ne parviennent pas à garder le ballon. Ils subissent les
assauts répétés des lillois, mais restent tout de même dans leur
plan de jeu, avec un système bloquant l'axe, là où le LOSC se sent
plus à l'aise. Pour preuve, c'est souvent dans l'intérieur du jeu
que les visiteurs viennent buter, comme s'il fallait à tout prix
rester dans l'idée de départ alors que Bergerac incite son
adversaire à passer par les couloirs.
Résultat,
très peu d'occasions dangereuses pour les nordistes dans cette
première période. Sur l'un de ses rares enchaînements de passes
près du but de Bergerac, Lille est bien dangereux par Bahlouli, en
position de frappe à l'entrée de la surface sur une remise d'Eder.
Mais le ballon passe à côté. C'est Bergerac qui est finalement
tout prêt du hold-up juste avant la pause.
Sur
un ballon en profondeur mal dosé, Soumaoro intercepte, et transmet
en retrait à son gardien Maignan. Formé au PSG, le gardien n°2 du
LOSC tergiverse et manque complètement sa relance, plein axe à
trente mètres. Pinto récupère, mais dévisse sa frappe... Bergerac a-t-il laissé passer sa chance ?
Une
chose est sûre, les bergeracois se rendent compte sur ce match de la
différence qui peut exister entre une équipe de Ligue 2 et une
équipe de Ligue 1. En termes de puissance dans les duels, de
capacité à se replacer à la perte du ballon, de vitesse dans les
déplacements, Lille est deux crans au-dessus de Lens.
Le
BPFC à bout de force
Cependant,
si Lille domine clairement, dans les buts, Dolivet n'a que très peu
été mis à contribution. Tout reste donc possible pour son
équipe. Car en rentrant aux vestiaires sur un score nul, Bergerac a
déjà réalisé une belle performance. Il fallait durer pour
espérer, le premier objectif est réussi. Mais à quel prix...
Les
bergeracois ont beaucoup défendu lors des quarante-cinq premières
minutes, et les jambes commencent déjà à être lourdes. Les
espaces se font de plus en plus nombreux, et Lille fait tourner en
début de seconde période, attendant patiemment la faille. Sliti,
Bahlouli, Rony Lopes, les trois joueurs offensifs positionnés en
soutien d'Eder dans le 4-2-3-1 de Franck Passi sont toujours
dangereux, par leurs déplacements et leur technique.
Et
la brèche, Lille va finir par la trouver. Bissouma lance
parfaitement Rony Lopes dans l'intervalle entre Lacrampe et
Chevalier. Le portugais s'emmène le ballon et le pique juste
au-dessus de Dolivet pour l'ouverture du score (70e). Lille est
devant, la mission semble désormais impossible pour le BPFC. Pour changer la donne, Fabien
Pujo a déjà effectué un changement de tactique, passant quelques
minutes plus tôt de son 5-3-2 à un 4-3-3 bien plus classique pour
Bergerac.
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Mamadou Kamissoko, capitaine exemplaire, pensait bien avoir délivré les siens à la 92e minute... © Laurent Guine |
Ce qui se voit dans le jeu, où le BPFC parvient sur
quelques phases à enchaîner les passes dans l'entre-jeu, avec plus
de repères, et des circuits préférentiels de nouveau possibles. Les
minutes passent, et Bergerac pousse, avec ses armes, la fatigue, mais
l'envie d'y croire. Un coup-franc de Chevalier ne donne rien (80e),
le corner de ce même latéral gauche non plus (85e).
Jusqu'à
cette fameuse 92e minute. Corner rentrant du gaucher Chevalier. Au
premier poteau, Kamissoko coupe parfaitement la trajectoire et
délivre son équipe et tout un stade, jamais aussi bouillant.
L'exploit semble là. Quelques secondes après, Kishna décoche une
frappe croisée puissante, que Dolivet détourne sur sa barre. Un signe ?
Non,
dans la continuité, le ballon est mal dégagé dans l'axe. A 25
mètres, c'est l'erreur à ne pas commettre... Eder part en
profondeur, il est servi idéalement, et ne se trompe pas devant
Dolivet. L'international portugais se plaît visiblement à endosser
le rôle de bourreau dans les derniers instants de matchs décisifs...
Lille
passe et affrontera Monaco en quart de finale. Pour Bergerac,
l'aventure de la coupe s'arrête là. Une belle aventure, commencée
le 24 septembre dernier. Mais tout n'est pas fini, loin de là. Reste
un beau challenge, une autre aventure à relever avec le sprint pour
la montée en National à disputer. Sprint qu'il faudra lancer chez
un concurrent direct, Cholet, dès la prochaine journée de
championnat.
Youssef Zidane : « L'objectif était de rester vivant sur la durée, plus le match passerait en restant à 0-0, mieux ce serait pour nous. Techniquement, on a une équipe capable de faire des choses, mais c'est la répétition des efforts et l'impact qui a été le plus dur contre cette équipe de Ligue 1. Le scénario de la fin de match est cruel, on est à deux doigts de les emmener en prolongations. C'est dur à avaler, mais il faut relativiser, on a le weekend pour souffler tranquillement et se replonger dès lundi dans notre pain quotidien qu'est le CFA ».
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Abdel Jamaï et Jordi Delclos (de dos) : quand un regard suffit pour comprendre la détresse des bergeracois... © Laurent Guine. |
Abdel Jamaï : « Sur le corner, on se parle tous, on se dit qu'il y en a un qui va le mettre au fond. On marque, et sur le but, le stade explose, qu'on le veuille ou non, sur l'instant, on ressent un truc de fou, comme si le terrain vibrait. C'est aussi ça le football, cela donne des émotions très intenses à vivre pour tout le monde. C'est un moment qui forge forcément un mental, cela nous montre qu'il ne faut jamais lâcher. On prend ce but à la dernière minute, c'est une déception car on aurait aimé jouer Monaco. Maintenant, il reste le championnat à vivre avec de beaux challenges ».
René Dolivet : « En première période, on respecte bien les plans de jeu. Ils ne sont pas trop dangereux, mais on est déjà un peu cuit à la pause car on a beaucoup donné. On le voit sur la suite du match. Ce parcours a soudé le groupe, on est une bande de potes, on a vécu des choses exceptionnelles avec cette coupe. On a encore le championnat, et il faut s'y remettre de suite avec un gros match à Cholet ».
Jordi Delclos : « Il va falloir que l'on évacue cette déception. On a le championnat qui arrive derrière pour cela. On va se remettre avec le weekend de repos que l'on a, et à partir de lundi, on se replongera dans le travail. On a ce qu'il faut pour le National, il faut juste arriver à se sortir du CFA ».
Fabien Pujo : « On ne pouvait pas commencer d'entrée en 4-3-3, on se serait tuer. Il fallait fermer l'axe, notre plan de jeu a été cohérent en première période. Mais à force, on subit ce jeu lillois allant de droite à gauche. On fait ce changement tactique, on se sent un petit peu mieux car on revient dans notre ADN de jeu. Même si cela leur donne des espaces, on l'accepte. Ils marquent, mais on est toujours en vie. Et on marque ce but. Dans l'émotionnel, ce qui se passe à ce moment-là, c'est très fort, c'est beau, on bascule, mais on n'a pas le temps... On peut aérer et reprendre nos esprits juste avant leur but, mais on n'a pas le temps, tout va tellement vite... ».
Eder : « On a fait un bon match, mais eux aussi. On a mieux terminé la rencontre. On est arrivé à rester concentré, dans ce style de match, on peut avoir une possibilité de marquer à tout moment. Maintenant, on joue Monaco, qui est en pleine forme, il faudra faire un bon match et montrer nos qualités pour passer ce tour supplémentaire ».
Bergerac
– Lille
Mi-temps : 0-0
Score final : 1-2
Buteurs : Kamissoko
(90e+2) pour Bergerac. Rony Lopes (70e), Eder (90e+4) pour Lille.
Avertissements :
Lacrampe (30e), Jamaï (80e) pour Bergerac. Terrier (79e) pour Lille.
Expulsion : Pinto (90e+5)
pour Bergerac.
Bergerac : Dolivet –
Fuchs, Zidane, Kamissoko (cap.), Lacrampe, Chevalier – Bangré
(Delclos, 64e), Jamaï, Covin (Dia, 71e) – Bouscarrat (Mayenga,
82e), Pinto. Entraîneurs
: Fabien Pujo, assisté de Christophe Hugot. Remplaçants :
Bertho,
Dufeal, Gérard,
Loustallot.
Lille : Maignan –
Arcus, Soumaoro (cap.), Junior Alonso, Mendyl – Amadou, Bissouma –
Bahlouli (Xeka, 82e), Rony Lopes (Terrier, 74e), Sliti (Kishna, 58e)
– Eder. Entraîneur : Franck Passi. Remplaçants : Béria, De
Préville, Enyema, Gabriel.
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