Pour
tout savoir de ce match historique que s'apprête à vivre le
Bergerac Périgord FC : une préparation de professionnels, une
gestion de la semaine « dans la normalité », un adversaire
forcément favori mais qui doute, Bergerac qui croit en ses chances,
un match qui s'annonce palpitant !
La joie des bergeracois un soir de victoire en 16e de finale de coupe de France. C'était le 31 janvier, contre Lens. © Sylvain Desgroppes. |
1.
La préparation physique, comme des pros
A
Bergerac, si Fabien Pujo est le coach principal, il est loin d'être
seul pour encadrer son groupe de joueurs. Celui qui affirme, dans les
discours comme en pratique, « avoir une gestion partagée au sein du
staff » a notamment autour de lui Alexandre Gasparotto, le
préparateur physique. Les deux hommes se connaissent par cœur ou
presque, puisqu'ils travaillent ensemble depuis huit ans, et leur
rencontre en 2009 à Lormont.
Une
pensée qui est celle de tout le staff, et qui guide non seulement
son fonctionnement interne mais aussi ses relations avec les joueurs.
Ce côté humain dans l'approche du football est la principale
caractéristique du staff du BPFC, et cela en est la principale force
aussi, alors que les quatre hommes passent leur temps ensemble.
D'année
en année, Bergerac franchit les étapes. Les progrès sont encore
nombreux à réaliser, mais petit à petit, le club se dirige vers
plus de professionnalisme dans l'approche des entraînements, de la
compétition, de l'évolution physique et psychologique des
joueurs... « J'ai mis en place une salle de musculation. Les joueurs
peuvent venir la journée, et cette année, on a notre kiné, Tom
Philippe, qui a une salle juste à côté, et est présent avec les
joueurs la semaine et lors des matchs », ajoute encore Alexandre
Gasparotto.
Pour
ce qui est de la préparation physique à proprement parler, à
Bergerac, elle se fait autour d'une idée bien identifiée :
l'individualisation. « Les joueurs sont tous différents, ils n'ont
pas le même âge, ne connaissent pas tous les mêmes problématiques.
On ne les amène pas de la même façon à leurs pics de forme. On
fait donc de l'individualisation des programmes », explique le
préparateur physique.
De
l'individualisation, mais aussi une vraie gestion, au niveau des
temps de jeu par exemple. Le staff bergeracois a beaucoup fait
tourner ses joueurs depuis le début de saison, avec pour principale
préoccupation de ne jamais prendre le moindre risque. Le tout pour
resserrer maintenant le groupe à l'approche du sprint final, et
espérer pouvoir disposer de plus de fraîcheur que certains
adversaires.
2.
Gérer une semaine particulière
Alexandre Gasparotto dirige toujours l'échauffement les jours de matchs, comme ici contre Lens. © Sylvain Desgroppes. |
Dans
l'emballement populaire et médiatique de cette aventure de la coupe
de France, le plus dur est de garder les bonnes habitudes et de gérer
une préparation forcément perturbée, ne serait-ce que par le
calendrier, avec deux jours de moins qu'en championnat entre le match
de Mantes samedi et celui de Lille. Gestion physique des joueurs,
gestion organisationnelle, rien n'est laissé au hasard par le staff
du BPFC.
Turnover
partiel en championnat, reconnaissance du terrain de Libourne, mise
au vert, le programme est précis. L'idée du staff est claire : «
On veut être acteur de la vie du groupe, ne pas subir les choses. On
a fait des choix forts, mais dans le respect du groupe. Certains ont
besoin de plus de repos, d'autres de s'exprimer et d'enchaîner les
matchs », détaille Alexandre Gasparotto, préparateur physique du
BPFC.
Dans
la gestion de ce huitième de finale, le premier choix a été
d'avancer la vingt-et-unième journée contre Mantes au weekend
dernier, alors que le match était initialement prévu le 04 mars.
Choix par ailleurs payant, puisque le BPFC s'est imposé. Pour le
reste, l'enchaînement des matchs ne change pas grand chose pour
Alexandre Gasparotto.
«
Au sein du staff, on estime que dans la semaine, les séances
d'entraînement doivent être plus fortes dans l'intensité, dans
l'engagement, et dans l'exigence. De cette façon, il n'y a pas de
surprise le jour du match, on peut trouver plus de facilité »,
continue le préparateur physique. Jouer ce jeudi alors qu'il y a eu
un match samedi n'a donc pour lui pas d'impact en terme de condition
physique et de récupération.
Le
programme est donc classique, en-dehors du fait de s'entraîner à
Libourne afin de prendre possession des lieux. Lundi, le groupe a eu
une première séance au stade Jean-Antoine Moueix, avec un travail
d'aérobie et de récupération, accompagné de soins et de massages.
Mardi, la journée a été consacrée à de la mise en place tactique
et un travail athlétique individuel. Ce mercredi, le groupe
s'entraîne encore à Libourne pour une mise en place classique,
avant de rester au vert en Gironde.
Le
tout avec la plus grande « normalité » possible, au cœur de cet
événement qui reste quoi qu'il arrive exceptionnel. « Mettre en
place des choses différentes pour les joueurs, cela ajouterait une
charge émotionnelle. On fait une mise au vert comme on le fait à
l'extérieur, pour rester ensemble, profiter de ce moment entre nous
et se couper un peu de tout ce qu'il y a autour », complète
Alexandre Gasparotto.
3.
Lille, une Ligue 1 dans la tourmente
![]() |
Ce sont des lillois favoris mais en plein doute qui vont affronter Bergerac. Comme Lens au tour précédent... © Laurent Guine. |
Pour
ce match historique, cette première pour Bergerac en huitième de
finale de la compétition, c'est face à Lille qu'il va falloir se
mesurer. Une Ligue 1 aux résultats chaotiques. Un club capable du
meilleur, avec une génération dorée, dirigée par Rudi Garcia
(coach de 2008 à 2013) et qui réalise le doublé coupe de
France-championnat de France en 2011.
Le
club se stabilise ensuite dans le haut de tableau sur la scène
nationale, mais échoue lors de ses campagnes européennes. Lors des
saisons 2011-2012 et 2012-2013, Lille fini à chaque fois dernier de son
groupe en Ligue des Champions. Lors de la campagne 2014-2015, le club
est cette fois reversé en Europa League mais ne sort pas non plus
des poules. Cette saison, Lille a été éliminé dès le 3e tour
préliminaire d'Europa League par Qabala...
En
championnat, cela ne va pas mieux. Frédéric Antonetti, arrivé en
novembre 2015 pour remplacer Hervé Renard, a été limogé, le LOSC
étant avant-dernier après treize journées. C'est son adjoint
Patrick Collot qui est devenu entraîneur par intérim. Mais les
trois défaites consécutives en février ont été de trop, et
Franck Passi a été nommé entraîneur le 14 février.
Le
nouveau coach, pour l'anecdote né à Bergerac, a pour mission
d'assurer le maintien. Mission compliquée, comme l'a montré la
défaite le weekend dernier à domicile contre Bordeaux, 2-3, avec
deux buts encaissés en fin de match et deux expulsions (Julian
Palmiéri et Rio Mavuba). Le rachat du club par Gérard Lopez,
officialisé en janvier, rajoute au flou actuel. Les deux derniers
jours du mercato, quatre joueurs ont quitté le club, et six sont
arrivés.
Dans
quel état d'esprit le LOSC peut-il aborder ce huitième de finale.
La priorité absolue reste le championnat, avec une actuelle
quinzième place au bout de vingt-sept journées, et seulement deux
points d'avance sur Dijon, barragiste. Mais la coupe de France
pourrait aussi servir de bouffée d'oxygène, alors que le LOSC a
éliminé l'AS Excelsior puis difficilement le FC Nantes (1-0 sur un
penalty de Corchia à dix minutes de la fin).
Un
LOSC qui va arriver probablement méfiant. L'an passé, les nordistes
s'étaient fait éliminer en 16e de finale par l'autre club
périgordin de CFA, Trélissac, aux tirs au but. Autre mésaventure
lilloise dans cette zone du sud ouest, la coupe de France 2001-2002.
Cette année-là, c'est dans ce même stade Jean-Antoine Moueix que
Lille avait chuté face au club résident, Libourne Saint Seurin, alors
en CFA (2-0).
4.
Se préparer pour la performance
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Buteur en 16e de finale, Bouscarrat a participé aux sept tours passés par le BPFC. Il en a profité pour inscrire huit buts. © Laurent Guine. |
A
Bergerac, ce huitième de finale, historique pour le club et pour le
département, se prépare dans une atmosphère particulière, à la
fois plus apaisée et plus euphorique également. D'un point de vue
extérieur, l'emballement au sein du club, du public périgordin, des
proches des joueurs, des médias locaux, régionaux et nationaux rend
ce match forcément unique.
Mais
d'un point de vue interne, à l'image de ce qui avait été mis en
place contre Lens, c'est avec le plus de calme et de sérénité
possible que le staff, et par ricochets le groupe, aborde la
rencontre. La victoire du weekend dernier en match avancé du
championnat contre Mantes aide bien. « Cela nous apporte de la
sérénité. On peut penser au gros morceau qui se présente avec
cette coupe, en se disant que l'on se sent mieux en ayant retrouvé
le goût de la victoire en championnat », détaille Fabien Pujo.
Ce
gros morceau qu'est le LOSC, le coach bergeracois et son staff l'ont
préparé avec toujours la même minutie, le soucis du détail,
l'analyse de chaque point négatif de l'adversaire venant nourrir le
discours positif que le coach transmet à ses joueurs. Même si,
contrairement au RC Lens, Lille arrive dans une dynamique pour le
moins tumultueuse...
«
Ils ont eu trois entraîneurs différents, le dernier est arrivé il
y a deux semaines, sept joueurs ont signé au mercato, on a moins de
lisibilité. Même si le 4-2-3-1 de Franck Passi se dégage, avec une
envie d'aller chercher haut l'adversaire et une faculté à bien
combiner dans l'axe », analyse Fabien Pujo. Qui ne peut s'empêcher
de pointer du doigt « l'instabilité dans laquelle se trouve les
lillois ».
Ici,
pas de discours technique ou tactique. C'est sur le mental et
l'approche psychologique de la rencontre que le technicien
bergeracois se concentre. « Ils peuvent être bien à un moment, et
moins à d'autres. Ce qui se passe sur leur saison peut se passer sur
un seul match aussi. Notre durée de vie commune et notre force
collective doivent l'emporter », affirme-t-il.
Un
discours qui n'est pas un excès d'orgueil, mais se veut résolument
positif. Le moment que vivent les bergeracois est unique. Comme ses
joueurs, le coach veut en profiter, et transmettre cette confiance
qu'il a envers son groupe. « La qualité individuelle des lillois
peut leur suffire pour passer. Mais ils ont autour une instabilité que
l'on n'a pas. Dautant plus que l'on n'a rien à perdre, on est déjà
content d'être là, donc sur la durée du match, tout devient
possible, je crois en ce groupe », conclut Fabien Pujo.
Bergerac (CFA) – Lille
(L1)
Stade Jean-Antoine Moueix
de Libourne, coup d’envoi ce jeudi à 21h00.
Arbitres : Olivier Thual, assisté
de Cyril Saint Cricq Lompre et Matthieu Lombard.
Le
groupe :
Bangré,
Bertho, Bouscarrat,
Chevalier,
Covin, Delclos,
Dia,
Dolivet, Dufeal, Fuchs,
Gérard, Jamaï, M.
Kamissoko
(cap.), Lacrampe, Loustallot, Mayenga,
Pinto,
Zidane.
Blessés
: Didion,
Jamin, Mohamed
Repos
:
Choury,
El
Kihel, Gaillard
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