Très remuant sur le front de l'attaque, Benoît Bisson a inscrit le premier but de Bergerac face à Niort d'une frappe en lucarne. © Archives Sylvain Desgroppes. |
L'affiche
était belle, le contexte était connu de tous. En 32e de finale de
coupe de France, face à Niort, un club du haut de tableau de Ligue
2, Bergerac n'avait rien à perdre. Le seul ''risque'' était de
réaliser un exploit. À condition de réunir tous les ingrédients,
l'envie, la détermination, une concentration et une implication de
tous les instants, une grande efficacité offensive. Les bergeracois
l'ont fait, et signent mieux qu'un exploit : ils s'imposent en toute
logique.
Dès
les premières minutes, le BPFC est dans son match. Les premiers
duels sont gagnés, la défense est bien en place et joue sans
fioriture, le jeu est épuré, simple, propre, efficace, avec un
schéma tactique surprenant concocté par Nicolas le Bellec. Les
niortais entrent plus timidement dans leur rencontre, eux qui sont
cinquièmes de L2, à égalité avec le troisième Lens. Les débats
sont équilibrés, les solutions tactiques mises en place par le
technicien bergeracois sont bien appliquées.
La
surprise du chef
L'une
des clés de cette rencontre était de remédier à l'absence de
Sarr, le buteur du BPFC, titulaire à la pointe de l'attaque
habituellement, auteur de quatre des douze buts de son équipe en
championnat de N2, mais aussi et surtout joueur fétiche de la coupe
avec six buts inscrits en cinq tours disputés. Pour le remplacer
numériquement, le choix s'est porté sur Ringayen, le latéral
droit. Arrivé en octobre mais blessé début novembre, il ne
comptait qu'une entrée en jeu contre Trélissac depuis.
Cela
aura impliqué de multiples changements de postes au sein de l'équipe
habituelle, le tout en conservant le 4-2-3-1 faisant la réussite de
Bergerac sur le mois de décembre, avec une série de trois victoires
(à Vertou, au Stade Montois, contre Bergerac). Au coup d'envoi, cinq
joueurs seulement évoluaient à la position qu'ils occupaient avant
la trêve, alors que sur cette séquence de trois matches, Nicolas Le
Bellec avait privilégié la stabilité sans toucher à son onze de
départ.
À
l'entrée dans le onze titulaire de Ringayen se rajoutent donc les
déplacements de quatre autres joueurs. Gnaleko, défenseur central
dépannant à droite depuis trois matches, est monté d'un cran en
milieu défensif. Belbachir est passé meneur de jeu en soutien de
l'attaquant. Gomez a décalé dans le couloir droit, et c'est donc
l'ailier droit Bisson qui a glissé à la pointe du 4-2-3-1. Le tout
pour répondre à un schéma de jeu bien ciblé.
«
L'idée était de vite jouer de l'avant à la récupération, face à
une équipe qui évoluait avec un bloc très haut. On avait bien
bossé ce système et on a su l'appliquer », confie Jamaï. Un plan
de jeu identifiable dès les premières possessions de balle
bergeracoises en début de match, où jouer vite de l'avant n'est pas
synonyme de longs ballons lancés au hasard. Jamais les niortais
n'auront su trouver les solutions pour le contrer.
Ange Gnaleko a été repositionné milieu défensif pour coller à un projet de jeu bien précis face à Niort. © Archives Sylvain Desgroppes. |
Le
schéma est clair : mettre de la vitesse en cherchant un appui dans
l'axe, une remise ou une déviation avec la volonté de jouer au sol, pour un ballon dans la profondeur dans le dos de la
défense. Un schéma qui a amené les deux buts du BPFC, sur des
passes de Badin. Plusieurs triangles se mettent en évidence. Bisson
ou Belbachir peuvent décrocher à gauche pour remiser sur Chevalier
qui lance Badin le long de la ligne dans le dos du latéral Dacosta.
Bisson
peut aussi décrocher seul pour trouver un appui sur un milieu
défensif ou sur Badin, qui vont chercher un ballon dans l'intervalle
pour Belbachir ou dans la diagonale opposée pour Gomez. Enfin,
Belbachir peut venir en soutien et s'appuyer sur un milieu pour
favoriser la vitesse de course de Bisson, toujours en mouvement dans
le dos de la charnière centrale. Si tout est reproduit aussi
efficacement, c'est aussi parce que ces combinaisons à trois ont été
répétées.
«
On a repris dès le 29 décembre, et le lendemain, en amical contre
Aurillac, le coach a mis cette équipe de départ en place, il a ses
raisons. J'ai découvert mon poste à ce moment-là, et tant que je
joue et que je peux être utile au groupe... », glisse Gnaleko. «
Offensivement, on a vraiment appliqué ce que le coach nous avait
demandé en cherchant l'espace dans leur dos », estime Pierre
Laborde-Turon, le gardien bergeracois.
Un
système dans lequel les joueurs se seront épanouis, à l'image de
Belbachir, auteur du deuxième but : « On avait fini un peu comme ça
contre Trélissac, à dix contre onze. Je devais travailler avec le
bloc, récupérer, être disponible en remise avec les milieux de
terrain, mais aussi me projeter, mettre de la vitesse et exploiter la
profondeur ». Comme ses coéquipiers, il aura vite trouvé ses
repères et exploité ses qualités dans ce système.
Un
match maîtrisé
Pour
autant, si les premiers ballons chauds du match sont devant le but
d'Allagbe, ce sont les niortais qui vont ouvrir le score peu avant le
quart d'heure de jeu d'un froid réalisme, laissant penser que
l'exploit sera bien compliqué à réaliser. Le buteur Dona Ndoh est
trouvé dos au jeu, il remise pour son ailier droit Vion, qui percute
et profite du décalage au sein de la défense pour adresser un
ballon piqué à son meneur de jeu lancé dans l'intervalle plein
axe.
Ce
dernier évite Ringayen, qui a coulissé depuis son couloir opposé
pour fermer l'espace mais glisse au moment de son intervention, et
ajuste Laborde-Turon (0-1, 14e). Niort a marqué sur sa première
attaque. Mais le scénario qui s'écrit est rêvé. Deux minutes
après l'ouverture du score, Badin élimine son adversaire au cœur
du jeu, et voit l'appel de Bisson. Celui-ci file au but et ouvre son
pied pour trouver la lucarne opposée d'Allagbe, impuissant. Bergerac
est déjà revenu au score (1-1, 16e).
Autour
de Dona Ndoh, qui pose problème par son jeu de corps dos au but,
Niort tente de réagir. Sur une déviation de la tête de son
attaquant, Leautey frappe à l'entrée de la surface. Le portier
bergeracois repousse sur Grich, qui marque mais est signalé hors-jeu
(20e). Nouvelle occasion sur un centre de Lapis, qui s'est échappé
couloir gauche. Sa passe à raz de terre au premier poteau est mal
dégagée par Jamaï, surpris par un faux rebond, mais Dona Ndoh ne
peut reprendre (22e).
Clément Badin a été l'auteur des deux passes décisives pour Benoît Bisson puis Mehdi Belbachir. © Archives Sylvain Desgroppes. |
Bergerac
s'en remet alors à ce qui fonctionne depuis le début :
appui-remise-profondeur. Sur une touche pour le latéral gauche
Chevalier, Badin fait un premier appel puis repart sur ses pas. Dans
l'axe, Bisson vient demander le ballon. Il le dévie de la poitrine
pour Badin, qui se retrouve face au jeu, et voit l'appel plein axe de
Belbachir, qui profite d'un grand espace dans le dos de Bisson, qui a
ouvert la charnière centrale. Le bergeracois file au but et prend
Allagbe à contre-pied (2-1, 26e).
La
défense niortaise est apathique, trop lente, et loin d'être aidée
par un milieu de terrain qui manque d'activité et laisse trop de
trajectoires de passes possibles aux bergeracois. Sur un ballon
par-dessus, Belbachir est plus rapide que la défense centrale et le
gardien sorti à sa rencontre, mais sa tentative de lob n'est pas
cadrée (31e). Le dernier quart d'heure ressemble ensuite à de la
gestion d'une équipe locale voulant encore en garder sous le pied
après beaucoup d'efforts réalisés.
Suffisant,
surtout face aux faibles velléités des visiteurs. La défense du
BPFC n'est quasiment jamais mise à défaut. « On a mis quinze ou
vingt minutes à s'adapter aux profils de leurs attaquants, et
ensuite, on est arrivé à bien lire les courses et à anticiper les
transitions. Dona Ndoh se déplaçait bien dos au but mais on a
resserré le bloc pour être plus présent sur les deuxièmes ballons
», analyse Abdel Jamaï, repositionné en défense centrale depuis
plusieurs matches.
La
deuxième période l'aura montré, la maîtrise des événements est
locale. Niort veut mettre plus d'intensité au retour des vestiaires,
mais sur un surnombre, Leautey, décalé à gauche de la surface,
voit sa frappe contrée par un tacle de Flegeau (46e). Une étincelle
avant de voir le rythme retomber. Bergerac ne propose plus rien ou
presque offensivement, mais Niort, qui tient le ballon, joue sans
inventivité et avec trop peu de maîtrise technique.
La
fin du match approche, les occasions les plus franches sont sur des
contres pour Bergerac. Suite à une frappe contrée de Badin,
Belbachir est le plus prompt à réagir au point de penalty mais il
est repris au dernier moment par Paro (68e). Badin, lancé par
Gnaleko, voit sa demi-volée captée par Allagbe (71e). Bisson est
trop court pour reprendre un centre de Badin qui s'était échappé
couloir droit (85e). Et la tête de Badin servi par Gomez sur un
coup-franc passe au-dessus (90e+1).
L'exclusion
de Conte pour deux avertissements (76e) n'aura été qu'une péripétie
de plus pour des niortais impuissants. Pour la première fois de la
saison, Bergerac a su renverser un match et s'imposer après avoir
été mené. Surtout, la qualification du BPFC pour les 16e de finale
est logique. « On a livré un vrai match de coupe, on a été mené
face à une L2, et la réponse que l'on a proposée est très forte,
c'est mérité », conclut le capitaine bergeracois Damien Fachan.
Nicolas Le Bellec : « Dès que Pape Sarr s'est fait expulser contre Trélissac, le soir même, dans ma tête, j'étais déjà à la coupe. Il fallait mettre de la vitesse pour gêner cette équipe de Niort, Benoît Bisson a cette capacité pour trouver les bons appels et apporter de la profondeur au jeu. Au milieu, Ange Gnaleko met de l'impact et il fait jouer l'équipe vers l'avant. Et en décalant Diego Gomez à droite, même si ce poste lui plaît moins, cela permettait de positionner Mehdi Belbachir dans l'axe sous l'attaquant, pour qu'il apporte aussi de la vitesse. J'avais déjà dû faire trois 32e de finale comme entraîneur, et j'en étais sorti à chaque fois avec des regrets, en respectant trop l'adversaire. Quand on ne calcule pas comme aujourd'hui, on peut faire de grandes choses. C'est une grosse satisfaction, c'est le travail de six mois qui porte ses fruits, avec des principes forts qu'il a été difficile de faire accepter, mais qui commencent à rentrer ».
Bergerac – Niort
Mi-temps
: 2-1
Score
final : 2-1
Buteurs
: Bisson (16e), Belbachir (26e) pour Bergerac. Grich (14e) pour
Niort.
Avertissements
: Fachan (27e), Chevalier (29e) pour Bergerac. Conte (53e, 76e), Vion
(89e), Dacosta (90e+1) pour Niort.
Expulsions
: Conte (76e), Faure (entraîneur, 76e) pour Niort.
Bergerac
: Laborde-Turon – Ringayen, Jamaï, Flégeau, Chevalier –
Gnaleko, Fachan (cap.) – Gomez, Belbachir (Baradji, 84e), Badin –
Bisson. Entraîneurs : Nicolas Le Bellec, assisté de Julien
Gauducheau. Remplaçants :
Bouscarrat, Ducros, Loustallot, Pinto, Sène, Zidane.
Niort
: Allagbe – Dacosta, Paro, Conte, Lapis – Konaté (Dabasse, 82e),
Louiserre – Vion, Grich (Djigla, 71e), Leautey (Jacob, 57e) –
Dona Ndoh (cap.). Entraîneur : Jean-Philippe Faure. Remplaçants :
Ameka, Gueye, Pauchet, Sans.
Les meilleurs buteurs et passeurs bergeracois toutes compétitions confondues
Buteurs | Buts | Matchs | Buts/matchs | Passeurs | Passes | Matchs | Passes/matchs | |||
Sarr | 10 | 20 | 0,50 | Badin | 5 | 20 | 0,25 | |||
Chevalier | 6 | 20 | 0,30 | Bisson | 4 | 19 | 0,21 | |||
Gomez | 4 | 17 | 0,24 | Chevalier | 4 | 20 | 0,20 | |||
Bisson | 4 | 19 | 0,21 | Ducros | 3 | 16 | 0,19 | |||
Badin | 3 | 20 | 0,15 | Pinto | 2 | 14 | 0,14 | |||
Fachan | 2 | 11 | 0,18 | Belbachir | 2 | 18 | 0,11 | |||
Diarra | 1 | 2 | 0,50 | Bouscarrat | 1 | 10 | 0,10 | |||
Bouscarrat | 1 | 10 | 0,10 | Gomez | 1 | 17 | 0,06 | |||
Belbachir | 1 | 18 | 0,06 | Gnaleko | 1 | 20 | 0,05 | |||
Sarr | 1 | 20 | 0,05 | |||||||
Jamaï | 1 | 21 | 0,05 | |||||||
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