lundi 7 janvier 2019

Le match parfait

Pour la deuxième fois de son histoire, le BPFC atteint les seizièmes de finale de la coupe de France, à l'issue d'une performance de taille face à Niort.

Très remuant sur le front de l'attaque, Benoît Bisson a inscrit
le premier but de Bergerac face à Niort d'une frappe en lucarne.
© Archives Sylvain Desgroppes.
L'affiche était belle, le contexte était connu de tous. En 32e de finale de coupe de France, face à Niort, un club du haut de tableau de Ligue 2, Bergerac n'avait rien à perdre. Le seul ''risque'' était de réaliser un exploit. À condition de réunir tous les ingrédients, l'envie, la détermination, une concentration et une implication de tous les instants, une grande efficacité offensive. Les bergeracois l'ont fait, et signent mieux qu'un exploit : ils s'imposent en toute logique.
Dès les premières minutes, le BPFC est dans son match. Les premiers duels sont gagnés, la défense est bien en place et joue sans fioriture, le jeu est épuré, simple, propre, efficace, avec un schéma tactique surprenant concocté par Nicolas le Bellec. Les niortais entrent plus timidement dans leur rencontre, eux qui sont cinquièmes de L2, à égalité avec le troisième Lens. Les débats sont équilibrés, les solutions tactiques mises en place par le technicien bergeracois sont bien appliquées.

La surprise du chef
L'une des clés de cette rencontre était de remédier à l'absence de Sarr, le buteur du BPFC, titulaire à la pointe de l'attaque habituellement, auteur de quatre des douze buts de son équipe en championnat de N2, mais aussi et surtout joueur fétiche de la coupe avec six buts inscrits en cinq tours disputés. Pour le remplacer numériquement, le choix s'est porté sur Ringayen, le latéral droit. Arrivé en octobre mais blessé début novembre, il ne comptait qu'une entrée en jeu contre Trélissac depuis.
Cela aura impliqué de multiples changements de postes au sein de l'équipe habituelle, le tout en conservant le 4-2-3-1 faisant la réussite de Bergerac sur le mois de décembre, avec une série de trois victoires (à Vertou, au Stade Montois, contre Bergerac). Au coup d'envoi, cinq joueurs seulement évoluaient à la position qu'ils occupaient avant la trêve, alors que sur cette séquence de trois matches, Nicolas Le Bellec avait privilégié la stabilité sans toucher à son onze de départ.
À l'entrée dans le onze titulaire de Ringayen se rajoutent donc les déplacements de quatre autres joueurs. Gnaleko, défenseur central dépannant à droite depuis trois matches, est monté d'un cran en milieu défensif. Belbachir est passé meneur de jeu en soutien de l'attaquant. Gomez a décalé dans le couloir droit, et c'est donc l'ailier droit Bisson qui a glissé à la pointe du 4-2-3-1. Le tout pour répondre à un schéma de jeu bien ciblé.
« L'idée était de vite jouer de l'avant à la récupération, face à une équipe qui évoluait avec un bloc très haut. On avait bien bossé ce système et on a su l'appliquer », confie Jamaï. Un plan de jeu identifiable dès les premières possessions de balle bergeracoises en début de match, où jouer vite de l'avant n'est pas synonyme de longs ballons lancés au hasard. Jamais les niortais n'auront su trouver les solutions pour le contrer.
Ange Gnaleko a été repositionné milieu défensif
pour coller à un projet de jeu bien précis face à Niort.
© Archives Sylvain Desgroppes.
Le schéma est clair : mettre de la vitesse en cherchant un appui dans l'axe, une remise ou une déviation avec la volonté de jouer au sol, pour un ballon dans la profondeur dans le dos de la défense. Un schéma qui a amené les deux buts du BPFC, sur des passes de Badin. Plusieurs triangles se mettent en évidence. Bisson ou Belbachir peuvent décrocher à gauche pour remiser sur Chevalier qui lance Badin le long de la ligne dans le dos du latéral Dacosta.
Bisson peut aussi décrocher seul pour trouver un appui sur un milieu défensif ou sur Badin, qui vont chercher un ballon dans l'intervalle pour Belbachir ou dans la diagonale opposée pour Gomez. Enfin, Belbachir peut venir en soutien et s'appuyer sur un milieu pour favoriser la vitesse de course de Bisson, toujours en mouvement dans le dos de la charnière centrale. Si tout est reproduit aussi efficacement, c'est aussi parce que ces combinaisons à trois ont été répétées.
« On a repris dès le 29 décembre, et le lendemain, en amical contre Aurillac, le coach a mis cette équipe de départ en place, il a ses raisons. J'ai découvert mon poste à ce moment-là, et tant que je joue et que je peux être utile au groupe... », glisse Gnaleko. « Offensivement, on a vraiment appliqué ce que le coach nous avait demandé en cherchant l'espace dans leur dos », estime Pierre Laborde-Turon, le gardien bergeracois.
Un système dans lequel les joueurs se seront épanouis, à l'image de Belbachir, auteur du deuxième but : « On avait fini un peu comme ça contre Trélissac, à dix contre onze. Je devais travailler avec le bloc, récupérer, être disponible en remise avec les milieux de terrain, mais aussi me projeter, mettre de la vitesse et exploiter la profondeur ». Comme ses coéquipiers, il aura vite trouvé ses repères et exploité ses qualités dans ce système.

Un match maîtrisé
Pour autant, si les premiers ballons chauds du match sont devant le but d'Allagbe, ce sont les niortais qui vont ouvrir le score peu avant le quart d'heure de jeu d'un froid réalisme, laissant penser que l'exploit sera bien compliqué à réaliser. Le buteur Dona Ndoh est trouvé dos au jeu, il remise pour son ailier droit Vion, qui percute et profite du décalage au sein de la défense pour adresser un ballon piqué à son meneur de jeu lancé dans l'intervalle plein axe.
Ce dernier évite Ringayen, qui a coulissé depuis son couloir opposé pour fermer l'espace mais glisse au moment de son intervention, et ajuste Laborde-Turon (0-1, 14e). Niort a marqué sur sa première attaque. Mais le scénario qui s'écrit est rêvé. Deux minutes après l'ouverture du score, Badin élimine son adversaire au cœur du jeu, et voit l'appel de Bisson. Celui-ci file au but et ouvre son pied pour trouver la lucarne opposée d'Allagbe, impuissant. Bergerac est déjà revenu au score (1-1, 16e).
Autour de Dona Ndoh, qui pose problème par son jeu de corps dos au but, Niort tente de réagir. Sur une déviation de la tête de son attaquant, Leautey frappe à l'entrée de la surface. Le portier bergeracois repousse sur Grich, qui marque mais est signalé hors-jeu (20e). Nouvelle occasion sur un centre de Lapis, qui s'est échappé couloir gauche. Sa passe à raz de terre au premier poteau est mal dégagée par Jamaï, surpris par un faux rebond, mais Dona Ndoh ne peut reprendre (22e).
Clément Badin a été l'auteur des deux passes décisives
pour Benoît Bisson puis Mehdi Belbachir.
© Archives Sylvain Desgroppes.
Bergerac s'en remet alors à ce qui fonctionne depuis le début : appui-remise-profondeur. Sur une touche pour le latéral gauche Chevalier, Badin fait un premier appel puis repart sur ses pas. Dans l'axe, Bisson vient demander le ballon. Il le dévie de la poitrine pour Badin, qui se retrouve face au jeu, et voit l'appel plein axe de Belbachir, qui profite d'un grand espace dans le dos de Bisson, qui a ouvert la charnière centrale. Le bergeracois file au but et prend Allagbe à contre-pied (2-1, 26e).
La défense niortaise est apathique, trop lente, et loin d'être aidée par un milieu de terrain qui manque d'activité et laisse trop de trajectoires de passes possibles aux bergeracois. Sur un ballon par-dessus, Belbachir est plus rapide que la défense centrale et le gardien sorti à sa rencontre, mais sa tentative de lob n'est pas cadrée (31e). Le dernier quart d'heure ressemble ensuite à de la gestion d'une équipe locale voulant encore en garder sous le pied après beaucoup d'efforts réalisés.
Suffisant, surtout face aux faibles velléités des visiteurs. La défense du BPFC n'est quasiment jamais mise à défaut. « On a mis quinze ou vingt minutes à s'adapter aux profils de leurs attaquants, et ensuite, on est arrivé à bien lire les courses et à anticiper les transitions. Dona Ndoh se déplaçait bien dos au but mais on a resserré le bloc pour être plus présent sur les deuxièmes ballons », analyse Abdel Jamaï, repositionné en défense centrale depuis plusieurs matches.
La deuxième période l'aura montré, la maîtrise des événements est locale. Niort veut mettre plus d'intensité au retour des vestiaires, mais sur un surnombre, Leautey, décalé à gauche de la surface, voit sa frappe contrée par un tacle de Flegeau (46e). Une étincelle avant de voir le rythme retomber. Bergerac ne propose plus rien ou presque offensivement, mais Niort, qui tient le ballon, joue sans inventivité et avec trop peu de maîtrise technique.
La fin du match approche, les occasions les plus franches sont sur des contres pour Bergerac. Suite à une frappe contrée de Badin, Belbachir est le plus prompt à réagir au point de penalty mais il est repris au dernier moment par Paro (68e). Badin, lancé par Gnaleko, voit sa demi-volée captée par Allagbe (71e). Bisson est trop court pour reprendre un centre de Badin qui s'était échappé couloir droit (85e). Et la tête de Badin servi par Gomez sur un coup-franc passe au-dessus (90e+1).
L'exclusion de Conte pour deux avertissements (76e) n'aura été qu'une péripétie de plus pour des niortais impuissants. Pour la première fois de la saison, Bergerac a su renverser un match et s'imposer après avoir été mené. Surtout, la qualification du BPFC pour les 16e de finale est logique. « On a livré un vrai match de coupe, on a été mené face à une L2, et la réponse que l'on a proposée est très forte, c'est mérité », conclut le capitaine bergeracois Damien Fachan.
Nicolas Le Bellec : « Dès que Pape Sarr s'est fait expulser contre Trélissac, le soir même, dans ma tête, j'étais déjà à la coupe. Il fallait mettre de la vitesse pour gêner cette équipe de Niort, Benoît Bisson a cette capacité pour trouver les bons appels et apporter de la profondeur au jeu. Au milieu, Ange Gnaleko met de l'impact et il fait jouer l'équipe vers l'avant. Et en décalant Diego Gomez à droite, même si ce poste lui plaît moins, cela permettait de positionner Mehdi Belbachir dans l'axe sous l'attaquant, pour qu'il apporte aussi de la vitesse. J'avais déjà dû faire trois 32e de finale comme entraîneur, et j'en étais sorti à chaque fois avec des regrets, en respectant trop l'adversaire. Quand on ne calcule pas comme aujourd'hui, on peut faire de grandes choses. C'est une grosse satisfaction, c'est le travail de six mois qui porte ses fruits, avec des principes forts qu'il a été difficile de faire accepter, mais qui commencent à rentrer ».

Bergerac – Niort

Mi-temps : 2-1
Score final : 2-1

Buteurs : Bisson (16e), Belbachir (26e) pour Bergerac. Grich (14e) pour Niort.

Avertissements : Fachan (27e), Chevalier (29e) pour Bergerac. Conte (53e, 76e), Vion (89e), Dacosta (90e+1) pour Niort.
Expulsions : Conte (76e), Faure (entraîneur, 76e) pour Niort.

Bergerac : Laborde-Turon – Ringayen, Jamaï, Flégeau, Chevalier – Gnaleko, Fachan (cap.) – Gomez, Belbachir (Baradji, 84e), Badin – Bisson. Entraîneurs : Nicolas Le Bellec, assisté de Julien Gauducheau. Remplaçants : Bouscarrat, Ducros, Loustallot, Pinto, Sène, Zidane.

Niort : Allagbe – Dacosta, Paro, Conte, Lapis – Konaté (Dabasse, 82e), Louiserre – Vion, Grich (Djigla, 71e), Leautey (Jacob, 57e) – Dona Ndoh (cap.). Entraîneur : Jean-Philippe Faure. Remplaçants : Ameka, Gueye, Pauchet, Sans.

Les meilleurs buteurs et passeurs bergeracois toutes compétitions confondues












Buteurs Buts Matchs Buts/matchs
Passeurs Passes Matchs Passes/matchs

Sarr 10 20 0,50
Badin 5 20 0,25

Chevalier 6 20 0,30
Bisson 4 19 0,21

Gomez 4 17 0,24
Chevalier 4 20 0,20

Bisson 4 19 0,21
Ducros 3 16 0,19

Badin 3 20 0,15
Pinto 2 14 0,14

Fachan 2 11 0,18
Belbachir 2 18 0,11

Diarra 1 2 0,50
Bouscarrat 1 10 0,10

Bouscarrat 1 10 0,10
Gomez 1 17 0,06

Belbachir 1 18 0,06
Gnaleko 1 20 0,05






Sarr 1 20 0,05






Jamaï 1 21 0,05











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