L'effectif qui a fait la montée l'an dernier en R3 est à l'ouvrage cette saison, à un niveau exigeant. © Droits réservés. |
Dans
un championnat de R3 très exigeant et à plusieurs vitesses en
raison de la réforme de l'été dernier mélangeant des clubs promus
de district avec des clubs de R4, mais aussi des clubs expérimentés
de R3 voire descendant de R2, Brantôme se retrouve, comme la plupart
des équipes provenant de D1, en difficulté. Les festivités du mois
de mai dernier, célébrant la remontée en régional, vingt et un an
après, sont loin...
S'extirper
du championnat du district était déjà une performance en soi, qui
n'était pas comprise dans la feuille de route initiale du club en
septembre 2017. « L'an dernier, monter n'était pas un objectif. Je
sentais que l'on avait un groupe pour le faire, mais il fallait que
les joueurs en aient conscience », commence le coach Franck
Puybonnieux. Sixième à la trêve, ce n'est qu'en janvier que son
équipe passe un cap.
«
Cela a pris du temps. On a beaucoup travaillé à la trêve, les
joueurs m'ont suivi. Et lors du match de reprise en janvier, on bat
la réserve de Boulazac, l'un des favoris, ce qui a créé une prise
de conscience au sein du groupe », continue le coach. Partant de
loin, Brantôme doit attendre l'avant-dernière journée pour enfin
valider son billet pour le régional, en finissant deuxième derrière
Montignac, et juste devant... Boulazac B.
Double
montée
Mais
la situation est particulière. En raison d'une réforme des
championnats en régional, le dernier niveau, la R4, disparaît. «
On regardait cela de loin au départ. Et quand on a su officiellement
que l'on montait, on a vu que la réalité de la réforme serait une
suppression de la R4, et donc une accession directe de district à
R3. C'est un grand saut », concède Franck Puybonnieux. C'est
presque face à une double montée que le CAB est confronté.
La
première mission de l'été a donc été de recruter, avec un
objectif clair : trouver un joueur par ligne, pour renforcer
l'effectif et former un groupe d'une vingtaine de joueurs. Avec le
recul aujourd'hui, la satisfaction n'est pas totale pour le coach : «
l'objectif du mercato a été atteint en quantité, mais raté quand
même pour moi et le président, on n'a pas fait ce que l'on aurait
souhaité ».
Après
le recrutement, il a ensuite fallu se pencher sur la préparation
estivale. Fort de son expérience avec Antonne en senior ou avec les
U17 régionaux de Trélissac par le passé, Franck Puybonnieux savait
que la préparation athlétique devrait être importante pour son
groupe : « Plus on monte, plus les impacts sont durs, plus le temps
de récupération est faible, et plus le temps de jeu effectif est
élevé ».
Si
physiquement, la préparation a donc été intense, mentalement, le
coach a aussi préparé son groupe, et lui a donné quelques repères.
Ainsi, les deux seuls matches amicaux programmés ont été face à
des équipes bien ciblées, les U18 de Trélissac, qui jouent en DH,
et Antonne, qui évolue en R2. « L'idée était d'entrer de suite
dans le vif du sujet, face à de jeunes équipes, pour voir le rythme
à mettre et être performant dès le départ », explique le
technicien.
Bien
défendre
Enfin,
pour aussi se rassurer, Franck Puybonnieux pouvait s'appuyer sur une
base solide de l'année dernière, la défense. En vingt-deux
journées, les périgordins n'ont encaissé que treize buts dans leur
championnat de D1. « En regardant de la R1 à la D4, on était la
troisième meilleure défense de toute l'Aquitaine. Même s'il faut
relativiser ce chiffre car on a conscience que l'on était en
district », lance le coach brantômais.
Bien
défendre, un concept, très travaillé, un ensemble englobant de
multiples aspects du jeu, un état d'esprit, une philosophie partagée
par le coach avec son groupe. « Mon objectif c'est de gagner 1-0,
quand certains entraîneurs préféreront gagner 4-3 », admet très
vite Franck Puybonnieux. Pour autant, son idée de défense ne
consiste pas à rester en un bloc bas solide, sans rien proposer en
termes de jeu.
Au
contraire. Le premier aspect qu'évoque le coach concerne justement
la possession. « La question est d'avoir le ballon, et surtout de
comprendre où avoir le ballon. Dans nos trente mètres, on ne doit
pas se mettre en danger, là j'admets que l'on saute des lignes.
Ensuite, il y a des zones où l'on peut jouer, dans le camp adverse,
là où la perte de balle n'est pas dangereuse », détaille-il.
Moins l'adversaire a le ballon, moins il sera capable de porter le
danger.
Autre
aspect de la défense, le travail de repositionnement à la perte du
ballon, le rôle de premiers défenseurs que doivent assimiler les
attaquants. « C'est une prise de conscience individuelle. La question à
se poser, c'est ''Qu'est-ce que je peux faire pour rendre service à
mon équipe'' », estime Franck Puybonnieux. « Enfin, sur le
bloc-équipe, l'idée est de s'adapter à ce que propose
l'adversaire, logique puisque c'est lui qui a le ballon »,
conclut-il.
Apprentissage
difficile
Malgré
tout, sportivement, le début de saison est raté. Brantôme a été
éliminé de la coupe de France dès le premier tour chez un club de
R3, a cédé au quatrième tour de la coupe de Nouvelle-Aquitaine
chez un club de district, et ne compte que deux points après six
journées de championnat, malgré quatre matches joués à domicile.
Le tout avec la pire attaque mais aussi la pire défense de la poule
F.
Le
premier problème est d'ordre physique. « Sur quatre matches à
domicile (deux nuls et deux revers, NDLR), on n'a jamais pris de buts
avant la 55e minute. C'est à l'heure de jeu que l'on coince. Tout se
joue plus vite, et même s'il y a du déchet, il y a beaucoup de jeu,
cela use », estime le brantômais. Physiquement, techniquement, face
à des équipes où il y a de moins en moins de faille au fur et à
mesure que le niveau monte, le CAB est un cran en dessous.
Tactiquement
aussi, il faut travailler, face à des effectifs plus expérimentés.
« On est en difficulté sur la transition. À la perte du ballon, on
n'a pas conscience que dans les cinq secondes qui suivent, on peut
être en danger. Par rapport au district, il faut réagir de suite »,
développe le coach. Les moyens d'action sont réduits pour ce
dernier : « Un entraîneur a peu de marge de manœuvre sur le
mental. Il faut une prise de conscience des joueurs ».
En
attendant peut-être un déclic, le championnat avance. Si seulement
six journées ont été disputées, la fin d'année 2018 va être
importante, avec quatre weekends de championnat. Dans une poule où
deux ou trois groupes d'équipes sont en train de se distinguer,
Brantôme va jouer le maintien. « On doute, mais on reste dans
l'action. On se fixe de petits objectifs, comme celui de gagner deux
des quatre matches à venir », annonce le coach.
«
Dans tous les domaines, ce sont plein de petites choses, qui, mises
bout à bout, font la différence. Même si on va continuer de
travailler, il y a forcément une perte de confiance. Mentalement, on
doit évoluer. La montée en régional, on l'a obtenu, donc si pour
l'instant on n'a pas le niveau, on mérite en tout cas d'y être et
on va tout faire pour le montrer », conclut Franck Puybonnieux.
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