![]() |
Le coach Frédéric Muller, à droite, participe avec un collectif de dirigeants à la reconstruction du club antonnais. © ASSAC. |
Le
football est un sport, un club de football est une aventure humaine.
Cet été, Antonne est monté sportivement d'une division, pour
atteindre le Régional 2, niveau historique. Mais cet été, Antonne
a aussi connu quelques bouleversements dans la structure de son club,
de son association, avec un changement de présidence. Après une
intersaison aussi mouvementée, place à la construction.
Le
départ du président Jean-Philippe Mestre, en poste depuis 2014,
n'était pas une surprise, puisqu'il l'avait annoncé dès l'hiver
précédant. Mais il aura fallu du temps pour s'organiser, une partie
du bureau (vice-président, trésorier) quittant aussi l'ASSAC. « On
a essayé de trouver des bonnes volontés et de se donner un cadre
pour avancer ensemble. Même si cela a été difficile, car on
n'était pas habitué, et pas prêt pour cela », glisse Frédéric
Muller.
Une
présidence partagée
Le
coach, arrivé à l'été 2017, a vécu de très près ces
changements, défendant une idée émergente et s'imposant
progressivement dans le club, faute de mieux aussi : une reprise
collégiale de la structure associative. Aujourd'hui, une quinzaine
de personnes participent aux réunions et apportent leurs visions et
leurs avis sur la vie du club.
«
Il y a des responsables par secteur, sur les équipements, la
buvette, les manifestations... Mais que ce soit dans les animations,
l'organisation, le sportif, on est tous impliqué, on réfléchit en
commun à ce qu'il y a à faire », détaille Gérard Gauthier. Ce
dernier, au club depuis le début des années 2010, et qui y a occupé
de multiples fonctions, en a pris la coprésidence.
Avec
lui, Vincent Gandolfo, joueur au Change au départ, puis joueur de
l'ASSAC après la fusion au début des années 2000, fusion dont il a
été à l'initiative, et qu'il a aussi coprésidée les premières
années. Pour ce dernier, tout s'est fait à l'instinct : « Il y
avait des personnes qui souhaitaient s'investir, des joueurs qui ont
souhaité adhérer à ce projet aussi », indique-t-il.
Aux
portes de Périgueux, mais inscrit dans une dimension rurale avant
tout, Antonne/Le Change est un club alors en sursis. Mais pour
certains des bénévoles, la mobilisation est obligatoire. « On a
pris la décision d'une forme collégiale. Il était hors de question
qu'on laisse tomber ce club soutenu par les mairies, qui possède son
école de football, qui apporte du lien à nos communes », estime
Gérard Gauthier.
Repartir
oui, mais avec quelles valeurs, quels moyens, quel projet, quelles
ambitions ? « Le projet est celui d'un club familial, fondé sur des
valeurs essentielles du sport. On a mis en place une structure où
les choses se font ensemble, dirigeants et joueurs », défend son
homologue. « Dans ces divisions, il y a certaines prétentions,
notamment économiques, auxquelles on ne peut répondre. On se base
sur des valeurs humaines », insiste-t-il.
Le
projet de ces dirigeants et bénévoles dévoués au club repose donc
sur un pari, osé dans la dynamique actuelle du football au niveau
régional, de partir avec le fonctionnement le plus simple possible,
structurellement et financièrement. « On part de zéro ou presque
», fait remarquer Gérard Gauthier. « On pose des jalons chaque
jour », ajoute Vincent Gandolfo.
Avec
des dirigeants étrangers aux fonctions administratives et à la
gestion économique d'un club, avec un projet construit sur des bases
totalement nouvelles, dans l'idée d'une remise à plat totale, le
pari semble fou. « On veut une structure de l'humilité, du club
familial, de la solidarité et du partage. On a déjà réussi à
mettre en place cette bonne ambiance dans la vie du club, c'est une
première victoire », termine Vincent Gandolfo.
Un
équilibre sportif
L'état
d'esprit donné à la gestion du club, Frédéric Muller a voulu
l'apporter aussi au niveau du sportif. Partie prenante de ce nouveau
projet, construit sur la base de la bonne volonté et de
l'investissement bénévole de chacun, il a travaillé en premier
lieu sur l'état d'esprit avec son groupe. « On retrouve finalement
une ambiance que je n'ai jamais connu dans un club, si ce n'est lors
de ma première saison à Boulazac, en R3 (2015-2016, NDLR) », pense
le coach.
Celui-ci
a vu ses effectifs seniors largement évoluer suite aux réajustements
de l'été. C'est avec un groupe remanié mais totalement en accord
et associé au projet antonnais qu'il est reparti. Quatorze joueurs
sont arrivés, en majorité des jeunes. Comme ses dirigeants l'ont
fait, c'est à la cohésion et à la vie de groupe qu'il a fallu
penser en premier.
«
J'ai créé un groupe, qui vit bien humainement c'est évident. Mais
pour arriver à ça, on a notamment choisi une large rotation avec
trente joueurs pendant la préparation estivale, et cela a coûté
sur la cohésion des équipes sur le plan tactique et sur l'envie »,
juge Frédéric Muller. Un objectif a été atteint, l'autre un peu
moins. Centré sur la vie du club et les valeurs humaines, le coach a
laissé un temps de côté le pur esprit de compétition.
C'est
à l'équilibre entre ces deux aspects qu'il faut maintenant
travailler. Pour cela, les ressources ne manquent pas. Autour de
Frédéric Muller, le staff senior compte un entraîneur adjoint pour
l'équipe fanion, Jean-Claude Brugère, le jeune Yoann Mortain pour
diriger la réserve en D2, et un bénévole proposant de l'analyse
vidéo des matches, son métier de formation. De quoi aller de
l'avant, et trouver les bonnes solutions.
«
On a un groupe de travail intéressant, on est très soudé.
Concernant la vie du groupe, il faut arriver à intégrer les jeunes
au projet des anciens, et faire en sorte que les anciens passent
progressivement le relais aux jeunes », développe le technicien.
Une méthode dont le but est de donner à chacun une raison de
s'investir dan le projet. Ce qui porte ses fruits en termes de
cohésion, mais qui a retardé la préparation à la compétition.
Les
résultats s'en ressentent pour ce qui est de l'équipe fanion,
promue en R2, elle qui était encore en R4 en 2015-2016. Les hommes
de Frédéric Muller ont perdu leurs deux premiers matches de
championnat... « Ce sera une saison compliquée. Je le savais,
beaucoup découvrant ce niveau R2 très exigeant », juge le coach.
Il va falloir progresser, et lutter pour aller chercher le maintien à
cet échelon.
Ce
qui pourrait supposer aussi quelques évolutions dans la philosophie
de Frédéric Muller, habituellement centré sur la qualité de jeu
de son équipe, l'animation offensive, la possession de balle, autour
de son système en 3-5-2. « On va s'en sortir en mettant le bleu de
chauffe. À ce niveau, il faut être plus rapide à la perte du
ballon, être plus combattant, durs dans les duels. On va revenir à
des fondamentaux, pour défendre les couleurs du club », conclut-il.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire