Le portrait de la semaine

Florian Dupuy n'imagine pas son avenir sportif en dehors de Mareuil. Un club qu'il aime autant que son sport le passionne.

Florian Dupuy fait figure de cadre
au sein de l'effectif mareuillais.
© Joël Beaudou.

« C'est un sacré joueur, je ne peux pas me passer de lui ». Les mots sont de Christophe Eustache, coach de Mareuil en R4, et s'adressent à l'un de ses joueurs cadres, Florian Dupuy. Ils témoignent de l'importance du rôle du jeune mareuillais de vingt-deux ans au sein du collectif périgordin. Fidèle à ses couleurs depuis l'âge de six ans, ses qualités footballistiques et ses valeurs en ont fait un élément essentiel du groupe.

Il faut dire que l'histoire entre le FC Pays de Mareuil et Florian Dupuy est longue. Elle fait partie de ses belles aventures humaines qu'offre le football, quel que soit le niveau auquel on le pratique. Le jeune joueur originaire de Vieux-Mareuil a débuté à six ans dans l'entente Mareuil-La Tour Blanche. Il passe dix ans à l'école de football, avant d'intégrer dès qu'il le peut les seniors, lors de la saison 2011-2012.

Fidèle au maillot

De ces années reste en particulier une rencontre : celle d'Étienne Desviel, son coach à partir des U9 et dans toutes les catégories de jeunes qui ont suivi. Un éducateur très présent, toujours au club aujourd'hui, et qui à l'époque suit aussi la section football du collège. « J'y ai été de la cinquième à la troisième, on avait quatre heures par semaine, et cela m'a beaucoup apporté. Cela a permis à beaucoup de joueurs de vraiment progresser », juge Florian Dupuy.

Si techniquement, ces jeunes peuvent travailler et gagner en maîtrise, l'utilité de ces classes foot et le travail au quotidien d'Étienne Desviel dépassent ce simple cadre : « C'était une continuité, on restait sur les mêmes bases au collège et avec le club. Mais ce que cela nous a donné, ce sont surtout des valeurs communes, un état d'esprit partagé, celui de se battre pour l'autre », continue le joueur.

Fort de cette expérience, il fait vite ses premiers pas en seniors. La volonté est commune. Elle émane du coach tout d'abord : « Dès mon arrivée, il était en U18 et j'ai vite repéré son potentiel », lance Christophe Eustache. Le joueur veut lui aussi passer ce cap : « Le coach venait d'arriver avec des objectifs de montée, plusieurs jeunes du club revenaient, et il voulait m'intégrer à son projet ».

Les montées s'enchaînent, pour une équipe de joueurs locaux, de copains, avec une identité forte et des valeurs partagées. « On a vécu de belles choses ces dernières années, avec parfois des matchs difficiles que l'on arrivait à surmonter par notre force collective », se rappelle Florian Dupuy, qui ne peut s'empêcher cependant d'évoquer « le regret de cette finale de coupe de Dordogne perdue en 2015 alors que l'on menait 2-0 »...

Depuis, Mareuil a continué son aventure, pour arriver en Régional 4 la saison dernière. Pour une première, le club fait fort, et termine quatrième. Cette saison est cependant plus difficile à négocier. « On a perdu beaucoup de joueurs sur blessure en début de saison, en sachant que notre effectif est limité en quantité. On revient petit à petit, et si on se remobilise tous et que l'on retrouve cette envie, on a tout pour se maintenir », lance le mareuillais, motivé.

Cette force intérieure est l'une de ses principales caractéristiques. Ses valeurs, ses qualités techniques et physiques, son histoire avec le club en font aujourd'hui l'un des leaders du groupe de Christophe Eustache, malgré son ''jeune'' âge. « Il fait partie des cadres, je passe par eux pour faire circuler mes messages, pour avoir une autre parole aussi », explique le coach.

Un choix de vie

Un cadre peut se voir de différentes façons. Florian Dupuy s'impose avant tout par ses qualités sur le terrain, depuis son poste de milieu relayeur. « Il a toutes les qualités techniques et physiques, il a une grosse capacité d'endurance, une bonne vision de jeu, une capacité à se projeter vers l'avant », résume le technicien mareuillais. « Il doit juste progresser devant le but », ne peut-il s'empêcher de glisser dans un sourire.

S'il possède avec ce profil un leader technique, Christophe Eustache aimerait voir son joueur prendre un peu plus la parole dans le vestiaire. Mais ce n'est pas dans le tempérament du milieu de terrain, qui donne plus l'exemple par son investissement à l'entraînement et lors des matchs, avec une volonté de gagneur et l'envie de se dépenser sans compter pour les autres et pour ses couleurs.

Florian Dupuy aurait peut-être pu jouer ailleurs, se tester à un échelon supérieur. Mais son lien avec le football est particulier. Et cela depuis ses premières années. « J'ai fait les sélections en Dordogne, mais cela ne s'est pas bien passé humainement. Je pense que j'ai besoin de rester proche de chez moi, de mes amis, de mon milieu rural et agricole, moi qui ai grandi dans une ferme », avoue-t-il.

Dès la fin de son lycée en 2015, Florian Dupuy s'est dailleurs installé seul sur un élevage à Javerlhac. Un choix courageux, difficile, mais un choix de passionné. Lier ce métier à une pratique intense du football à plus haut niveau ne serait pas possible. « En restant à Mareuil, j'ai aussi l'assurance que les dirigeants du club comprennent mes impératifs professionnels », explique l'éleveur, qui conduit un troupeau de vaches Limousines.

Pour suivre ce choix de vie, le joueur aura décliné parfois les propositions de clubs plus huppés. Mais sans aucun regret. Il voit le football comme une échappatoire, sans lequel il serait vite prisonnier d'un quotidien très prenant, plus isolé, au travail sept jours sur sept. « Je suis en GAEC avec mon père, j'ai la chance qu'il soit là aussi. Cela me permet de jouer avec ce groupe de copains, de prendre du plaisir, de me changer les idées », reconnaît-il.

Finalement, Florian Dupuy est un chanceux. Bon joueur de football, il a trouvé à Mareuil l'occasion de pouvoir continuer à pratiquer ses deux passions et de s'y épanouir. Il est au milieu de ses amis, de son univers, et mêle son amour de la terre et de l'agriculture à celui du football. Et il n'est pas prévu que cela s'arrête : « Je n'envisage pas aller ailleurs, je ne peux pas. J'ai envie d'aller le plus haut possible avec ce club, tout simplement », conclut-il.