Avec
le centre de préformation lancé cet été par l'entente que forme
Bergerac avec Montpon, Sainte Foy la Grande et La Force, l'idée est
de construire l'avenir du club.
En bas, les joueuses du centre de pré-formation, avec le groupe N1 et les dirigeants lors de la présentation officielle à Lascaux. © Sylvain Desgroppes. |
C'est
une initiative courageuse, une initiative dynamique et porteuse
d'espoir. Emmené par Christophe Grellaud, le centre de préformation
du Bergerac Périgord Pourpre Handball a été créé au printemps
2017 avec l'ambition de développer une filière féminine locale
pour alimenter les équipes seniors du club. Un projet qui s'est
construit avec beaucoup de rigueur, parfois dans la difficulté, pour
mettre en place tous les aspects du dossier.
Les prémices de l'aventure
Les
premières idées autour du centre de préformation remontent à 2015
chez Christophe Grellaud. Mais mener un tel projet dans une petite
commune comme Montpon était alors trop compliqué... « En se
mettant avec Bergerac, tout est devenu plus simple, notamment pour la
logistique, avec la présence de lycées par exemple », explique ce
dernier.
C'est
en effet l'entente avec Bergerac qui est l'élément déclencheur.
Elle offre la possibilité d'une structure enfin suffisante pour
lancer le projet. Le contexte dans le monde du handball se prête
aussi à de telles initiatives. « À la suite d'une réforme, les
pôles espoirs ont décidé de ne garder que peu de joueuses. Ils en
intègrent soixante, mais en gardent seulement huit. L'objectif est
de proposer quelque chose aux autres filles », explique Christophe
Grellaud.
Lui-même
handballeur jusqu'à seize ans, c'est après s'être orienté dans
l'athlétisme au cours de sa carrière militaire qu'il est revenu à
son sport de prédilection au début des années 2010, à Montpon. Il
y a travaillé au développement de toute la filière féminine,
coachant les joueuses de -13 ans à seniors. L'entente se mettant en
place, il a ensuite beaucoup œuvré avec le manager du BPPH Michel
Cassier, assurant la liaison et l'harmonisation des politiques chez
les jeunes.
C’est
ainsi en mars 2017 que son projet, qu'il a déjà bien préparé,
refait surface. Cela se heurte cependant à un problème de taille. «
Le centre n'étant pas une structure fédérale, on ne peut pas
obtenir de dérogation pour que les joueuses puissent changer de
lycée. On a donc opté pour la solution de les placer dans des
familles d'accueil », résume le formateur.
Le
programme est lancé, mais les embûches sont nombreuses. Il s'agit
en particulier de trouver les familles volontaires pour accueillir
les jeunes joueuses. « Il y a une thématique sociale qui me tient
particulièrement à cœur, c'est la relation entre les jeunes et les
personnes âgées. Quatre de nos joueuses sont par exemple chez une
personne âgée qui vivait seule », lance Christophe Grellaud.
Une
lourde logistique
Autre
aspect, au centre de la construction du projet, de la volonté des
formateurs et du club, et qui permet d'intégrer les parents et de
les rassurer, le scolaire. « On veut que les filles soient
sérieuses, rigoureuses, dans le handball mais à côté aussi. On a
un suivi scolaire qui a été mis en place », continue-t-il. Estelle
Garrigue et Myriam Gauffre, joueuses et dirigeantes du BPPH,
accompagnent ainsi les joueuses.
Si
ces dernières rencontrent des difficultés pour assumer la charge de
travail, et garder un niveau scolaire suffisant, une à deux séances
peuvent être temporairement supprimées. Si elles sont blessées,
les joueuses viennent aussi au gymnase pendant les entraînements, et
peuvent y effectuer leurs devoirs... Une cellule médicale permet
aussi de surveiller l'évolution de jeunes filles qui doivent
encaisser un rythme de vie intense, avec six séances par semaine.
Organiser
un tel programme est lourd également pour le club, surtout quand le
développement et l'équilibre individuel des filles restent au cœur
des raisonnements. Ainsi, la plupart d'entre elles rentrent dans
leurs familles le mercredi soir. Le mercredi, où deux séances sont
organisées, celles-ci sont nourries au gymnase, par une bénévole
du club qui vient cuisiner. Enfin, il a fallu mettre sur place une
tournée avec un minibus du club pour véhiculer l'ensemble des
joueuses.
Autant
de points qui peuvent vite devenir des limites. Tout le travail de
Christophe Grellaud est donc de réguler le nombre de joueuses du
centre, et de développer des alternatives en termes de moyens
logistiques. « On sera vite limité en nombre. De toute façon, on a
un objectif de formation basé sur le développement de savoir-faire
individuel, donc on a décidé d'avoir quatorze joueuses maximum ».
Des
joueuses réparties sur trois années d'âge, système parallèle aux
trois années de -18 ans et au lycée. Pour cette première
promotion, neuf ont été sélectionnées lors d'une journée en mai,
toutes nées en 2002. Ces joueuses continueront en deuxième année,
puis lors de leur troisième année au centre, elles ne seront plus
intégrées aux -18 mais directement aux seniors, avec l'équipe
réserve, en Prénationale actuellement. La priorité dans les
sélections étant donnée aux joueuses du club.
Quel
projet sportif ?
Une partie des joueuses du centre de pré-formation et des -18 ans lors de la visite du sélectionneur Olivier Krumbholz. © Sylvain Desgroppes. |
«
Il y a un gros travail à mener. Il faut bien travailler, avec les
-15 ans notamment, pour alimenter le centre. Et bien travailler en
senior pour avoir une réserve à un niveau intéressant », estime
Christophe Grellaud. Quant aux trois années au centre, elles sont
intenses. Les filles s'entraînent le lundi soir avec Christophe
Grellaud et Pascal Carfantan, le mardi soir avec le coach de la N1
encore, et le jeudi avec Christophe Grellaud. Trois séances
orientées sur de l'individuel.
Pascal
Carfantan dirige aussi une séance plus physique le mercredi midi,
alors que les séances du mercredi soir et du vendredi soir se font
avec les équipes de clubs, où Christophe Grellaud est rejoint par
Fabien Moraillon. « On ne veut pas en faire des professionnelles, et
on ne sortira jamais une fille du centre à cause de son niveau. Ce
qui est important est d'amener chaque joueuse à son meilleur niveau
possible en senior », affirme Christophe Grellaud.
Pour
anticiper sur l'avenir, le formateur a mis en place le ''statut'' de
partenaires de centre. Il concerne six joueuses encore en -15 ans
cette saison, mais qui effectuent une séance par semaine avec le
groupe des neuf joueuses du centre. Pour instaurer ensuite un
roulement régulier et équilibré entre le nombre de joueuses sur
chacune des trois années de préformation, trois à quatre filles
passant en première année de -18 ans seront sélectionnées chaque
été.
Le
centre de préformation du BPPH n'en est encore qu'à ces débuts.
Les résultats sont encourageants, le club a encore un an et demi
pour bien se structurer et avancer avec cette première génération
de joueuses, en espérant que le reste puisse suivre. Et que le
résultat final, qui reste d'alimenter les équipes seniors en
joueuses du cru, puisse prendre forme.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire