Discret
dans la vie comme le vestiaire, Evan Chevalier se transforme sur le
terrain, où pour ses coéquipiers comme ses entraîneurs, il est un
joueur de collectif par excellence.
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Evan Chevalier, formé aux Girondins, est arrivé à Bergerac à l'été 2015. Il est devenu un élément essentiel du groupe. © Laurent Guine. |
Evan
Chevalier est comme tant d'autres joueurs de ses divisions amateurs
françaises. Sa carrière a commencé par un centre de formation
professionnel. Celui des Girondins de Bordeaux. Du port de la Lune à
Bergerac aujourd'hui, le joueur a vécu de nombreuses expériences,
qui se retrouvent dans son tempérament, calme, patient, travailleur.
Une expérience
Une
première expérience à vivre. « A quatorze ans, on n'est pas
encore un homme, et aux Girondins j'ai trouvé une deuxième famille.
Guy Dubois (intendant général, NDLR) était comme un deuxième père
pour nous tous ». Tout se passe vite. Les premiers pas en CFA en
2009-2010. Les premières minutes en Ligue 1 lors de la 32e journée
du championnat en 2010-2011 (victoire 2-0 contre Saint Etienne).
Et
enfin le premier contrat professionnel au FCGB, d'une durée d'un an,
à l'été 2012. Le milieu de terrain est alors prêté au Gazélec
Ajaccio, en Ligue 2. « Le prêt ne se passe pas très bien.
L'entraîneur qui me voulait est licencié. Un autre arrive, mais le
club est instable, ce ne sont pas forcément des conditions optimales
pour un jeune comme moi. Le deuxième entraîneur est écarté aussi,
et après six mois, je rentre finalement à Bordeaux ». Une
expérience difficile, même si Evan Chevalier aura joué onze matchs
de Ligue 2.
A
l'été 2013, son contrat prenant fin à Bordeaux, il part au Poiré
sur Vie, en National. Mais de nouveau, les choses sont compliquées.
Pendant les deux saisons, Evan Chevalier se blesse plusieurs fois.
L'éloignement se fait sentir aussi. Pour la première fois, il
n'appartient plus aux Girondins. « C'est quand on part que l'on se
rend compte de la chance que l'on avait, c'est ce qu'il se passe pour
moi à ce moment-là. Après six mois intéressants (onze matchs de
National), j'ai enchaîné des blessures pendant un an et demi »,
reconnaît-il aujourd'hui.
En
2015, lorsque l'aventure Bergerac se propose, il la saisit au vol. Le
club vient de monter en CFA, et pour lui, il représente «
l'occasion de rejoindre un projet ambitieux, dans ma région, et avec
des joueurs que je connaissais de Bordeaux comme Mamadou Kamissoko
qui était de ma génération, mais aussi Sébastien Bouscarrat ou
Romain Dupuy ». « On recherchait un profil de joueur excentré
gaucher, il rentrait dans le projet d'un recrutement aquitain et
grand Sud-Ouest, et il avait des connexions avec d'autres anciens girondins de groupe », précise Fabien Pujo.
Technique
et polyvalent
La
saison dernière, à peine arrivé, les qualités de l'ancien
girondin se font vite apparentes. Fabien Pujo n'hésite pas,
puisqu'il le titularise lors des trois premières journées, en
milieu de terrain. Après deux années galères, Evan Chevalier
retrouve le plaisir de jouer. Et même s'il connaît quelques
difficultés sur la saison, il participera au total à vingt-sept
matchs, dont vingt-et-un de championnat.
Pouvant jouer sur tout le côté gauche, Evan Chevalier est aussi à l'aise défensivement qu'offensivement. © Philippe Greiller. |
«
Il a eu des difficultés, mais il s'est vraiment relancé sur la fin
de saison quand on l'a utilisé comme latéral gauche. Il est
polyvalent », note encore le coach. Toujours très humble et
critique sur ses performances, Evan Chevalier l'avoue lui-même, «
en venant en CFA je me suis dis qu'il fallait que je fasse des
statistiques. En tant que joueur offensif, j'ai été formé dans cet
esprit, mais je me suis pris trop la tête avec cela et je n'ai pas
joué à mon niveau ».
Une
mentalité, une capacité d'analyse, de remise en question, qui font
de lui quelqu'un de particulier. Preuve de la capacité du jeune
joueur (il aura vingt-cinq ans le mois prochain) à vite trouver des
solutions, cette saison, Evan Chevalier a déjà joué plus de matchs
que l'an dernier, et surtout cumulé plus de titularisations et donc
de minutes sur le terrain.
«
J'essaie de prendre plus de plaisir avec le groupe, de prendre
confiance, je me focalise moins sur les statistiques et comme par
hasard, cela vient tout seul », continue-t-il. Auteur de deux passes
décisives l'an passé, Evan Chevalier a déjà marqué trois fois et
signé huit passes cette saison. Mais ce qui ressort, c'est surtout
sa polyvalence.
Il
peut jouer latéral gauche ou milieu gauche dans un système en
4-4-2, mais aussi latéral, milieu relayeur, ou ailier dans un 4-3-3.
Il peut aussi évoluer sur le couloir dans un 5-3-2. « J'ai été
formé comme joueur offensif. C'est Francis Gillot qui a commencé à
m'utiliser comme latéral gauche aux entraînements à Bordeaux. Je
suis plus à l'aise sur le couloir, mais après, je ne trouve pas de
grandes différences entre les postes d'ailier gauche en 4-3-3 ou de
joueur de couloir en 5-3-2 », estime le gaucher.
Le
collectif avant tout
Au-delà
de cette polyvalence, qui traduit une intelligence de jeu, une
compréhension tactique, et une volonté de se mettre au service du
collectif, ce sont les qualités techniques du joueur qui sautent aux
yeux. Des qualités dans l'air du temps pour un gabarit et un style «
à l'espagnole ». Cela tombe bien, Evan Chevalier a des origines
ibériques.
Ni
très grand ni très costaud (1m75, 60 kg), Evan Chevalier compense
par une vivacité, une rapidité dans les appuis et les changements
de direction, un gros volume de jeu et une capacité à répéter les
efforts sur son couloir. Sa qualité technique dans la passe est
évidente, sa simplicité de jeu aussi. Un jeu court, au sol, de
petits espaces. « J'aime le beau jeu, avec une ou deux touches de
balle, des redoublements de passes », confie-t-il.
Tout
ce qui caractérise finalement sa façon de voir le football. «
C'est le collectif qui fait briller les individualités et non
l'inverse. Le groupe est primordial », estime le bergeracois. La
preuve par l'exemple. Malgré un temps de jeu plus réduit l'an
passé, jamais le joueur n'a montré sa frustration. « Etre une
équipe, c'est respecter le collectif. Respecter les choix du coach,
respecter le coéquipier qui joue à ma place », explique-t-il.
Evan Chevalier, ici à l'échauffement en coupe de France contre Lens, est un joueur important dans la vie du groupe. © Sylvain Desgroppes. |
Pour
Fabien Pujo, avoir à sa disposition des joueurs dans cette mentalité
ne peut être que facilitateur dans le travail du quotidien. « Il
est humble, travailleur, professionnel. C'est un joueur de collectif,
attachant, sur qui je peux compter », développe le coach. Des
qualités humaines primordiales pour accompagner l'aventure dans
laquelle s'est lancée le club.
Quant à Evan Chevalier, il peut aussi transmettre son état d'esprit aux
plus jeunes du club, puisqu'il fait partie de l'encadrement autour de
la section sportive, pour des joueurs de quatorze et quinze ans. «
C'est quelque chose qui m'intéresse beaucoup. Je découvre autre
chose, et cela pourrait me servir plus tard dans ma carrière. Je
viens de passer mon module arbitrage, dont j'ai besoin pour aller ensuite vers le BMF
», précise-t-il.
Mais
Evan Chevalier a encore le temps avant d'attaquer peut-être une
deuxième carrière dans le football. Pour l'instant, il fait partie
intégrante du projet bergeracois lancé sur les deux années,
jusqu'en 2018. Et sa mentalité ne peut qu'apporter au groupe : « Il ne faut jamais lâcher, travailler encore. Il ne faut
pas penser dans l'immédiat, être patient, le travail paie »,
conclut-il.
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