Arrivé
comme entraîneur à Mussidan cet été, Frantz Bluck prend peu à
peu ses marques et retrouve un équilibre dans sa façon d'aborder ce
métier si particulier.
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Frantz Bluck a été joueur à Mussidan par le passé, avant de revenir cet été comme nouvel entraîneur de l'équipe A. © Régis Hazenfus |
Etre
un caméléon. C'est aussi ça, être entraîneur. S'adapter,
composer, faire en fonction, autant d'éléments de langages que tous
les coachs ressortiront systématiquement dans leurs discours. Pour
sa troisième année comme entraîneur, Frantz Bluck, arrivé cet été
à Mussidan (R4), ne déroge pas à cette règle.
C'est
une blessure qui met fin à sa carrière de joueur, alors que
l'équipe accède cette année-là au Régional 4. Mais il n'est pas
encore question de devenir entraîneur. « Travailler avec les
enfants c'était aussi mon métier. J'aime leur apprendre les bonnes
valeurs, je me considère comme un animateur, un éducateur »,
explique-t-il.
Des
mots qui ont leurs sens. Pourtant, lui qui encadre des équipes de
jeunes, U17/U19 notamment, depuis l'âge de vingt ans va prendre le
pari de commencer les seniors. On est à l'été 2014. Saint Seurin
descend de R3 à R4, et Frantz Bluck va alors effectuer ses grands
débuts. Avec cette équipe, il se maintient la première année,
puis monte l'an passé.
Apprendre
le métier
Très
vite, le coach ressent la différence entre les jeunes et les
adultes. « Il y a plein de facteurs autres à gérer. Il y a la
gestion de groupe, des conflits, des personnalités, c'est beaucoup
plus dur. Sans oublier les vies familiales et personnelles de chacun
», explique Frantz Bluck. Faire ses armes n'est pas forcément une
partie de plaisir tous les jours pour celui qui apprend les joies du
football en senior de l'autre côté de la ligne de touche.
«
La gestion humaine est un obstacle que j'ai dû surmonter, je ne m'y
attendais pas. Sans oublier la pression supplémentaire que l'on a
quand on est en première ligne avec une équipe senior »,
continue-t-il. Les deux années de Saint Seurin, si elles ne sont pas
toujours faciles, permettent à Frantz Bluck d'apprendre les
impératifs et parfois les inconvénients liés à sa fonction.
L'an
dernier, malgré la montée acquise avec le club girondin en R3,
quelques désaccords incitent le coach à regarder ailleurs. Celui
qui n'a pas pour habitude de beaucoup voyager dans le milieu du
football est contacté par Mussidan. Le projet global qui lui est
proposé le séduit, à la fois dans les valeurs qu'il retrouve dans
ce club, comme dans les aspects concernant l'école de football.
Monter
d'un cran et se stabiliser au-dessus, créer un groupe senior en
associant équipe première et équipe réserve, accroître les
effectifs en ouvrant le club, développer l'école de football, le
travail est de taille. « Cela rejoint ce que je suis à la base, un
éducateur. Ce sont les catégories de jeunes qui font avancer un
club. L'idée est de fidéliser ces jeunes pour qu'ils arrivent en
senior chez nous. On veut monter en gamme sur la qualité de l'offre
proposée comme sur les niveaux de nos équipes », précise le
coach.
Pour
sa part, Frantz Bluck continue d'apprendre et de s'adapter aux us et
coutumes du monde senior, à ses impératifs et aux efforts qu'il
demande pour un entraîneur : « Aujourd'hui, je travaille vraiment
sur ces relations humaines, j'ai fais le choix d'être toujours
disponible, à l'écoute, dans le dialogue ».
Quelle
vision ?
Si
le rapport humain n'est pas le même avec un joueur pour un éducateur
ou pour un entraîneur, cela se traduit aussi par la rigueur mise
dans les discours. « En jeunes, on peut se permettre de sanctionner
pour un retard ou une absence. En senior, on est obligé de relâcher
la pression, il faut composer et faire avec parfois au moment de choisir nos joueurs », reconnaît
encore Frantz Bluck.
A
Mussidan cependant, question valeurs, le coach n'a pas à se
plaindre. « Il y a de vraies valeurs, certains sont là depuis dix
ans, c'est une famille, avec des liens, une entraide, une solidarité,
un engagement », met-il en avant. Preuve, une fois de plus,
que le football dépasse bien le simple cadre technique du terrain.
Même
si évidemment, celui-ci fait aussi partie du métier. Et doit comme
tous les autres être mis en perspective, en relation avec
l'environnement, conditionné par des facteurs autres que la propre
vision du coach. L'adaptation, toujours le maître mot. Dans sa
vision du jeu, Frantz Bluck a dû là-aussi faire avec les habitudes
du club qu'il a rejoint.
«
J'aime avoir la possession, relancer depuis le gardien, passer par
les latéraux... Mais on s'est mis en difficulté au début de saison
sur des erreurs techniques ou de placement. Il faut être capable
d'adapter sa vision de jeu aux joueurs et à leurs habitudes, donc
maintenant, on cherche la possession, mais plus haut sur le terrain
», avance le technicien.
Pour
sa troisième saison, celui qui « ne se voyait pas forcément aller
en senior » au début de sa carrière sur le banc a bien évolué. «
J'ai avec moi un adjoint, Eric Rebière, qui a un vécu, une
expérience. Il m'apporte dans le relationnel et les discours, il est
important de l'avoir pour m'épauler », tient-il à préciser.
Quand
le développement personnel de l'entraîneur se fait en lien étroit
et en co-construction avec un projet de club ambitieux, il n'y a pas
de raison pour que cela s'arrête. « Quand on parle de développement
à Mussidan, l'idée est aussi de construire de nouveaux terrains
pour s'entraîner. Sans oublier la présence d'Olivier Deliancourt,
qui aide beaucoup au développement », ajoute encore Frantz
Bluck.
Dans
de telles conditions, l'avenir pourrait s'envisager sur long terme.
Même si le coach reste prudent, il ne regrette pas en tous cas son
choix. « Dans cette fonction, cela peut aller vite. Mais je ne suis
pas venu pour un an seulement. J'ai envie de progresser, d'avancer,
de m'épanouir dans ce club qui construit sur des bases saines »,
conclut-il.
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