De g. à dr. : Jimmy Bourg, Guillaume Debord, et Florent Lévêque, trois joueurs cadres de la A. © ASNSP |
Quasiment
assuré de figurer en Régional 3 l'an prochain grâce à une saison
exemplaire et une actuelle deuxième place, Nontron poursuit sa
remontée progressive. Après une période plus délicate, le club
présidé par François Lozach et Vincent Thomas renaît, autour
d'effectifs seniors remobilisés, et d'une école de football en
bonne santé.
Au
cours de toutes ces années, un paramètre est resté constant :
l'identité du club, une identité forte, basée sur des valeurs de
solidarité, de cohésion, d'amitié pour ce club de copains. C'est
dans ce cadre que s'inscrit le projet mis en place à l'été 2017
par Vincent Thomas, également co-entraîneur de l'équipe fanion,
avec quatre jeunes du secteur : Jimmy Bourg, Guillaume Debord,
Mathias Fournier, Florent Lévêque.
Un
beau projet
Ces
quatre joueurs, jeunes enseignants à Paris (physique-chimie pour
Florent Lévêque, EPS pour les trois autres), jouent pour Nontron,
et enchaînent les allers-retours chaque weekend cette saison pour
défendre les couleurs de leur club. En contrepartie, ils sont
défrayés sur leurs frais de transport par l'ASNSP. Pas question d'y
voir ici des abus ou autres écarts financiers pour ce club rural,
mais un vrai effort pour garder des jeunes formés en Dordogne.
Florent
Lévêque a signé à Nontron à six ans et n'a jamais quitté le
club, lui qui a vingt-sept ans. Comme Jimmy Bourg, qui a signé a
sept ans, et est toujours resté jusqu'à aujourd'hui, à
vingt-quatre ans. Mathias Fournier, qui a le même âge, a commencé
en même temps, mais a fait une parenthèse par la case rugby de
treize à dix-huit ans. Guillaume Debord, vingt-six ans, un ami
proche, a rejoint Nontron cet été, lui qui est originaire de
Limeuil.
Ces
trois derniers se sont connus à Limoges, en Staps, et sont en
colocation à Paris. « Ce projet a été mis en place car ce sont
des jeunes du club, dont on connaît les valeurs, même pour
Guillaume Debord qui nous a rejoint cette année mais que l'on
connaissait à travers les autres », commence Vincent Thomas. Les
efforts réalisés par le club sont donc bien ciblés sur des profils
''à part''.
«
On parle d'identité forte et de projet global pour le club. Ils ont
leurs familles ici, un vrai lien ensemble, sont parties prenantes
pour le club. Le frère de Florent joue chez nous, le père de Jimmy
est un dirigeant, celui de Mathias est l'un des plus importants
sponsors », continue le président. L'effet de groupe entre les
quatre a donc permis de mettre en place ce système, qui est tout de
même un coût pour tout le monde sur une saison entière.
«
C'est un investissement financier pour nous, mais c'est un
investissement pour eux aussi, c'est une organisation très prenante
», reconnaît Vincent Thomas. Si chacun réalise ces efforts, c'est
parce que les intérêts sont multiples, à commencer par les enjeux
sportifs, comme il l'explique : « On a fait ce qu'il fallait, cela
nous évite aussi de recruter. On a présenté notre projet sportif,
avec aussi la réforme des championnats, le challenge fixé qui était
motivant ».
Jimmy
Bourg est bien conscient de l'ensemble des aspects et des
problématiques soulevées par ce projet mis en place par les
dirigeants. Pour lui, cela ne fait que renforcer encore leur
investissement : « Le club fait des efforts financiers et humains,
veut mettre en avant sa formation, il nous fait confiance et cet
engagement nous touche. On essaie en retour de s'investir à travers
les manifestations qui sont organisées ».
Quatre
profils
Si
la mise en place d'un tel projet met en avant les valeurs du club, sa
volonté de promouvoir des jeunes locaux, de privilégier la
formation, c'est aussi parce que cela se traduit par un réel apport
sportif pour l'équipe fanion en R4, elle qui après deux années
difficiles se méfiait de l'exigence et des dangers de cette saison
où les cinq derniers de poule descendent en district. Les résultats
sont là, avec un exercice parfait ou presque et une actuelle
deuxième place.
À
sa façon, chacun des jeunes amène sa pierre à l'édifice. C'est le
cas tout d'abord de Florent Lévêque, le capitaine de Nontron. Une
fonction qui n'est jamais anodine dans une équipe. « Il a une vraie
mentalité, en dehors même du sportif. C'est une personnalité, il
est capable de fédérer dans la vie d'un groupe, quand il prend la
parole, on l'écoute », apprécie son coach.
Si
l'état d'esprit et le parcours du joueur sont irréprochables à
Nontron, ses qualités de footballeurs plaident aussi pour lui. « Il
est rapide, intelligent, il anticipe bien, il est bon dans les duels,
il apporte une stabilité », dit Vincent Thomas de son défenseur
central. « J'aime défendre. Je suis quelqu'un de persévérant, je
commence à avoir de l'expérience, et de ma position, on voit mieux
le jeu, on peut organiser l'équipe », se satisfait Florent Lévêque.
Tout
proche de lui sur le terrain se trouve Jimmy Bourg, qui évolue soit milieu
défensif, soit défenseur central. Pour son coach, c'est « un
joueur polyvalent, qui ne calcule pas ses efforts, qui est très
généreux, mais qui a du coup un peu de déchet technique ». Une
analyse que le joueur admet bien volontiers et en toute humilité : «
Je suis un joueur moyen mais j'ai la possibilité de pouvoir jouer
partout ».
C'est
aussi au poste de milieu défensif que s'exprime Guillaume Debord. «
Il apporte une touche technique sur la première relance, ce qui
permet de repartir plus propre », estime le technicien de l'ASNSP.
Celui qui avait connu des rôles plus offensifs à Limeuil et même à
ses débuts nontronnais se plaît dans cette position : « Il faut
être concentré tactiquement, et sur le plan technique, orienter le
jeu, alterner jeu court et jeu long », décrit brièvement le
joueur.
S'il alterne entre A et B, Mathias Fournier participe aussi à ce projet club. © ASNSP |
Enfin,
Mathias Fournier présente un profil particulier, lui qui alterne
entre équipe fanion et réserve, sans que cela ne lui pose problème,
lui qui affirme « être là pour se faire plaisir et rendre service
au club ». Une mentalité soulignée par Vincent Thomas : « Je ne
sais pas si l'on peut trouver quelqu'un qui aime plus le club. Il
répond toujours présent, il est exemplaire, c'est un garçon comme
on en trouve plus beaucoup chez les jeunes actuellement ».
Et
la suite ?
L'an
prochain, Nontron à toutes les chances de figurer dans le
championnat R3, même si mathématiquement, cela n'est pas encore
fait... Si le club se dit prêt à repartir sur des principes
similaires, des questions se posent. Sur toute une saison,
l'organisation est tout de même pesante, et surtout prenante pour
les quatre joueurs. Après le travail toute la semaine, ces derniers
consacrent leurs weekends aux transports et au football.
Certes,
le plaisir est là, l'idée de représenter les couleurs du club est
forte, comme le précise Florent Lévêque, bien dans son rôle de
capitaine : « Nontron, c'est une bande de copains. On est plusieurs
à n'avoir connu qu'un seul club, mon rôle est de garantir l'esprit
du club, son identité, une volonté collective ».
Un
discours partagé par Jimmy Bourg. Lui aussi pur produit nontronnais,
il se reconnaît dans les valeurs de son club, et le fait de faire
partie d'un projet de cette ampleur aide à se motiver. « Être
ensemble, c'est aussi ce qui donne envie de faire ces efforts, c'est
notre club de cœur », avoue-t-il. Les intérêts sont multiples,
comme le confirme Mathias Fournier : « C'est l'occasion d'aider
notre club, de se faire plaisir, de voir aussi nos familles ».
Mais
tout n'est pas simple pour autant. En raison de leurs emplois du
temps, il n'est pas toujours possible pour les quatre parisiens de
toujours rentrer sur tout le weekend. Même lorsque des entraînements
sont parfois organisées le samedi matin... Les joueurs ont cherché
un club d'attache pour se tenir en forme, mais ont vu les portes se
fermer. Ne pas avoir de séances collectives peut parfois être
gênant, pour eux comme pour l'équipe de façon générale.
Les
défraiements reçus ne permettent pas non plus de tout encaisser et
d'oublier certains désagréments qui ne sont pas chiffrables. «
Tous ces déplacements génèrent de la fatigue », commence
Guillaume Debord. « L'investissement est pesant, épuisant, car la
vie personnelle est vite limitée, contrainte », ajoute Florent
Lévêque.
La
suite est donc indécise pour le capitaine, comme pour Guillaume
Debord. Tous deux ne s'imaginent pas partir, mais ont du mal aussi à
imaginer tenir une deuxième saison sur le même rythme
d'allers-retours... Même si la perspective de la R3 et du challenge
sportif à relever sont motivants.
C'est
peut-être moins le cas pour Jimmy Bourg, qui ne se dit « pas lassé
de ces efforts et de ce système ». Mathias Fournier va même plus
loin : « Quand on reste sur Paris, le football et le club me
manquent. J'ai envie de continuer, mais la décision ne se prendra
pas seul, cela se fera en discussion tous les quatre et avec le club
». Pour Vincent Thomas, la position est claire : « Même si c'est
difficile, on aimerait continuer l'aventure », conclut-il.
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