Président
d'Antonne depuis 2014, Jean-Philippe Mestre revient sur la difficulté
de cette fonction et sur sa façon de l'exercer, avec ambition.
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A 35 ans, Jean-Philippe Mestre entame sa quatrième saison de présidence à Antonne. © Julien Lagrange. |
Si
l'on peut dire de certains qu'ils sont nés avec un ballon dans les
pieds, nés pour être footballeurs, on ne peut pas en dire autant
des présidents de club. Une fonction bien spécifique, et bien
souvent primordiale dans l'équilibre d'un club. Une fonction que
l'on ne choisit pas forcément. À Antonne, Jean-Philippe Mestre est
devenu président en 2014, sans réellement avoir le temps
d'anticiper sa nomination.
Lot-et-garonnais
d'origine, il commence le football à treize ans, à Casteljaloux. Un
club où il va rester dix ans, évoluant en senior avec l'équipe
fanion, en PL (actuelle R4). Lors de ses deux dernières saisons,
entre 2003 et 2005, il vient en Dordogne poursuivre ses études, mais
continue de faire la route pour jouer. Son BTS obtenu, il coupe alors
avec la pratique du football, à 23 ans seulement.
Près
de dix ans vont s'écouler avant qu'il ne reprenne des fonctions dans
un club. À l'été 2014, tout se passe très vite, et il devient
président d'Antonne. Un jeune président pour un club de régional,
à 32 ans seulement. Mais après tout, il n'y a rien de mieux que
l'apprentissage sur le terrain et par l'expérience. Ce que fait
Jean-Philippe Mestre, pour la quatrième saison de suite.
Tout
commence donc en 2014. S'il n'a aucune fonction au club,
Jean-Philippe Mestre est déjà un sponsor de l'ASSAC. « On était
un partenaire historique du club, j'avais un ami qui y jouait, et qui
y joue toujours, qui m'a demandé de venir apporter quelque chose de
plus », explique-t-il.
Ce
quelque chose de plus se transforme vite. « Il y avait eu une
démission du bureau, et on me demandait de m'impliquer plus
directement. Il y avait des gens qui voulaient s'investir mais
personne ne souhaitait aller jusqu'à ce poste à responsabilités »,
continue Jean-Philippe Mestre. Homme de défi, il relève celui-ci et
comme toujours, il s'y engage avec toute sa volonté.
Du
rôle d'un président
Le
club d'Antonne, s'il évolue en ligue, est tout de même dans une
situation délicate, financièrement et humainement, via une école
de foot trop ''pauvre''. Mais deux choses motivent l'homme à
s'engager : son goût pour le sport, et la présence d'un homme
capable de l'accompagner et de structurer le club avec lui.
«
Julien Lagrange (actuel co-président, NDLR) était déjà
secrétaire, il connaissait très bien le club, il y était très
investi, j’ai fait sa connaissance, et on a travaillé très vite
en binôme. Devenir président était aussi une façon de garder le
contact avec le football dans un club où il y avait un vrai
potentiel », se rappelle Jean-Philippe Mestre.
Peu
à peu, il trouve sa place dans ce costume de président qu'il
découvre au fil des discussions, des expériences, des décisions à
prendre, et de la vie du club. Son organisation, sa façon d'exercer
la fonction de président évolue avec. « Au départ, le projet
senior m'intéressait, je voulais avoir des équipes compétitives »,
explique-t-il.
Après
une première année de transition en 2014-2015 (4e de R4), Arnaud
Dutruch arrive comme entraîneur de l'équipe fanion. Il monte en R3,
niveau auquel il termine à la septième place l'an dernier. Cet été,
un nouvel entraîneur a été nommé. « J'ai appris beaucoup sur le
lien entre le président et le coach. Je recherchais avant tout de
l'humain et une implication cet été, ce que l'on a avec Frédéric
Muller. C'est une rencontre d'hommes avant tout », détaille-t-il.
L'humain,
un facteur qui prend de plus en plus sa place dans les réflexions et
dans la façon de gérer les choses chez Jean-Philippe Mestre. « Il
faut avoir, à des postes clés, des personnes de confiance, sur qui
se reposer. Ensuite, il faut un organigramme bien défini, arriver à
fédérer beaucoup de dirigeants et de bénévoles dans le projet »,
explique-t-il.
Un
organigramme, des postes clés, tout un vocabulaire qui n'est pas
anodin, et reflète ce qu'est un club de football aujourd'hui, même
associatif. C'est-à-dire une petite entreprise, à laquelle il faut
donner un cap, des ambitions, et où se mêlent le sportif,
l'administratif, le financier, et l'humain. « Il faut bien séparer
tout cela. Le président se place au-dessus, il est là pour prendre
les décisions », annonce Jean-Philippe Mestre.
Celui-ci
est directement impliqué en ce qui concerne le domaine financier. «
Il faut supporter un budget de 60000 euros si l'on veut garder
l'ambition d'être en régional. On a la chance d'avoir des
municipalités qui s'intéressent au club, mais il faut aussi trouver
des sponsors. Assainir le club financièrement a été mon cheval de
bataille », continue-t-il.
Progresser
sportivement
Pour
ce qui est du sportif, le président donne ensuite beaucoup de
liberté au staff en place. Frédéric Muller est venu avec des
fonctions élargies. Il dispose d'un coach adjoint, alors que deux
entraîneurs suivent l'équipe réserve, et que l'ASSAC possède
aussi une équipe C. Un responsable technique s'occupe de gérer les
catégories de jeunes, au sein desquelles il a fédéré une équipe
d'éducateurs.
Et
c'est encore Frédéric Muller qui chapeaute l'ensemble du sportif.
Une mission élargie dans laquelle le coach s'épanouit. « Chaque
semaine, j'ai le président au téléphone, ou on se voit
directement. Il me met au courant de tout ce qu'il se passe au club,
et moi je le tiens au courant des évolutions dans le domaine
sportif. Il y a beaucoup de transparence, cela nous aide à avancer
», explique le coach.
Perfectionniste,
Jean-Philippe Mestre n'hésite pas non plus à se remettre en
question sur ce qu'il a accompli depuis 2014. « On aurait dû
s'entourer de plus de dirigeants et de bénévoles encore, et
s'occuper plus tôt de l'école de foot, travailler en amont pour le
club. On a pris un peu de retard, cela va peut-être nous pénaliser,
mais on essaie de rattraper le temps », admet-il modestement.
Cela
n'enlève rien à son discours, toujours volontaire et ambitieux.
Comme il l'était dès son arrivée au club, où il avait donné le
cap de la R2. « À partir du moment où l'on a un potentiel, où
l'on met les moyens qui vont avec nos ambitions, on ne va pas se
cacher, il faut assumer », dit-il, sans prétention mais avec
franchise et conviction. Surtout, le discours est clair, direct, avec
toutes les composantes du club.
Pour
Frédéric Muller, la personnalité du président a compté avant
même le projet. « Je suis venu à Antonne avant tout pour le
président. C'est une belle personne, qui fédère. C'est quelqu'un
de réfléchi, à l'écoute, capable d'analyser et de prendre du
recul avant d'agir », met-il en avant. Dans ces
derniers mots réside peut-être l'essence même du président :
celui qui prend les décisions.
«
Si l'on a du mal à prendre une décision, on ne peut pas être
président. Bonnes ou mauvaises, il faut les prendre et les assumer
», affirme-t-il. Il n'en reste pas moins très humble sur son rôle
au sein du club. « La rencontre avec Frédéric Muller a fait que je
suis resté. Aujourd'hui, je ne me projette pas. Ce qui compte, c'est
que les bases du club soient solides, que la structure soit bien en
place. Le club sera encore là quand nous ne le serons plus »,
conclut-il.
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