vendredi 24 novembre 2017

Le portrait de la semaine

Président d'Antonne depuis 2014, Jean-Philippe Mestre revient sur la difficulté de cette fonction et sur sa façon de l'exercer, avec ambition.

A 35 ans, Jean-Philippe Mestre entame sa
quatrième saison de présidence à Antonne.
© Julien Lagrange.
Si l'on peut dire de certains qu'ils sont nés avec un ballon dans les pieds, nés pour être footballeurs, on ne peut pas en dire autant des présidents de club. Une fonction bien spécifique, et bien souvent primordiale dans l'équilibre d'un club. Une fonction que l'on ne choisit pas forcément. À Antonne, Jean-Philippe Mestre est devenu président en 2014, sans réellement avoir le temps d'anticiper sa nomination.
Lot-et-garonnais d'origine, il commence le football à treize ans, à Casteljaloux. Un club où il va rester dix ans, évoluant en senior avec l'équipe fanion, en PL (actuelle R4). Lors de ses deux dernières saisons, entre 2003 et 2005, il vient en Dordogne poursuivre ses études, mais continue de faire la route pour jouer. Son BTS obtenu, il coupe alors avec la pratique du football, à 23 ans seulement.
Près de dix ans vont s'écouler avant qu'il ne reprenne des fonctions dans un club. À l'été 2014, tout se passe très vite, et il devient président d'Antonne. Un jeune président pour un club de régional, à 32 ans seulement. Mais après tout, il n'y a rien de mieux que l'apprentissage sur le terrain et par l'expérience. Ce que fait Jean-Philippe Mestre, pour la quatrième saison de suite.
Tout commence donc en 2014. S'il n'a aucune fonction au club, Jean-Philippe Mestre est déjà un sponsor de l'ASSAC. « On était un partenaire historique du club, j'avais un ami qui y jouait, et qui y joue toujours, qui m'a demandé de venir apporter quelque chose de plus », explique-t-il.
Ce quelque chose de plus se transforme vite. « Il y avait eu une démission du bureau, et on me demandait de m'impliquer plus directement. Il y avait des gens qui voulaient s'investir mais personne ne souhaitait aller jusqu'à ce poste à responsabilités », continue Jean-Philippe Mestre. Homme de défi, il relève celui-ci et comme toujours, il s'y engage avec toute sa volonté.

Du rôle d'un président
Le club d'Antonne, s'il évolue en ligue, est tout de même dans une situation délicate, financièrement et humainement, via une école de foot trop ''pauvre''. Mais deux choses motivent l'homme à s'engager : son goût pour le sport, et la présence d'un homme capable de l'accompagner et de structurer le club avec lui.
« Julien Lagrange (actuel co-président, NDLR) était déjà secrétaire, il connaissait très bien le club, il y était très investi, j’ai fait sa connaissance, et on a travaillé très vite en binôme. Devenir président était aussi une façon de garder le contact avec le football dans un club où il y avait un vrai potentiel », se rappelle Jean-Philippe Mestre.
Peu à peu, il trouve sa place dans ce costume de président qu'il découvre au fil des discussions, des expériences, des décisions à prendre, et de la vie du club. Son organisation, sa façon d'exercer la fonction de président évolue avec. « Au départ, le projet senior m'intéressait, je voulais avoir des équipes compétitives », explique-t-il.
Après une première année de transition en 2014-2015 (4e de R4), Arnaud Dutruch arrive comme entraîneur de l'équipe fanion. Il monte en R3, niveau auquel il termine à la septième place l'an dernier. Cet été, un nouvel entraîneur a été nommé. « J'ai appris beaucoup sur le lien entre le président et le coach. Je recherchais avant tout de l'humain et une implication cet été, ce que l'on a avec Frédéric Muller. C'est une rencontre d'hommes avant tout », détaille-t-il.
L'humain, un facteur qui prend de plus en plus sa place dans les réflexions et dans la façon de gérer les choses chez Jean-Philippe Mestre. « Il faut avoir, à des postes clés, des personnes de confiance, sur qui se reposer. Ensuite, il faut un organigramme bien défini, arriver à fédérer beaucoup de dirigeants et de bénévoles dans le projet », explique-t-il.
Un organigramme, des postes clés, tout un vocabulaire qui n'est pas anodin, et reflète ce qu'est un club de football aujourd'hui, même associatif. C'est-à-dire une petite entreprise, à laquelle il faut donner un cap, des ambitions, et où se mêlent le sportif, l'administratif, le financier, et l'humain. « Il faut bien séparer tout cela. Le président se place au-dessus, il est là pour prendre les décisions », annonce Jean-Philippe Mestre.
Celui-ci est directement impliqué en ce qui concerne le domaine financier. « Il faut supporter un budget de 60000 euros si l'on veut garder l'ambition d'être en régional. On a la chance d'avoir des municipalités qui s'intéressent au club, mais il faut aussi trouver des sponsors. Assainir le club financièrement a été mon cheval de bataille », continue-t-il.

Progresser sportivement
Pour ce qui est du sportif, le président donne ensuite beaucoup de liberté au staff en place. Frédéric Muller est venu avec des fonctions élargies. Il dispose d'un coach adjoint, alors que deux entraîneurs suivent l'équipe réserve, et que l'ASSAC possède aussi une équipe C. Un responsable technique s'occupe de gérer les catégories de jeunes, au sein desquelles il a fédéré une équipe d'éducateurs.
Et c'est encore Frédéric Muller qui chapeaute l'ensemble du sportif. Une mission élargie dans laquelle le coach s'épanouit. « Chaque semaine, j'ai le président au téléphone, ou on se voit directement. Il me met au courant de tout ce qu'il se passe au club, et moi je le tiens au courant des évolutions dans le domaine sportif. Il y a beaucoup de transparence, cela nous aide à avancer », explique le coach.
Perfectionniste, Jean-Philippe Mestre n'hésite pas non plus à se remettre en question sur ce qu'il a accompli depuis 2014. « On aurait dû s'entourer de plus de dirigeants et de bénévoles encore, et s'occuper plus tôt de l'école de foot, travailler en amont pour le club. On a pris un peu de retard, cela va peut-être nous pénaliser, mais on essaie de rattraper le temps », admet-il modestement.
Cela n'enlève rien à son discours, toujours volontaire et ambitieux. Comme il l'était dès son arrivée au club, où il avait donné le cap de la R2. « À partir du moment où l'on a un potentiel, où l'on met les moyens qui vont avec nos ambitions, on ne va pas se cacher, il faut assumer », dit-il, sans prétention mais avec franchise et conviction. Surtout, le discours est clair, direct, avec toutes les composantes du club.
Pour Frédéric Muller, la personnalité du président a compté avant même le projet. « Je suis venu à Antonne avant tout pour le président. C'est une belle personne, qui fédère. C'est quelqu'un de réfléchi, à l'écoute, capable d'analyser et de prendre du recul avant d'agir », met-il en avant. Dans ces derniers mots réside peut-être l'essence même du président : celui qui prend les décisions.
« Si l'on a du mal à prendre une décision, on ne peut pas être président. Bonnes ou mauvaises, il faut les prendre et les assumer », affirme-t-il. Il n'en reste pas moins très humble sur son rôle au sein du club. « La rencontre avec Frédéric Muller a fait que je suis resté. Aujourd'hui, je ne me projette pas. Ce qui compte, c'est que les bases du club soient solides, que la structure soit bien en place. Le club sera encore là quand nous ne le serons plus », conclut-il.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire