Passionné
de football, Acacio Filipe a troqué sa tenue de joueur de Thiviers
pour celle de coach, et se fait doucement à sa nouvelle fonction.
Encore joueur l'année dernière, Acacio Filipe a quitté le maillot pour prendre le rôle de coach. © Archives La Thibérienne. |
La
passion et la soif d'apprendre. Voilà comment résumer Acacio
Filipe, sur un terrain de football comme dans la vie. Joueur,
entraîneur, Homme, celui qui est depuis cet été le coach de
l'équipe fanion de la Thibérienne, en R4, voit le football comme
une véritable passion, l'occasion d'exercer un sport et d'y prendre
plaisir, tout en mettant l'humain au centre.
Acacio
Filipe aura effectué toute sa carrière dans le Périgord. C'est à
huit ans qu'il commence le football, à Chancelade. Le début d'un
long parcours, pour ne pas dire un périple, qui le mène à partir
de onze ans à évoluer dans l'entente Marsac/Chancelade/Antonne. Il
y reste jusqu'à ses seize ans.
Un
riche parcours
Pendant
cinq ans, il évolue en parallèle avec la sélection Aquitaine, et
garde encore aujourd'hui le souvenir notamment de ce tournoi
international disputé en Espagne, où il affrontera entre autres le
Réal Madrid. Des sollicitations, il en a, notamment du club voisin
dominant, Trélissac.
Des
clubs de Ligue 2 lui proposent même des essais, comme Niort ou le
Havre. Mais, pourtant encore jeune, Acacio Filipe ne déroge pas à
ses principes, à sa philosophie. « Je voulais profiter du football,
ne pas m'éloigner de ma famille. Et surtout, j'avais un vrai besoin,
celui d'avoir un parcours éducatif fort pour me guider, quand le
parcours dans le football comporte trop d'incertitudes »,
explique-t-il.
Dans
le club, il n'y a pas de – de 18 ans. Acacio Filipe passe
directement de Cadets 2 à Senior. Il va alors beaucoup bouger : il
fait deux ans à Antonne, avec deux montées (de district à PL, de
PL à PH), puis un an au Racing Club de Périgueux en DH, et de
nouveau un an à Antonne en PH (avec la montée en DHR à la clé).
Entre-temps,
Monaco a approché le jeune joueur pour lui proposer un essai. Fidèle
à sa ligne de conduite, malgré sa jeunesse (il a alors dix-neuf
ans), il continue de penser à sa famille, et surtout à ses études.
« Je me méfiais beaucoup, dans le football, il suffit
malheureusement de se blesser gravement et tout est fini. Je voulais
optimiser mon parcours scolaire, et j'aimais ça », répète-t-il.
En
1996, à vingt ans, il rejoint donc Sarlat en DH. Il passe treize
saisons dans le club, avec notamment deux finales de coupe
d'Aquitaine (2002 et 2005). En parallèle, après un DUT Tech de Co à
Périgueux, il recommence un parcours universitaire complet à
Bordeaux en banque et finances, pendant cinq ans, pour valider un
DESS en gestion des entreprises. « J'ai adoré étudier, m'enrichir
de ces connaissances », juge-t-il.
Le
tout sans perdre de vue le football, puisque, en plus d'évoluer au
plus haut niveau régional à Sarlat, il est aussi champion de France
universitaire avec Bordeaux. En 2009, l'aventure sarladaise se
termine, et il retourne, pour la troisième fois, à Antonne
(2009-2012). Avant que Thiviers ne vienne le chercher. « J'ai
toujours fonctionné sur des projets, et je connaissais le coach en
place », dit celui qui n'a pas quitté le club depuis.
L'objectif
est de monter en ligue, et c'est à l'issue de la deuxième saison
que la mission est accomplie. Dragan Keserovic arrive pour entraîner
l'équipe, et vont suivre trois exercices réussis, avec une
troisième place, une cinquième, et encore une troisième l'an
dernier. Jusqu'au changement majeur, précipité par le départ du
coach en place vers Boulazac (R1).
Le
coach
Thiviers
doit trouver un nouvel entraîneur, et en juin, se tourne vers Acacio
Filipe, qui avait été déjà capitaine de l'équipe entre 2012 et
2015. « J'ai pris trois semaines pour réfléchir à tout ça, il
était question d'équilibre personnel et familial, et je ne pensais
pas raccrocher les crampons », dit ce milieu de terrain de quarante
et un ans, encore indéboulonnable quelques mois avant.
Finalement,
le défi est relevé. S'il ne se voyait pas arrêter tout de suite
de jouer, Acacio Filipe avait tout de même de la suite dans les
idées. Lors de son retour à Antonne en 2009, il était
joueur et entraîneur adjoint de David Lacotte. « J'ai passé à ce
moment-là mon brevet d'Etat premier degré à Clairefontaine, ce qui
me permet d'entraîner en régional. Là aussi, je l’ai fait car
j'avais cette volonté d'apprendre des choses », explique-t-il.
Pour
autant, basculer d'un rôle à l'autre aussi soudainement cet été n'a pas été
simple. « J'ai toujours joué, donc il y a une frustration à
digérer. Aujourd'hui encore j'ai envie de jouer, mais j'ai mis une
barrière, entraîneur et joueur sont deux mondes différents »,
avoue-t-il. Entre la participation si besoin à quelques séances, le
futsal à Bordeaux où vit sa femme, et la course à pied, Acacio
Filipe continue de garder la forme quand même.
Il
applique à son groupe une méthode globale, qui dépasse largement
le simple cadre technique et tactique, et qui va même plus loin que
le physique ou les aspects motivationnels. « La nutrition, le repos
et le sommeil, le soin que l'on porte à son corps en cas de
blessure, tout cela est important », commence-t-il.
Un
discours au centre duquel il met un ensemble de valeurs qu'il défend
avec véhémence, comme étant les fondations de son groupe, et de
toute équipe de football. « L'humilité et la remise en question,
le respect de l'autre, la rigueur, la communication, la tolérance et
la concentration, ce sont les éléments que j'inculque à mon groupe
et qu'un entraîneur doit avoir dans sa gestion », affirme Acacio
Filipe.
Fort
de ces principes, il cherche désormais à développer un jeu à son
image, lui qui a évolué à divers postes dans sa carrière,
d'attaquant en passant par milieu relayeur ou milieu défensif, mais
qui reste avant tout « un meneur de jeu, mon poste de base. J'aime
dribbler, provoquer, créer du jeu avec des courses vers l'avant »,
précise-t-il.
Pour
ces débuts, les résultats ont été parfaits, avec deux succès en
championnat. Cela va moins bien depuis, avec un nul et deux défaites.
Mais avec un groupe jeune, un entraîneur jeune qui y fait ses
premiers pas, il faut logiquement du temps. « On ne va pas tout
remettre à plat parce que les résultats sont moins là. Il faut
rester optimiste, s'en servir pour fédérer le groupe, il faut
analyser et progresser », juge le coach.
Ce
qui ne l'empêche pas d'avoir des ambitions fortes avec
son équipe, qui doit profiter de cette période aussi pour prendre
de l'expérience : « L'objectif, c'est la R3. Mais au-delà, je me
fixe toujours des objectifs importants, donc ce que l'on vise, c'est
le podium. Il faut de la patience, ce qui compte n'est pas le
résultat, c'est ce que l'on met à l'intérieur, la solidarité, la
volonté de faire les efforts ensemble, l'envie de donner le maximum
», conclut-il.
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