Promu
coach de Thenon cet été en R2, Karim Azizou veut apporter à son
groupe son expérience et ses valeurs sportives et humaines.
Lors du quatrième tour de coupe de France, Thenon a battu Libourne (N3). Un exploit qui semble loin... © FCTLF. |
À
32 ans, Karim Azizou a déjà une vie bien remplie dans le monde du
football, et peut se targuer d'avoir connu beaucoup de choses. Autant
d'expériences qui ont forgé son caractère aujourd'hui, lui le
compétiteur dans l'âme qui met le plaisir au centre de son discours
de coach et de sa façon de voir le jeu.
Né
à Périgueux en février 1985, c'est à Chamiers qu'il prend sa
première licence. Il reste au club jusqu'en moins de treize ans,
avant de rejoindre le club phare des alentours, et seul club
professionnel, les Girondins de Bordeaux. Il y reste six ans, voit sa
formation évoluer, pour passer de défenseur central à latéral, et
voit surtout naître beaucoup d'espoirs.
Une
belle carrière
Très
vite, il intègre l'équipe de France et fait partie de la sélection
des moins de 17 ans. Une génération avec laquelle il est
vice-champion d'Europe en 2002 au Danemark. C'est dans cette
sélection que son poste évolue. « Je n'avais pas le gabarit
suffisant pour évoluer dans l'axe. J'étais encore défenseur
central à Bordeaux, mais c'est à partir de là que j'ai changé de
poste », explique-t-il.
Dans
cette compétition où il dispute les six matchs, il évolue aux
côtés de joueurs ayant réalisé de belles carrières
professionnelles comme Gaël Clichy ou Jimmy Briand. Figurent aussi
Alexis Thébaux dans les buts, Ronald Zubar, Carl Medjani ou
Guillaume Rippert en défense, Christophe Mandanne en milieu, ou
Kévin Lejeune devant. « C'est une superbe expérience, une belle
aventure, très enrichissante humainement », ajoute Karim Azizou.
Sa
formation se poursuit avec la réserve des Girondins de Bordeaux,
jusqu'à vingt ans. Puis, en 2005, il part pour l'Italie. « Mon
agent connaissait un club de Série B qui cherchait un latéral. J'ai
un tempérament de fonceur. Je suis parti d'un coup, je ne parlais
pas un mot d'italien, j'ai pris un avion de Paris à Rome puis de
Rome à Trieste », se souvient-il.
Trieste,
club où il réalise un essai de dix jours avant de signer un contrat
professionnel de trois ans. « C'était une belle opportunité pour
connaître un nouveau championnat. J’ai fait un an et demi à
Trieste, puis j'ai signé en troisième division à Cremonese. Mais
mon club a déposé le bilan en fin de saison comme dix-sept autres
en Italie cette saison-là », explique encore le périgourdin.
Il
tente alors sa chance à l'échelon inférieur, à Lucchese (saison
2007-2008), puis part au Maroc, au Maghreb de Fès, en première
division. De cette expérience dans la Grande Botte, il conserve de
beaux souvenirs tout de même. « Je jouais à un poste en pleine
mutation. En France, on nous demandait de beaucoup participer. En
Italie, on se contentait surtout de défendre, sans prendre aucun
risque. Mais j'ai beaucoup progressé là-bas, j'ai plus appris en
trois ans en Italie qu'en six ans à Bordeaux », avoue-t-il.
Mais
après son expérience marocaine, Karim Azizou dit stop au football
pendant une saison, où il évoque « le besoin de prendre du recul,
sentant une fatigue physique et mentale ». Malheureusement, cette
année-là (2010-2011), il contracte une blessure qui l'éloignera
définitivement du très haut niveau. Il revient en France, joue deux
saisons à Sarlat au plus haut niveau régional, et boucle la boucle
à Chamiers (2013-2016).
De
joueur à coach
L'été
dernier, c'est comme joueur qu'il signe à Thenon. La saison se passe
bien, à tel point que les thenonnais sont promus en R2 à la fin de
l'exercice. Le coach en place, Mickaël Tronche, file à Trélissac
pour intégrer le staff de la N2, et la place d'entraîneur est
vacante. Les dirigeants la proposent à Karim Azizou, qui relève le
défi non sans une certaine hésitation au départ.
Aujourd'hui,
c'est comme entraîneur-joueur qu'il évolue. Et mentalement, ce
cap n'est pas simple à passer. « Faire la part des choses
n'est pas facile, surtout que je suis encore joueur, et que j'étais
simple joueur dans ce même groupe l'an passé », reconnaît-il.
Avoir le recul nécessaire, mettre les barrières aux bons endroits,
pour affirmer son autorité sans être trop à l'écart, tout se
calcule, la position n'est pas évidente.
La
mentalité du néo-coach aide cependant. « Les joueurs savent que je
ne me prends pas la tête. Par contre, j'estime que je dois être à
leur disposition. Donc je dois être exemplaire, j'arrive
quarante-cinq minutes avant pour préparer les séances sur le
terrain... C'est à ce prix-là que je peux ensuite être exigeant en
retour », développe-t-il.
Un
état d'esprit important, un certain détachement qui peut se
comprendre pour celui qui a connu bien d'autres clubs, d'autres
niveaux, et d'autres pressions, et peut aujourd'hui relativiser dans
sa relation avec le monde du football. Le plaisir prend une part
primordiale dans sa vision des choses. La gestion humaine de son
groupe en découle.
Pour
Karim Azizou, tout est une question d'équilibre : « Je suis dans
l'échange, je communique beaucoup. Je n'ai que trente-deux ans, je
suis dans le même monde que mes joueurs, et en même temps, je dois
mettre des barrières. Un de mes joueurs a eu un enfant. Il voulait
venir, c'est moi qui lui ai dit de rester chez lui. Cela fait partie
du management, inconsciemment, c'est bien pour nous deux ».
Jouer
au football
Les
mots du thenonnais sont forts au moment de parler de sa vision du
football. Ce dernier prend les termes de ''Jouer au football'' au
sens étymologique. Un détail qui veut en dire beaucoup sur l'état
d'esprit qu'il veut inculquer à ses joueurs. « Quel que soit l'âge,
le niveau, le plus important c'est le plaisir, le fait d'avoir un bon
groupe », affirme-t-il.
L'an
dernier, c'est avec cette dynamique de groupe très forte que Thenon
a réussi sa saison. Car à la trêve hivernale, l'équipe était en
difficulté. Malgré les ambitions légitimement affichées, elle
figurait en bas de tableau, avec une seule victoire pour trois nuls
et trois défaites. Après une longue discussion de vestiaires, elle
relève cependant la tête.
Elle
enchaîne d'abord quatre victoires en sept journées, assorties d'un
nul et deux défaites. Puis elle finit la saison en boulet de canon,
avec une série de sept victoires et un nul. « Ce que l'on a fait
était un miracle. Cette discussion forte que l'on avait eue à Noël,
on l'a eue dès ce mardi, il ne faut pas commettre les mêmes
erreurs, et se ressaisir plus tôt », explique le coach.
Cette
saison en effet, Thenon est en difficulté dans sa poule, avec un
seul point pris après quatre journées. Surtout, les trois défaites
ont été lourdes (5-1 à Colayrac et FC Graves, 1-7 contre Mérignac
SA). La très belle performance réalisée contre Libourne (N3) en
coupe de France semble loin.
Pour
autant, l'entraîneur qu'il est se veut patient sur le projet, fidèle
à sa mentalité. « Ce qui compte, c'est de construire le projet de
jeu ensemble sur le terrain. J'ai des bons joueurs de ballons, donc
l'objectif est d'avoir la possession un maximum, de faire courir
l'adversaire, de se faire plaisir », insiste-t-il.
Défensivement,
il va tout de même falloir vite progresser, pour sortir de cette
friabilité synonyme de difficultés à ce niveau de compétition. « Il nous a manqué notre leader de défense,
qui pourra apporter à son retour dans ces notions de duels, cette
volonté d'avancer sur les impacts », continue Karim Azizou, qui
voit tout de même des choses intéressantes se produire dans le jeu.
Et
ses idées ne sont de toute façon pas près de changer. Le coach a
des convictions, il veut garder le cap, et ne pas révolutionner sa
politique après quelques résultats défavorables. « J’ai fait le
choix d'avoir des joueurs de ballon. Ce n'est pas pour leur dire de
jouer avec un bloc bas et d'évoluer en contre sur de longs ballons.
On travaille ensemble, on continue d'avancer, il y a des sourires, ça va payer
», conclut-il.
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