samedi 8 avril 2017

Un joueur de devoir

Discret dans la vie comme le vestiaire, Evan Chevalier se transforme sur le terrain, où pour ses coéquipiers comme ses entraîneurs, il est un joueur de collectif par excellence.

Evan Chevalier, formé aux Girondins, est arrivé à Bergerac
à l'été 2015. Il est devenu un élément essentiel du groupe.
© Laurent Guine.
Evan Chevalier est comme tant d'autres joueurs de ses divisions amateurs françaises. Sa carrière a commencé par un centre de formation professionnel. Celui des Girondins de Bordeaux. Du port de la Lune à Bergerac aujourd'hui, le joueur a vécu de nombreuses expériences, qui se retrouvent dans son tempérament, calme, patient, travailleur.
Né à Bruges, très tôt dans le football, il intègre le centre de pré-formation des Girondins de Bordeaux en 2006, dès l'âge de quatorze ans. « Un rêve pour moi qui était supporter du club depuis tout petit. Je pouvais aussi aller à Rennes mais le choix s'est fait tout seul », se rappelle-t-il. Celui qui a grandit dans le Médoc commence à s'éloigner de sa famille, pour la première fois.

Une expérience
Une première expérience à vivre. « A quatorze ans, on n'est pas encore un homme, et aux Girondins j'ai trouvé une deuxième famille. Guy Dubois (intendant général, NDLR) était comme un deuxième père pour nous tous ». Tout se passe vite. Les premiers pas en CFA en 2009-2010. Les premières minutes en Ligue 1 lors de la 32e journée du championnat en 2010-2011 (victoire 2-0 contre Saint Etienne).
Et enfin le premier contrat professionnel au FCGB, d'une durée d'un an, à l'été 2012. Le milieu de terrain est alors prêté au Gazélec Ajaccio, en Ligue 2. « Le prêt ne se passe pas très bien. L'entraîneur qui me voulait est licencié. Un autre arrive, mais le club est instable, ce ne sont pas forcément des conditions optimales pour un jeune comme moi. Le deuxième entraîneur est écarté aussi, et après six mois, je rentre finalement à Bordeaux ». Une expérience difficile, même si Evan Chevalier aura joué onze matchs de Ligue 2.
A l'été 2013, son contrat prenant fin à Bordeaux, il part au Poiré sur Vie, en National. Mais de nouveau, les choses sont compliquées. Pendant les deux saisons, Evan Chevalier se blesse plusieurs fois. L'éloignement se fait sentir aussi. Pour la première fois, il n'appartient plus aux Girondins. « C'est quand on part que l'on se rend compte de la chance que l'on avait, c'est ce qu'il se passe pour moi à ce moment-là. Après six mois intéressants (onze matchs de National), j'ai enchaîné des blessures pendant un an et demi », reconnaît-il aujourd'hui.
En 2015, lorsque l'aventure Bergerac se propose, il la saisit au vol. Le club vient de monter en CFA, et pour lui, il représente « l'occasion de rejoindre un projet ambitieux, dans ma région, et avec des joueurs que je connaissais de Bordeaux comme Mamadou Kamissoko qui était de ma génération, mais aussi Sébastien Bouscarrat ou Romain Dupuy ». « On recherchait un profil de joueur excentré gaucher, il rentrait dans le projet d'un recrutement aquitain et grand Sud-Ouest, et il avait des connexions avec d'autres anciens girondins de groupe », précise Fabien Pujo.

Technique et polyvalent
La saison dernière, à peine arrivé, les qualités de l'ancien girondin se font vite apparentes. Fabien Pujo n'hésite pas, puisqu'il le titularise lors des trois premières journées, en milieu de terrain. Après deux années galères, Evan Chevalier retrouve le plaisir de jouer. Et même s'il connaît quelques difficultés sur la saison, il participera au total à vingt-sept matchs, dont vingt-et-un de championnat.
Pouvant jouer sur tout le côté gauche, Evan Chevalier est
aussi à l'aise défensivement qu'offensivement.
© Philippe Greiller.
« Il a eu des difficultés, mais il s'est vraiment relancé sur la fin de saison quand on l'a utilisé comme latéral gauche. Il est polyvalent », note encore le coach. Toujours très humble et critique sur ses performances, Evan Chevalier l'avoue lui-même, « en venant en CFA je me suis dis qu'il fallait que je fasse des statistiques. En tant que joueur offensif, j'ai été formé dans cet esprit, mais je me suis pris trop la tête avec cela et je n'ai pas joué à mon niveau ».
Une mentalité, une capacité d'analyse, de remise en question, qui font de lui quelqu'un de particulier. Preuve de la capacité du jeune joueur (il aura vingt-cinq ans le mois prochain) à vite trouver des solutions, cette saison, Evan Chevalier a déjà joué plus de matchs que l'an dernier, et surtout cumulé plus de titularisations et donc de minutes sur le terrain.
« J'essaie de prendre plus de plaisir avec le groupe, de prendre confiance, je me focalise moins sur les statistiques et comme par hasard, cela vient tout seul », continue-t-il. Auteur de deux passes décisives l'an passé, Evan Chevalier a déjà marqué trois fois et signé huit passes cette saison. Mais ce qui ressort, c'est surtout sa polyvalence.
Il peut jouer latéral gauche ou milieu gauche dans un système en 4-4-2, mais aussi latéral, milieu relayeur, ou ailier dans un 4-3-3. Il peut aussi évoluer sur le couloir dans un 5-3-2. « J'ai été formé comme joueur offensif. C'est Francis Gillot qui a commencé à m'utiliser comme latéral gauche aux entraînements à Bordeaux. Je suis plus à l'aise sur le couloir, mais après, je ne trouve pas de grandes différences entre les postes d'ailier gauche en 4-3-3 ou de joueur de couloir en 5-3-2 », estime le gaucher.

Le collectif avant tout
Au-delà de cette polyvalence, qui traduit une intelligence de jeu, une compréhension tactique, et une volonté de se mettre au service du collectif, ce sont les qualités techniques du joueur qui sautent aux yeux. Des qualités dans l'air du temps pour un gabarit et un style « à l'espagnole ». Cela tombe bien, Evan Chevalier a des origines ibériques.
Ni très grand ni très costaud (1m75, 60 kg), Evan Chevalier compense par une vivacité, une rapidité dans les appuis et les changements de direction, un gros volume de jeu et une capacité à répéter les efforts sur son couloir. Sa qualité technique dans la passe est évidente, sa simplicité de jeu aussi. Un jeu court, au sol, de petits espaces. « J'aime le beau jeu, avec une ou deux touches de balle, des redoublements de passes », confie-t-il.
Evan Chevalier, ici à l'échauffement en coupe de France
contre Lens, est un joueur important dans la vie du groupe.
© Sylvain Desgroppes.
Tout ce qui caractérise finalement sa façon de voir le football. « C'est le collectif qui fait briller les individualités et non l'inverse. Le groupe est primordial », estime le bergeracois. La preuve par l'exemple. Malgré un temps de jeu plus réduit l'an passé, jamais le joueur n'a montré sa frustration. « Etre une équipe, c'est respecter le collectif. Respecter les choix du coach, respecter le coéquipier qui joue à ma place », explique-t-il.
Pour Fabien Pujo, avoir à sa disposition des joueurs dans cette mentalité ne peut être que facilitateur dans le travail du quotidien. « Il est humble, travailleur, professionnel. C'est un joueur de collectif, attachant, sur qui je peux compter », développe le coach. Des qualités humaines primordiales pour accompagner l'aventure dans laquelle s'est lancée le club.
Quant à Evan Chevalier, il peut aussi transmettre son état d'esprit aux plus jeunes du club, puisqu'il fait partie de l'encadrement autour de la section sportive, pour des joueurs de quatorze et quinze ans. « C'est quelque chose qui m'intéresse beaucoup. Je découvre autre chose, et cela pourrait me servir plus tard dans ma carrière. Je viens de passer mon module arbitrage, dont j'ai besoin pour aller ensuite vers le BMF », précise-t-il.
Mais Evan Chevalier a encore le temps avant d'attaquer peut-être une deuxième carrière dans le football. Pour l'instant, il fait partie intégrante du projet bergeracois lancé sur les deux années, jusqu'en 2018. Et sa mentalité ne peut qu'apporter au groupe : « Il ne faut jamais lâcher, travailler encore. Il ne faut pas penser dans l'immédiat, être patient, le travail paie », conclut-il.

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