vendredi 21 avril 2017

Le portrait de la semaine

Réunis sous les couleurs de Boulazac depuis l'été 2016, Hervé et Rémi Duranthon retrouvent le plaisir de partager les mêmes émotions footballistiques.

Rémi et Hervé Duranthon vivent leur troisième saison ensemble
en senior, la première sous le maillot de Boulazac.
© D.R.
D'un côté, l'aîné, Rémi Duranthon, 31 ans, attaquant et capitaine de Boulazac, club qu'il a rejoint en 2015. De l'autre, Hervé Duranthon, 27 ans, défenseur, qui a rejoint son frère l'été dernier sous les couleurs de l'ESB. Au milieu, Frédéric Muller, un entraîneur tout heureux d'avoir pu compter cette saison sur cette fratrie.
Deux frères aux tempéraments bien différents, l'aîné plus introverti, le cadet plus ouvert et communicatif. Des différences qui dépassent donc le simple cadre technique du terrain. Mais deux frères très proches l'un de l'autre, qui profitent pleinement de leur expérience cette saison et la vivent avec beaucoup d'enthousiasme.

Deux tempéraments
Pour les deux, les premiers pas dans le football ont commencé de la même façon, à Coulounieix/Chamiers, leur club de cœur, celui de leur ville, eux qui ont grandi à Coulounieix. « Le football a toujours été une passion, un échappatoire. Au COCC, cela a été très enrichissant de jouer et d'évoluer dans les meilleures conditions et avec les meilleurs coachs », explique Rémi Duranthon.
En seniors, c'est du côté de Nontron que l'aventure commence. Puis à Thenon, où Rémi croise la route de Frédéric Muller, coach du club, avant d'aller à Trélissac avec l'équipe réserve, puis de rentrer à Chamiers jusqu'à l'été 2015 donc et la venue à Boulazac. Club où il arrive en même temps que... Frédéric Muller.
Un parcours riche, qui lui aura permis de toujours évoluer dans les plus hautes divisions régionales. « Les challenges ont tous été différents, avec des cadres de travail, des conditions différentes, j'ai grandi au fur et à mesure, j'ai évolué et je retire du positif de chaque saison », confie-t-il aujourd'hui avec beaucoup de maturité.
Alors, même lorsqu'une blessure aux ligaments croisés l'éloigne des terrains un an, le passionné qu'il est prend son mal en patience, observe, analyse, pour profiter de cette expérience moins heureuse pour progresser. « C'est exactement 362 jours passés sans ballon, avec les béquilles, puis le kiné... Mais on apprend sur son corps, sur la façon de transmettre des choses, sur l'observation du jeu », développe-t-il.
Cette saison, Rémi Duranthon vit encore une nouvelle expérience. C'est avec le brassard autour du bras qu'il évolue à la pointe de l'attaque boulazacoise. « Je relativise beaucoup les choses, j'ai un tempérament plutôt neutre, et cela a été un peu une surprise d'avoir cette responsabilité. Cela encourage à donner l'exemple, toujours lever la tête, avancer, répondre à la confiance du coach », admet-il.
Pour son frère Hervé, l'évolution a été différente, le tempérament n'est pas le même, mais la passion du football est autant présente. Lui-aussi a fait toutes ses classes au COCC avant de passer en seniors. Les deux frères joueront même deux saisons ensemble à Chamiers. Avant qu'Hervé ne parte pendant deux ans avec Trélissac B, à 24 ans.
De l'école de football à Chamiers comme de son passage à Trélissac, lui-aussi retire beaucoup d'expérience et d'aspects positifs. « A Chamiers, l'école de football avait toutes ses équipes en régional, ce qui m'a permis très tôt d'aborder les aspects de compétition, cela me sert aujourd'hui encore. Et à Trélissac, j'ai côtoyé des joueurs de qualité, qui ont joué plus haut, que j'ai observé et avec qui j'ai pu apprendre », explique-t-il.
A Boulazac, où la fratrie s'est donc réunie, Hervé Duranthon n'est pas qu'un joueur de l'équipe première. Il est aussi éducateur. Un aspect du football qui est venu peu à peu, à Trélissac déjà. « Tout est venu de discussions, d'échanges que j'avais avec des éducateurs. Un jour, je suis passé aider sur une séance pour un atelier jonglage, cela m'a plu », avoue simplement le défenseur.
Depuis, Hervé Duranthon a approfondi son travail, conscient des progrès à effectuer pour continuer à exercer ce travail passionnant mais aussi prenant d'éducateur. « Un joueur amène une vision du jeu, un côté intuitif. Mais j'avais besoin de formation pour m'adapter à ce football, avoir des arguments et un vocabulaire adapté pour transmettre », reconnaît-il.

Des liens forts
Pour l'un comme pour l'autre, difficile de s'imaginer loin des terrains. Tant mieux pour Boulazac, qui a pu bénéficier cette saison de l'expérience, de l'envie, et de la passion de Rémi et Hervé Duranthon. Et tant mieux pour Frédéric Muller, un coach qui a pu utiliser l'intelligence de jeu et l'expérience de ses deux éléments.
En attaque tout d'abord. « Rémi a les deux pieds, il est toujours bien placé, et il a encore une marge de progression. Surtout, il est toujours capable de surprendre, il peut débloquer une situation au moment où l'on s'y attend le moins », explique Frédéric Muller. A l'autre bout du terrain, le coach a pu faire appel aussi à Hervé Duranthon.
« Un bon défenseur, sérieux, qui ne triche pas, avec cet état d'esprit de gagneur, qui aime bien les duels », continue le technicien. Pour les deux frères, c'est l'état d'esprit qui a plu au coach. Un côté humble, besogneux au sens noble du terme, collectif, qui permet de dynamiser une équipe, et de s'y intégrer parfaitement et rapidement.
Surtout, c'est la possibilité de réunir la fratrie qui a séduit Frédéric Muller, qui l'a fait également avec Julien et Geoffrey Raynaud. « Avoir une fratrie sur la pelouse me plaît. Pour le travail d'un coach dans le management, la vie du groupe, cela aide et fait gagner du temps », avance tout d'abord le technicien.
En effet, pour lui, « deux frères auront forcément un côté très solidaire, encore plus l'un envers l'autre. Cela génère beaucoup d'empathie, et en plus, l'un sera toujours là pour rattraper l'autre lorsqu'il s'écarte du groupe ou qu'il est moins bien psychologiquement », développe Frédéric Muller, forcément sensible à ses valeurs, lui qui les met au centre de son travail.
Pour Rémi Duranthon, avant même de parler technique et football, le sentiment est humain : « C'est la fierté qui domine. Je n'ai qu'un frère, que l'on puisse jouer tous les deux sous le même maillot et à ce niveau, c'est forcément un plaisir, on n'a pas tous la chance de pouvoir le faire ». Une fierté, une chance, voilà des termes qui mettent en avant le dynamisme et la bonne humeur que mettent les deux frères au sein de l'équipe.
Car le plaisir est évidemment partagé par Hervé. « Ensemble, on se sent plus fort, dans la vie comme sur le terrain, et cela se ressent. Avant le match par exemple, on se met un petit coup de tête, c'est notre truc », glisse-t-il avec amusement. Cette connexion mentale, humaine, dans la motivation, s'observe aussi techniquement.
« On se connaît par cœur, il y a des automatismes, on sait où trouver l'autre », continue Hervé Duranthon. « Il y a des choses que l'on n'a même pas besoin de se dire, tout se fait plus vite, plus facilement, c'est instinctif, la connexion est évidente », continue son grand frère. Pour les deux, à quatre journées de la fin, pas de raison de bouder son plaisir.
La montée est toujours en ligne de mire. « Si l'on fait du football, comme c'est le cas pour nous depuis longtemps, c'est pour vivre de belles choses, des moments comme ceux que l'on vit actuellement. Le vivre en plus avec son frère, c'est fort, cela donne envie d'en profiter encore plus », conclut Hervé Duranthon.

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