mercredi 1 février 2017

L'exploit des bergeracois

Le BPFC a signé une qualification historique pour les 8e de finale de la coupe de France en disposant du RC Lens 2-0 au terme d'un match solide.

Déterminés et sûrs de leur force, les bergeracois sont allés
chercher leur qualification logiquement face aux lensois.
© Laurent Guine.
L'exploit leur tendait les bras. Ils n'avaient rien à perdre face à des professionnels, les bergeracois. Juste à saisir leur chance, pour faire de ce match déjà historique quelque chose de fabuleux. Personne ne leur en voudrait de s'incliner face aux professionnels du mythique club du RC Lens. Une victoire serait elle synonyme d'exploit pour le public, comme prévu nombreux au stade Gaston Simounet.
Alors, dans la lignée d'un coach toujours inspiré par un élan de confiance, de sérénité, de calme, les bergeracois ont préparé tranquillement ce match. Ils l'ont préparé pour mettre en forme leur exploit, qui est finalement presque une normalité. Les dix jours qui auront précédé le match n'auront donc été que travail, concentration, et plaisir.
Pour arriver au match détendu, comme en témoignent encore les blagues et les sourires entre les joueurs à quelques encablures du coup d'envoi. Le reste, c'est un coup tactique du travailleur et pointilleux coach Fabien Pujo, qui relance son 5-3-2, et une mise en application parfaite par les joueurs de tout ce qui avait été demandé.
Dès le coup d'envoi, l'évidence saute aux yeux. Le staff bergeracois a remis au goût du jour son 5-3-2. Un système qui n'est certes pas le plus couramment utilisé (le BPFC évolue le plus souvent en 4-3-3), mais que Fabien Pujo a déjà mis en place trois fois en championnat (5e journée à Chartres, 11e journée à Trélissac, 15e journée à Lorient), et deux fois lors de précédents tours de coupe à Doazit (6e tour) et à Balma (8e tour) cette saison.

Maîtrise tactique
Des matchs très ciblés, avec un terrain en mauvais état, ou face à un adversaire aux multiples profils offensifs dangereux. Et le système tactique fonctionne. La ligne de cinq est parfaitement en place derrière, et ne perd pas de duels. Juste devant, Bangré et Covin entourent Jamaï, et sortent chacun de leur côté, abandonnant la zone opposée au ballon. Devant, le duo d'attaque gêne les relances et reste haut, représentant un danger permanent pour la défense adverse.
A l'image de Zidane, la défense du BPFC se sera montrée
sérieuse et appliquée toute la rencontre.
© Laurent Guine.
Bergerac n'est pas spectaculaire, mais Bergerac est efficace. Sobre, et efficace, en défense comme en attaque. La première situation dangereuse dans une surface de réparation est ainsi à mettre à l'actif des locaux. Sur un long ballon à destination de Bouscarrat, omniprésent dans les duels aériens, Bergerac obtient une touche à vingt mètres côté gauche. Pinto est servi, déborde, et centre pour son compère de l'attaque, dont la tête plongeante au premier poteau est contrée au dernier moment (8e).
La défense lensoise se dégage mal, Chevalier récupère à trente mètres, temporise puis trouve Pinto dos au but à l'entrée de la surface. Ce dernier remet en retrait pour Bangré dont la frappe passe à côté (9e). Deux exemples parfaits du jeu bergeracois. Un jeu long dès la récupération pour aller chez l'adversaire, et toujours autour d'un bloc resserré, une pression plus haute dans un deuxième temps.
Lens, sur le podium de la Ligue 2 mais qui sort de deux défaites consécutives en championnat, n'est pas serein. Alain Casanova a fait tourner, même si son équipe de départ compte six joueurs ayant participé à au moins huit rencontres de championnat cette saison. Et si les nordistes paraissent en contrôle, le rythme et la prise d'initiative manquent cruellement.
Dolivet n'est jamais en danger. C'est Bergerac qui au contraire met facilement la défense lensoise sous pression par de longs ballons. Fabien Pujo avait là encore apporté cette information à son groupe : dès que le ballon entre dans les trente derniers mètres, Lens est fragile. La preuve encore sur ce long coup-franc axial. Pinto est sur un premier duel, Bouscarrat s'impose encore dans les airs sur le deuxième ballon, et Pinto, dos au but, parvient à frapper en se retournant. C'est à côté (17e).
Fuchs élimine son vis-à-vis. Quelques secondes plus tard,
son centre trouvera Bouscarrat pour l'ouverture du score.
© Laurent Guine.
Alors que les lensois n'ont toujours pas cadré la moindre frappe, le premier éclair de la soirée arrive. Une fois le ballon maîtrisé en haut, Bergerac ressort. Côté droit, Pinto décale Fuchs. Le long de la touche, ce dernier élimine d'un ballon piqué Scaramozzino qui se jette, puis avance, et enroule son centre. Au second poteau, à sept mètres du but, Bouscarrat prend le dessus sur Duverne pour loger sa tête dans la lucarne de Vachoux (1-0, 39e).

De l'émotion pure
Après une timide réaction du RC Lens par son milieu de couloir Autret, dont la frappe est captée par Dolivet, les bergeracois sont même proches de doubler la mise. Sur un coup-franc le long de la ligne de sortie de but, le gaucher Chevalier envoie son centre enroulé en direction du second poteau, où Bouscarrat se jette en même temps que son vis-à-vis Duverne, le ballon finissant sa course juste à côté du but...
Auteur du deuxième but, Covin peut laisser éclater sa joie.
© Laurent Guine.
Le stade peut commencer à s'enflammer en raccompagnant les joueurs aux vestiaires, c'est bien Bergerac qui bascule en tête à la pause. Et fait chavirer ses supporters en tout début de seconde période. Pinto s'échappe à droite de la surface, prend le temps de regarder les déplacements de ses partenaires et ajuste son centre. Lancé au second poteau, Covin reprend le ballon de volée du gauche pour le loger d'où il vient dans le petit filet d'un Vachoux impuissant (2-0, 47e).
Si le match est encore loin d'être plié, l'exploit prend de plus en plus forme. Alain Casanova précipite ses trois changements, en faisant entrer trois joueurs offensifs habituellement titulaires en Ligue 2 : la doublette d'attaquants Lopez Santamaria et Fortuné, ainsi que le milieu de couloir droit Gérard. Mais à l'heure de jeu, le score n'a pas bougé, alors que les bergeracois endorment le match.
Gérard fait passer un frisson dans le stade, mais alors qu'il traîne sur un ballon anodin au second poteau, il ne peut reprendre dans de bonnes conditions (68e). Bergerac, toujours en 5-3-2 après la sortie de ses deux buteurs, gère son avantage. La ballon est abandonné aux visiteurs, qui manquent de percussion, de vitesse dans les enchaînements pour créer le décalage.
Dolivet aura été vigilent jusque dans les derniers instants.
© Laurent Guine.
Lopez Santamaria est cependant très dangereux. Sur un long ballon de l'ancien lorientais Autret, il parvient à contrôler de la poitrine au niveau du point de penalty puis frappe en pivot. Dolivet se détend et détourne en corner du bout des gants (79e). Omniprésent, l'attaquant espagnol, meilleur buteur lensois en championnat avec six réalisations, se heurte encore et toujours à Dolivet (86e, 87e).
Jamais le RC Lens ne trouvera le chemin des filets dans cette soirée historique. Bergerac s'impose 2-0 et crée l'exploit de ces 16e de finale. Pour la première fois de son histoire, le club se hisse parmi les seize derniers représentants en coupe de France. Une performance majuscule dignement fêtée par les joueurs avec le public nombreux et festif tout au long de la rencontre.
Fabien Pujo : « On avait préparé ce match, on a eu dix jours pour cela, c'était un challenge à relever face à plus fort que nous au départ, donc on a beaucoup préparé en réfléchissant à ce que l'on pourrait faire pour les mettre en difficulté. Et ce 5-3-2 choisi n'est pas une option nouvelle non plus, les gars savaient ce qu'ils avaient à faire. Le premier but nous renforce et les fragilise. Le deuxième d'entrée de seconde période les enfonce. Mais jamais on ne sent que cela tourne pour nous, sur le banc, on est resté dedans, concentré, en tension jusqu'à la fin de la rencontre ».
Sébastien Bouscarrat : « On savait qu'ils sortaient de deux défaites et voudraient faire la différence très vite. Mais on bosse depuis dix jours, on a pu faire tout ce que l'on voulait autour des consignes et du système mis en place, et on marque aux bons moments pour leur faire mal. Malgré tout, on souffre jusqu'au bout, on l'a vu contre Rodéo, on ne sait jamais ce qu'il peut se passer, donc on est resté concentré. C'est une joie immense ».
Paul Maso : « La première chose qui vient après ce match, c'est de l'émotion, pour de nombreuses raisons. Déjà pour le président, car on a traversé beaucoup de situations en douze ans, qu'il est toujours présent et construit ce club. Mais aussi pour les bénévoles et tous les gens qui travaillent pour que le club avance. Enfin, il y a beaucoup d'émotions pour la famille Dolivet notamment qui vit des moments difficiles et à qui tout le BPFC s'associe ».

Bergerac – Lens

Mi-temps : 1-0
Score final : 2-0

Buteurs : Bouscarrat (39e), Covin (47e) pour Bergerac.

Avertissements : Zukanovic (41e), Zedadka (68e) pour Lens.
Expulsion : 0

Bergerac : Dolivet – Fuchs, Zidane, Kamissoko (cap.), Lacrampe, Chevalier – Bangré, Jamaï, Covin (Mohamed, 74e) – Bouscarrat (Dia, 64e), Pinto (Mayenga, 83e). Entraîneurs : Fabien Pujo, assisté de Christophe Hugot. Remplaçants : Bertho, Dufeal, R. Gérard, Loustallot.

Lens : Vachoux – Zedadka, Duverne, Lala, Scaramozzino – Beghin, Koukou, Bellegarde (Fortuné, 58e) – Erasmus (A. Gérard, 53e), Zukanovic (Lopez Santamaria, 48e), Autret. Entraîneur : Alain Casanova. Remplaçants : Bourigeaud, Douchez, Lala, Zoubir.

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