lundi 9 janvier 2017

Que d'émotions

Le BPFC aura vécu un vrai match de coupe de France face à Rodéo, pour obtenir une qualification historique en 16e de finale au bout du suspense.

L'émotion était forte pour les joueurs bergeracois, qui
prolongent encore leur aventure en coupe de France.
© Laurent Guine.
La stupeur. Puis le soulagement. Avant la pression, puis la libération. Mais ensuite l'effondrement. Et au bout de l'après-midi la délivrance. Voilà ce qu'auront traversé les bergeracois tout au long de leur 32e de finale face au Toulouse Rodéo (CFA2). La qualification aura été acquise dans la douleur, mais elle est bien là.
Si la rencontre aura été si difficile, c'est tout d'abord à cause d'une entame de match catastrophique. Le pire quand on affronte un adversaire hiérarchiquement inférieur et de lui laisser croire que l'exploit est possible. C'est ce que fait pourtant Bergerac. On joue depuis moins de deux minutes. Sur un ballon perdu au milieu de terrain, Bergerac semble se dégager. Mais Rodéo insiste sur le couloir gauche. Un centre rentrant qui semble anodin tombe au premier poteau. Pourtant seul, Kamissoko, qui court vers son but, plonge et dévie le ballon de la tête dans le but de Dolivet...
Une minute plus tard, et Bergerac commet une nouvelle erreur grossière dans la construction du jeu... Les hommes de Fabien Pujo ont visiblement du mal à gérer toute la pression de cette rencontre, et déjouent complètement. Pas Rodéo, qui est évidemment surmotivé par cette ouverture du score précoce.

Le réveil du BPFC
Il faut attendre la 11e minute pour voir la première frappe du match pour le BPFC, par Chevalier, qui sera le meilleur bergeracois samedi, par son activité sur toute la largeur du terrain, sa justesse technique, les solutions qu'il aura proposé. Rodéo répond par Mediene, dont la frappe ne trompe pas un Dolivet vigilent (15e).
Après vingt minutes de souffrance et d'approximations dans le jeu pour Bergerac, qui s'en remet à de longs ballons devant le manque criant de solution, le match change de physionomie. Les joueurs de couloirs Pinto et Chevalier rentrent au cœur du jeu, et ce sont eux qui apportent les solutions de jeu court vers l'avant et permettent enfin aux locaux de montrer leur supériorité.
Damien Mayenga a redonné espoir à son équipe
en égalisant avant la pause.
© Laurent Guine.
Sur un centre de Pinto, Mayenga voit sa tête décroisée passer juste à côté (26e). Six minutes plus tard, c'est le soulagement. Sur une action bien construite, de la droite vers la gauche, puis de nouveau jusqu'au couloir droit de Pinto, Bergerac se montre une première fois dangereux. La récupération haute du ballon permet ensuite à Chevalier de trouver Mayenga dans l'intervalle à l'entrée de la surface. La première frappe de l'attaquant bergeracois est stoppée par le portier adverse, pas la deuxième (1-1, 33e).
Dans un temps fort, le BPFC aurait même dû doubler la mise avant la pause. Chevalier trouve tout d'abord la barre (35e), puis Mayenga et encore Chevalier ne parviennent pas à inquiéter Coulibaly sur des frappes lointaines (39e). Le milieu bergeracois toujours impliqué sur un débordement côté gauche, mais Bouscarrat, à la réception de son centre, voit sa déviation au premier poteau passer au-dessus (44e).

Manque de rythme
Devant une telle domination, les supporters bergeracois peuvent commencer à se rassurer sur le devenir du match. Mais le scénario change très vite en deuxième période. Après six minutes de jeu, une faute grossière de Khazri vaut au milieu défensif de Rodéo un rouge logique. Mais comme souvent, en particulier cette saison, jouer en supériorité numérique n'aide pas forcément le BPFC.
En-dehors d'une grosse occasion pour Dufeal (66e), les débats s'équilibrent. Certes, Bergerac a le plus souvent le contrôle du ballon. Mais jamais en apportant une menace réelle sur le but du solide Coulibaly. Tant et si bien que ce sont les banlieusards toulousains qui se créent une très grosse occasion. Comme souvent suite à un très bon travail de Chenine, l'entrant Ndiaye se retrouve esseulé à l'angle des six mètres, mais croise trop sa frappe devant Dolivet (73e).
Le portier bergeracois montre ses qualités dans ces matchs de coupe qui lui sont réservés. La preuve avec sa bonne gestion du dernier ballon chaud dans le temps réglementaire, avec une bonne sortie au milieu de deux joueurs de Rodéo sur un long coup-franc (89e). Il va falloir en passer par une prolongation toujours aussi stressante, pour les joueurs, le staff, comme les supporters.
Rodéo n'est pas loin de refaire le coup de l'entame de match. Après une minute et demie de jeu, Zalmate est à la réception d'un long ballon à l'entrée de la surface. Dos au but, il se défait de trois joueurs, puis voit sa frappe, contrée au dernier moment, échouer sur le poteau... De quoi enfin réveiller les bergeracois. Un sursaut qui passe par le pied de Chevalier.
Mathieu Dufeal a bien choisi son moment
pour inscrire son premier but sous les couleurs du BPFC.
© Laurent Guine.
Couloir gauche, ce dernier envoie un centre enroulé à mi-hauteur, travaillé entre les défenseurs et le gardien. Plein axe, Dufeal coupe la trajectoire du ballon et d'un plat du pied permet à son équipe de passer en tête (96e). Quatre minutes plus tard, les anciens palois s'illustrent. Covin adresse un coup-franc côté droit de la surface sur lequel Jamaï se jette au premier poteau. Sa déviation du bout du pied passe devant le but sans que personne ne la reprenne.
Bergerac semble maîtriser sa fin de match. En fin de prolongation, le portier sénégalais Coulibaly sauve son équipe en détournant à bout portant une frappe de Bangré. Dans la minute qui suit, c'est une frappe enroulée de Covin que Coulibaly dévie du bout des doigts en corner (120e). Le temps additionnel s'éternise...
Sur un dernier ballon de contre-attaque, après trois minutes d'arrêts de jeu, Rodéo obtient un corner. Tout le monde, jusqu'au gardien, est dans la surface. Plein axe, c'est le grand défenseur central Goncalves qui propulse le ballon de la tête dans les filets. Comme à Lorient juste avant la trêve, Bergerac encaisse un but au bout du temps additionnel en étant en supériorité numérique.

L'aventure continue
C'est par la loterie des tirs aux buts que les deux équipes vont ainsi se départager. Le capitaine Cherfa s'élance en premier mais tire au-dessus. Mais Bangré voit sa frappe arrêtée. Faty puis Chevalier marquent. Le buteur Goncalves voit à son tour son tir arrêté par Dolivet, puis Fuchs donne l'avantage à son équipe.
Quand Haraoui tire au-dessus, Dufeal se voit proposer une première balle de match. C'est au-dessus. Sainrimat inscrivant sa tentative, tout repose sur Covin. Spécialiste des penaltys à Pau, le milieu de terrain restait sur deux échecs avec Bergerac cette saison. Solide mentalement, il trouve cette fois le petit filet droit de Coulibaly et envoie son équipe en seizième de finale.
Un niveau historique pour le club. Dimanche soir, aux alentours de 20h, ils étaient ainsi plus d'une dizaine de joueurs à être rassemblés à Campréal pour vivre ensemble le tirage au sort, en direct du Parc OL sur Eurosport. Un tirage à suspense, encore, puisque sur les trente équipes qualifiés (deux matchs restent à jouer), seules cinq équipes, dont Bergerac, sont de niveau CFA ou en-dessous.
Il faudra attendre quarante minutes de direct et le tirage de la treizième rencontre sur seize pour enfin connaître le sort de Bergerac. Qui recevra le Racing Club de Lens (L2). Pour Jonathan Bertho, latéral gauche arrivé cet été à Bergerac et une des grandes satisfactions au BPFC, ce tirage est intéressant : « C'est une équipe prestigieuse de L2, longtemps en L1 par le passé. Tirer une équipe de National en s'y déplaçant, cela aurait été dur pour nous. Là, on joue à domicile, contre une grosse équipe, ce tirage nous va très bien ».
Les joueurs bergeracois réunis devant Eurosport à Campréal
pour découvrir leur adversaire en 16e de finale.
© Sylvain Desgroppes.
Parmi les autres joueurs présents, Pierre Jamin, absent des terrains depuis le 17 septembre dernier et sa blessure au genou lors de la réception du Paris Saint Germain, revient sur sa situation particulière au sein de l'équipe, avec cette aventure que vit le groupe : « On vit les choses différemment, les émotions ne sont pas les mêmes, mais je vis les choses aussi intensément quand même, c'est une superbe aventure, et je reste à fond avec le groupe », confie-t-il.
Parmi les belles anecdotes que livre ce tirage au sort, effectué par les deux internationales de l'Olympique Lyonnais Wendy Renard (France) et Alex Morgan (Etats-Unis), celles d'Anthony Loustallot et de Cheikh Bangré, formés à Toulouse et qui ont bien connus le coach lensois actuel Alain Casanova. « Pour nous, c'est exceptionnel. Et personnellement, je retrouve un coach qui a compté dans ma jeunesse, c'est lui qui m'a amené dans le groupe professionnel lorsque j'étais à Toulouse. C'est un clin d’œil à ma formation aussi », note le milieu du BPFC.
« C'est un grand club français, avec une histoire. Contre une autre équipe de L2, cela aurait été différent. Mais Lens, c'est une équipe de L2 qui fait penser à une équipe de L1, que tout le monde connaît, on est très content de ce tirage. Il y aura une grosse ambiance au stade, et consciemment ou pas, on sera encore plus motivé, maintenant, ce sont nous les petits. Mais il faut aussi rester serein. La coupe nous tient à cœur, mais on doit rester concentré sur nos deux objectifs, la coupe et le championnat », conclue Mamadou Kamissoko.


Fabien Pujo est un entraîneur heureux.
© Laurent Guine.
Fabien Pujo : « On savait que ce serait compliqué, car même si l'on était chez nous, il y avait toutes les caméras, la garniture des panneaux autour du stade et l'organisation de la FFF, l'obligation de gagner car l'adversaire était de CFA2... Le discours était donc de rester calme, de garder de la sérénité, de croire en nous. On se rajoute une difficulté avec ce but d'entrée, qui met notre adversaire dans un état psychologique favorable. On égalise, puis avec le fait de jeu et le carton rouge, on passe vite à trois derrière. A 2-1, on doit ensuite mieux faire dans les volontés offensives. On a voulu gérer, mais en coupe, ce n'est pas possible. On passe finalement aux tirs aux buts, en ayant vécu beaucoup d'émotions fortes comme jamais jusqu'alors. C'est un point positif pour la construction du groupe, ce sont des souvenirs en commun ».

Bergerac – Rodéo

Mi-temps : 1-1
Score final : 2-2 (3 tab à 2)

Buteurs : Mayenga (33e), Dufeal (96e) pour Bergerac. Kamissoko (2e, csc), Goncalves (120e+3) pour Rodéo.

Avertissements : Jamaï (62e) pour Bergerac. Zalmate (17e), Viltard (84e), R. Aouada (99e) pour Rodéo.
Expulsion : Khazri (51e) pour Rodéo.

Bergerac : Dolivet – Zidane, M. Kamissoko (cap.), Lacrampe, Bertho (Covin, 71e) – Pinto (Dufeal, 57e), Jamaï, Fuchs, Chevalier – Bouscarrat (Bangré, 91e), Mayenga. Entraîneurs : Fabien Pujo, assisté de Christophe Hugot. Remplaçants : Choury, Didion, Loustallot, Mohamed.

Rodéo : Coulibaly – R. Aouada, Cherfa (cap.), Goncalves, Viltard – Mediene (Ndiaye, 71e), Medjahri (Haraoui, 83e), Kharzi, Chenine – Faty – Zalmate (Sainrimat, 96e). Entraîneur : Mélanie Briche. Remplaçants : K. Aouada, Belle, Hadefi.

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