vendredi 23 novembre 2018

Le portrait de la semaine

Promu en régional, Brantôme connaît des débuts compliqués. État des lieux des exigences de la R3 et des manques actuels de l'équipe.

L'effectif qui a fait la montée l'an dernier en R3
est à l'ouvrage cette saison, à un niveau exigeant.
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Dans un championnat de R3 très exigeant et à plusieurs vitesses en raison de la réforme de l'été dernier mélangeant des clubs promus de district avec des clubs de R4, mais aussi des clubs expérimentés de R3 voire descendant de R2, Brantôme se retrouve, comme la plupart des équipes provenant de D1, en difficulté. Les festivités du mois de mai dernier, célébrant la remontée en régional, vingt et un an après, sont loin...
S'extirper du championnat du district était déjà une performance en soi, qui n'était pas comprise dans la feuille de route initiale du club en septembre 2017. « L'an dernier, monter n'était pas un objectif. Je sentais que l'on avait un groupe pour le faire, mais il fallait que les joueurs en aient conscience », commence le coach Franck Puybonnieux. Sixième à la trêve, ce n'est qu'en janvier que son équipe passe un cap.
« Cela a pris du temps. On a beaucoup travaillé à la trêve, les joueurs m'ont suivi. Et lors du match de reprise en janvier, on bat la réserve de Boulazac, l'un des favoris, ce qui a créé une prise de conscience au sein du groupe », continue le coach. Partant de loin, Brantôme doit attendre l'avant-dernière journée pour enfin valider son billet pour le régional, en finissant deuxième derrière Montignac, et juste devant... Boulazac B.

Double montée
Mais la situation est particulière. En raison d'une réforme des championnats en régional, le dernier niveau, la R4, disparaît. « On regardait cela de loin au départ. Et quand on a su officiellement que l'on montait, on a vu que la réalité de la réforme serait une suppression de la R4, et donc une accession directe de district à R3. C'est un grand saut », concède Franck Puybonnieux. C'est presque face à une double montée que le CAB est confronté.
La première mission de l'été a donc été de recruter, avec un objectif clair : trouver un joueur par ligne, pour renforcer l'effectif et former un groupe d'une vingtaine de joueurs. Avec le recul aujourd'hui, la satisfaction n'est pas totale pour le coach : « l'objectif du mercato a été atteint en quantité, mais raté quand même pour moi et le président, on n'a pas fait ce que l'on aurait souhaité ».
Après le recrutement, il a ensuite fallu se pencher sur la préparation estivale. Fort de son expérience avec Antonne en senior ou avec les U17 régionaux de Trélissac par le passé, Franck Puybonnieux savait que la préparation athlétique devrait être importante pour son groupe : « Plus on monte, plus les impacts sont durs, plus le temps de récupération est faible, et plus le temps de jeu effectif est élevé ».
Si physiquement, la préparation a donc été intense, mentalement, le coach a aussi préparé son groupe, et lui a donné quelques repères. Ainsi, les deux seuls matches amicaux programmés ont été face à des équipes bien ciblées, les U18 de Trélissac, qui jouent en DH, et Antonne, qui évolue en R2. « L'idée était d'entrer de suite dans le vif du sujet, face à de jeunes équipes, pour voir le rythme à mettre et être performant dès le départ », explique le technicien.

Bien défendre
Enfin, pour aussi se rassurer, Franck Puybonnieux pouvait s'appuyer sur une base solide de l'année dernière, la défense. En vingt-deux journées, les périgordins n'ont encaissé que treize buts dans leur championnat de D1. « En regardant de la R1 à la D4, on était la troisième meilleure défense de toute l'Aquitaine. Même s'il faut relativiser ce chiffre car on a conscience que l'on était en district », lance le coach brantômais.
Bien défendre, un concept, très travaillé, un ensemble englobant de multiples aspects du jeu, un état d'esprit, une philosophie partagée par le coach avec son groupe. « Mon objectif c'est de gagner 1-0, quand certains entraîneurs préféreront gagner 4-3 », admet très vite Franck Puybonnieux. Pour autant, son idée de défense ne consiste pas à rester en un bloc bas solide, sans rien proposer en termes de jeu.
Au contraire. Le premier aspect qu'évoque le coach concerne justement la possession. « La question est d'avoir le ballon, et surtout de comprendre où avoir le ballon. Dans nos trente mètres, on ne doit pas se mettre en danger, là j'admets que l'on saute des lignes. Ensuite, il y a des zones où l'on peut jouer, dans le camp adverse, là où la perte de balle n'est pas dangereuse », détaille-il. Moins l'adversaire a le ballon, moins il sera capable de porter le danger.
Autre aspect de la défense, le travail de repositionnement à la perte du ballon, le rôle de premiers défenseurs que doivent assimiler les attaquants. « C'est une prise de conscience individuelle. La question à se poser, c'est ''Qu'est-ce que je peux faire pour rendre service à mon équipe'' », estime Franck Puybonnieux. « Enfin, sur le bloc-équipe, l'idée est de s'adapter à ce que propose l'adversaire, logique puisque c'est lui qui a le ballon », conclut-il.

Apprentissage difficile
Malgré tout, sportivement, le début de saison est raté. Brantôme a été éliminé de la coupe de France dès le premier tour chez un club de R3, a cédé au quatrième tour de la coupe de Nouvelle-Aquitaine chez un club de district, et ne compte que deux points après six journées de championnat, malgré quatre matches joués à domicile. Le tout avec la pire attaque mais aussi la pire défense de la poule F.
Le premier problème est d'ordre physique. « Sur quatre matches à domicile (deux nuls et deux revers, NDLR), on n'a jamais pris de buts avant la 55e minute. C'est à l'heure de jeu que l'on coince. Tout se joue plus vite, et même s'il y a du déchet, il y a beaucoup de jeu, cela use », estime le brantômais. Physiquement, techniquement, face à des équipes où il y a de moins en moins de faille au fur et à mesure que le niveau monte, le CAB est un cran en dessous.
Tactiquement aussi, il faut travailler, face à des effectifs plus expérimentés. « On est en difficulté sur la transition. À la perte du ballon, on n'a pas conscience que dans les cinq secondes qui suivent, on peut être en danger. Par rapport au district, il faut réagir de suite », développe le coach. Les moyens d'action sont réduits pour ce dernier : « Un entraîneur a peu de marge de manœuvre sur le mental. Il faut une prise de conscience des joueurs ».
En attendant peut-être un déclic, le championnat avance. Si seulement six journées ont été disputées, la fin d'année 2018 va être importante, avec quatre weekends de championnat. Dans une poule où deux ou trois groupes d'équipes sont en train de se distinguer, Brantôme va jouer le maintien. « On doute, mais on reste dans l'action. On se fixe de petits objectifs, comme celui de gagner deux des quatre matches à venir », annonce le coach.
« Dans tous les domaines, ce sont plein de petites choses, qui, mises bout à bout, font la différence. Même si on va continuer de travailler, il y a forcément une perte de confiance. Mentalement, on doit évoluer. La montée en régional, on l'a obtenu, donc si pour l'instant on n'a pas le niveau, on mérite en tout cas d'y être et on va tout faire pour le montrer », conclut Franck Puybonnieux.

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