vendredi 5 janvier 2018

Le BPPH prépare l'avenir

Avec le centre de préformation lancé cet été par l'entente que forme Bergerac avec Montpon, Sainte Foy la Grande et La Force, l'idée est de construire l'avenir du club.

En bas, les joueuses du centre de pré-formation, avec le groupe N1
et les dirigeants lors de la présentation officielle à Lascaux.
© Sylvain Desgroppes.
C'est une initiative courageuse, une initiative dynamique et porteuse d'espoir. Emmené par Christophe Grellaud, le centre de préformation du Bergerac Périgord Pourpre Handball a été créé au printemps 2017 avec l'ambition de développer une filière féminine locale pour alimenter les équipes seniors du club. Un projet qui s'est construit avec beaucoup de rigueur, parfois dans la difficulté, pour mettre en place tous les aspects du dossier.

Les prémices de l'aventure
Les premières idées autour du centre de préformation remontent à 2015 chez Christophe Grellaud. Mais mener un tel projet dans une petite commune comme Montpon était alors trop compliqué... « En se mettant avec Bergerac, tout est devenu plus simple, notamment pour la logistique, avec la présence de lycées par exemple », explique ce dernier.
C'est en effet l'entente avec Bergerac qui est l'élément déclencheur. Elle offre la possibilité d'une structure enfin suffisante pour lancer le projet. Le contexte dans le monde du handball se prête aussi à de telles initiatives. « À la suite d'une réforme, les pôles espoirs ont décidé de ne garder que peu de joueuses. Ils en intègrent soixante, mais en gardent seulement huit. L'objectif est de proposer quelque chose aux autres filles », explique Christophe Grellaud.
Lui-même handballeur jusqu'à seize ans, c'est après s'être orienté dans l'athlétisme au cours de sa carrière militaire qu'il est revenu à son sport de prédilection au début des années 2010, à Montpon. Il y a travaillé au développement de toute la filière féminine, coachant les joueuses de -13 ans à seniors. L'entente se mettant en place, il a ensuite beaucoup œuvré avec le manager du BPPH Michel Cassier, assurant la liaison et l'harmonisation des politiques chez les jeunes.
C’est ainsi en mars 2017 que son projet, qu'il a déjà bien préparé, refait surface. Cela se heurte cependant à un problème de taille. « Le centre n'étant pas une structure fédérale, on ne peut pas obtenir de dérogation pour que les joueuses puissent changer de lycée. On a donc opté pour la solution de les placer dans des familles d'accueil », résume le formateur.
Le programme est lancé, mais les embûches sont nombreuses. Il s'agit en particulier de trouver les familles volontaires pour accueillir les jeunes joueuses. « Il y a une thématique sociale qui me tient particulièrement à cœur, c'est la relation entre les jeunes et les personnes âgées. Quatre de nos joueuses sont par exemple chez une personne âgée qui vivait seule », lance Christophe Grellaud.

Une lourde logistique
Autre aspect, au centre de la construction du projet, de la volonté des formateurs et du club, et qui permet d'intégrer les parents et de les rassurer, le scolaire. « On veut que les filles soient sérieuses, rigoureuses, dans le handball mais à côté aussi. On a un suivi scolaire qui a été mis en place », continue-t-il. Estelle Garrigue et Myriam Gauffre, joueuses et dirigeantes du BPPH, accompagnent ainsi les joueuses.
Si ces dernières rencontrent des difficultés pour assumer la charge de travail, et garder un niveau scolaire suffisant, une à deux séances peuvent être temporairement supprimées. Si elles sont blessées, les joueuses viennent aussi au gymnase pendant les entraînements, et peuvent y effectuer leurs devoirs... Une cellule médicale permet aussi de surveiller l'évolution de jeunes filles qui doivent encaisser un rythme de vie intense, avec six séances par semaine.
Organiser un tel programme est lourd également pour le club, surtout quand le développement et l'équilibre individuel des filles restent au cœur des raisonnements. Ainsi, la plupart d'entre elles rentrent dans leurs familles le mercredi soir. Le mercredi, où deux séances sont organisées, celles-ci sont nourries au gymnase, par une bénévole du club qui vient cuisiner. Enfin, il a fallu mettre sur place une tournée avec un minibus du club pour véhiculer l'ensemble des joueuses.
Autant de points qui peuvent vite devenir des limites. Tout le travail de Christophe Grellaud est donc de réguler le nombre de joueuses du centre, et de développer des alternatives en termes de moyens logistiques. « On sera vite limité en nombre. De toute façon, on a un objectif de formation basé sur le développement de savoir-faire individuel, donc on a décidé d'avoir quatorze joueuses maximum ».
Des joueuses réparties sur trois années d'âge, système parallèle aux trois années de -18 ans et au lycée. Pour cette première promotion, neuf ont été sélectionnées lors d'une journée en mai, toutes nées en 2002. Ces joueuses continueront en deuxième année, puis lors de leur troisième année au centre, elles ne seront plus intégrées aux -18 mais directement aux seniors, avec l'équipe réserve, en Prénationale actuellement. La priorité dans les sélections étant donnée aux joueuses du club.

Quel projet sportif ?
Une partie des joueuses du centre de pré-formation et des -18 ans
lors de la visite du sélectionneur Olivier Krumbholz.
© Sylvain Desgroppes.
« Il y a un gros travail à mener. Il faut bien travailler, avec les -15 ans notamment, pour alimenter le centre. Et bien travailler en senior pour avoir une réserve à un niveau intéressant », estime Christophe Grellaud. Quant aux trois années au centre, elles sont intenses. Les filles s'entraînent le lundi soir avec Christophe Grellaud et Pascal Carfantan, le mardi soir avec le coach de la N1 encore, et le jeudi avec Christophe Grellaud. Trois séances orientées sur de l'individuel.
Pascal Carfantan dirige aussi une séance plus physique le mercredi midi, alors que les séances du mercredi soir et du vendredi soir se font avec les équipes de clubs, où Christophe Grellaud est rejoint par Fabien Moraillon. « On ne veut pas en faire des professionnelles, et on ne sortira jamais une fille du centre à cause de son niveau. Ce qui est important est d'amener chaque joueuse à son meilleur niveau possible en senior », affirme Christophe Grellaud.
Pour anticiper sur l'avenir, le formateur a mis en place le ''statut'' de partenaires de centre. Il concerne six joueuses encore en -15 ans cette saison, mais qui effectuent une séance par semaine avec le groupe des neuf joueuses du centre. Pour instaurer ensuite un roulement régulier et équilibré entre le nombre de joueuses sur chacune des trois années de préformation, trois à quatre filles passant en première année de -18 ans seront sélectionnées chaque été.
Le centre de préformation du BPPH n'en est encore qu'à ces débuts. Les résultats sont encourageants, le club a encore un an et demi pour bien se structurer et avancer avec cette première génération de joueuses, en espérant que le reste puisse suivre. Et que le résultat final, qui reste d'alimenter les équipes seniors en joueuses du cru, puisse prendre forme.

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