vendredi 24 mars 2017

Le portrait de la semaine

Patient, travailleur, passionné, Karl Ateba a construit son parcours au gré de rencontres, du hasard parfois, avec toujours la même envie d'apprendre.

Karl Ateba a repris la réserve bergeracoise début novembre,
après six journées de championnat.
© Sylvain Desgroppes.
La force des opportunités, le courage et l'abnégation pour rebondir et faire d'un échec un nouveau départ. L'envie de toujours voir plus loin, d'apprendre, pour transmettre et faire progresser le collectif. Voilà quelques uns des éléments qui animent Karl Ateba dans la construction de son parcours.
Originaire du Cameroun, arrivé en France en 1999, à dix sept ans, pour poursuivre ses études à Brive, tout ne commence pas comme il l'espère. Il manque son Baccalauréat et ne peut pas aller en faculté comme il l'aurait souhaité. Son autre envie, qui est de se tourner vers l'informatique de gestion, échoue aussi, face à son impossibilité d'intégrer une formation.
Des échecs qui ne découragent pas Karl Ateba. Au contraire, ce sont finalement ces deux premières voies sans issue qui en ouvrent une troisième, celle qui l'aura conduit aujourd'hui jusqu'à Bergerac. « Je jouais en Corrèze à côté de Brive, et j'ai finalement très vite trouvé un emploi jeune. C'est mon vrai départ. J'ai passé progressivement tous les diplômes, puis j'ai intégré le district de la Corrèze pour lequel j'ai travaillé quatre ans », résume-t-il.

Formation progressive
Karl Ateba a trouvé une voie dans laquelle s'épanouir, celle du football. Une passion qui s'est révélée au fil du temps, de ses expériences. « Quand j'ai passé mes diplômes d'éducateur, je me suis rendu compte que ce qu'il y avait autour, le contact, l'encadrement, l'animation, la transmission, tout cela me plaisait », explique-t-il.
Tout s'accélère, le BPJEPS (à l'époque Brevet Professionnel d'Activité Physique Pour Tous), le BEF, Karl Ateba obtient le niveau d'éducateur sportif deuxième degré. « La fibre de l'entraînement est venu au fur et à mesure, et j'ai accepté alors une proposition à Feytiat pour prendre en main l'équipe senior en DH », se rappelle-t-il. Une saison 2009-2010 riche en expérience, une fois de plus, pour celui qui découvre un nouveau monde.
Mais après un an, le projet du club, jusqu'alors tourné vers la formation, change, et le coach ne se trouve plus en adéquation avec les nouvelles ambitions. Il cherche un nouveau départ. « Ma femme est enseignante, et elle allait être muté soit à Poitiers, où je pouvais prendre les U17 Nationaux, soit à Périgueux. Elle est venu en Dordogne et j'ai pris les U19 DH de Bergerac », explique-t-il.
Karl Ateba arrive en Périgord Pourpre et repart donc sur un projet avec les équipes de jeunes, alors qu'après quelques temps à la Communauté d'Agglomération de Bergerac, il intègre la mairie de Bergerac et travaille sur le centre social de la Brunetière, auprès des jeunes encore. Deux ans après son arrivée au BPFC, il postule alors pour les seniors.
« J'avais envie de me prouver aussi que j'avais les compétences pour entraîner en régional avec les seniors, faire progresser une équipe à ce niveau-là , gérer un groupe... A ce moment-là, il y avait quelqu'un en place, donc ce n'était pas possible », détaille Karl Ateba. Qui ne se décourage pas et reste au club, fidèle à sa promesse de rester avec les jeunes tant qu'un poste ne s'offrait pas à lui en senior.
« J'étais bien avec les jeunes aussi, et je me sentais bien dans la région » admet le coach. Qui se sera montré patient, aura construit, beaucoup échangé, progressé, évolué personnellement avec les différentes catégories encadrées, les U19 donc, mais aussi les U16, et à la fin les U15. Puis, au tout début de la saison, après six journées seulement, l'équipe réserve, promue cet été en R1, le plus haut niveau régional, est en grande difficulté avec un nul et cinq défaites.
La direction du club change de coach, le tour de Karl Ateba est venu. « Richard Maquin est un ami, il était en place, et j'étais parti pour une année de plus en jeune. Mais lorsque le club me l'a demandé, j'ai saisi l'opportunité et je me suis lancé, sans plan de carrière mais avec beaucoup de motivation », précise le bergeracois.

Une aventure
Le défi proposé est de taille. Dernier avec 0 point, Bergerac vise le maintien, mais celui-ci est bien loin au mois de novembre lorsque pour son premier match, après quelques jours à peine, Karl Ateba s'incline chez un concurrent direct, Tartas (2-3). Ses priorités sont alors de « travailler sur la cohésion de groupe, créer une ambiance, un plaisir de jouer ensemble. Il s'agissait surtout d'un travail sur les aspects psychologiques ».
Au plus haut niveau régional dans une Ligue d'Aquitaine très compétitive, gérer une équipe tout juste promue, qui plus est une réserve, la chose n'est pas simple. Si les joueurs ont tous des connaissances techniques, tactiques, c'est sur le mental et la motivation que Karl Ateba s'échine à travailler. Un état d'esprit de maintien n'est pas une chose innée.
Entre les joueurs frustrés de ne pas être pris avec le groupe CFA, les cadres de son propre groupe, et les plus jeunes voire les U19, le coach doit gérer un ensemble de profils bien différents, des joueurs qui ne sont pas toujours ensemble la semaine, mais qui doivent évoluer comme un seul homme le weekend.
« Un joueur du groupe CFA est forcément frustré d'être avec moi. Mon seul levier est de dire que notre défi est aussi passionnant que le leur. La relation est courte, je dois l'intégrer dans l'esprit avec le groupe, et c'est ensuite le groupe qui fait avancer », précise Karl Ateba. Travailleur, curieux des méthodes de ses collègues, le coach bénéficie aussi de ce qu'il a eu l'occasion de faire en amont.
Depuis cet été déjà, sans savoir alors de quoi serait fait son avenir, il avait instauré une relation de proximité avec Fabien Pujo, l'entraîneur principal du club, et avec son staff : « J'avais eu des échanges avec Fabien Pujo, il m'avait ouvert les portes, j'avais pu voir son fonctionnement avec les joueurs. Je cherchais à voir sa façon de travailler la vidéo pour faire pareil en jeunes ».
Un premier contact qui s'est avéré bien utile au moment de sa prise de fonction en novembre. Cela a permis de gagner du temps, et de simplifier la relation avec des joueurs qui le connaissait déjà. Depuis, ces relations n'ont fait que se renforcer, les staffs étant en contact tous les jours.
Une relation enrichissante dont se nourrit Karl Ateba. Qui, comme à son habitude depuis ses premiers pas et son emploi jeune en Corrèze, écoute, prend les informations, travaille. Sans ambition particulière, mais avec la volonté de progresser, découvrir de nouvelles choses pour améliorer sa propre performance.
Encore jeune entraîneur, à trente-cinq ans, le coach est heureux de travailler en R1 avec Bergerac. Les projets de long terme, il les garde dans un coin de sa tête. Comme un guide, un point qui sera atteint par l'investissement du quotidien avant tout. « Bien sûr, j'aspire dans plusieurs années à me tester plus haut encore. Mais travailler dans ce laboratoire de la R1 me convient très bien, j'ai la chance que Bergerac me permette de le faire. J'espère continuer dans ce club et en Régional 1 encore l'an prochain », conclut-il.

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