mercredi 1 mars 2017

Au cœur du BPFC

Pour tout savoir de ce match historique que s'apprête à vivre le Bergerac Périgord FC : une préparation de professionnels, une gestion de la semaine « dans la normalité », un adversaire forcément favori mais qui doute, Bergerac qui croit en ses chances, un match qui s'annonce palpitant !

La joie des bergeracois un soir de victoire en 16e de finale de coupe de France.
C'était le 31 janvier, contre Lens.
© Sylvain Desgroppes.
1. La préparation physique, comme des pros

Aux côtés de Fabien Pujo, un staff complet. De gauche à droite :
Pascal Gomes (gardiens), Christophe Hugot (coach adjoint), et
Alexandre Gasparotto (préparateur physique), à Chelsea cet été.
© Sylvain Desgroppes
A Bergerac, si Fabien Pujo est le coach principal, il est loin d'être seul pour encadrer son groupe de joueurs. Celui qui affirme, dans les discours comme en pratique, « avoir une gestion partagée au sein du staff » a notamment autour de lui Alexandre Gasparotto, le préparateur physique. Les deux hommes se connaissent par cœur ou presque, puisqu'ils travaillent ensemble depuis huit ans, et leur rencontre en 2009 à Lormont.
Leurs liens se renforcent très vite, et c'est ensemble qu'ils rejoignent le projet bergeracois en 2013. « Un coach a besoin de liens, il lui faut un cocon de protection, sentir qu'il a un staff à 300 % avec lui. Il faut des rapports humains très solides. Dans le staff, avec Christophe Hugot et Pascal Gomes (entraîneur adjoint et entraîneur des gardiens, NDLR), on est d'abord dans une relation de grand respect les uns envers les autres avant de parler de rapports techniques », détaille Alexandre Gasparotto.
Une pensée qui est celle de tout le staff, et qui guide non seulement son fonctionnement interne mais aussi ses relations avec les joueurs. Ce côté humain dans l'approche du football est la principale caractéristique du staff du BPFC, et cela en est la principale force aussi, alors que les quatre hommes passent leur temps ensemble.
D'année en année, Bergerac franchit les étapes. Les progrès sont encore nombreux à réaliser, mais petit à petit, le club se dirige vers plus de professionnalisme dans l'approche des entraînements, de la compétition, de l'évolution physique et psychologique des joueurs... « J'ai mis en place une salle de musculation. Les joueurs peuvent venir la journée, et cette année, on a notre kiné, Tom Philippe, qui a une salle juste à côté, et est présent avec les joueurs la semaine et lors des matchs », ajoute encore Alexandre Gasparotto.
Pour ce qui est de la préparation physique à proprement parler, à Bergerac, elle se fait autour d'une idée bien identifiée : l'individualisation. « Les joueurs sont tous différents, ils n'ont pas le même âge, ne connaissent pas tous les mêmes problématiques. On ne les amène pas de la même façon à leurs pics de forme. On fait donc de l'individualisation des programmes », explique le préparateur physique.
De l'individualisation, mais aussi une vraie gestion, au niveau des temps de jeu par exemple. Le staff bergeracois a beaucoup fait tourner ses joueurs depuis le début de saison, avec pour principale préoccupation de ne jamais prendre le moindre risque. Le tout pour resserrer maintenant le groupe à l'approche du sprint final, et espérer pouvoir disposer de plus de fraîcheur que certains adversaires.

2. Gérer une semaine particulière

Alexandre Gasparotto dirige toujours l'échauffement
les jours de matchs, comme ici contre Lens.
© Sylvain Desgroppes.
Dans l'emballement populaire et médiatique de cette aventure de la coupe de France, le plus dur est de garder les bonnes habitudes et de gérer une préparation forcément perturbée, ne serait-ce que par le calendrier, avec deux jours de moins qu'en championnat entre le match de Mantes samedi et celui de Lille. Gestion physique des joueurs, gestion organisationnelle, rien n'est laissé au hasard par le staff du BPFC.
Turnover partiel en championnat, reconnaissance du terrain de Libourne, mise au vert, le programme est précis. L'idée du staff est claire : « On veut être acteur de la vie du groupe, ne pas subir les choses. On a fait des choix forts, mais dans le respect du groupe. Certains ont besoin de plus de repos, d'autres de s'exprimer et d'enchaîner les matchs », détaille Alexandre Gasparotto, préparateur physique du BPFC.
Dans la gestion de ce huitième de finale, le premier choix a été d'avancer la vingt-et-unième journée contre Mantes au weekend dernier, alors que le match était initialement prévu le 04 mars. Choix par ailleurs payant, puisque le BPFC s'est imposé. Pour le reste, l'enchaînement des matchs ne change pas grand chose pour Alexandre Gasparotto.
« Au sein du staff, on estime que dans la semaine, les séances d'entraînement doivent être plus fortes dans l'intensité, dans l'engagement, et dans l'exigence. De cette façon, il n'y a pas de surprise le jour du match, on peut trouver plus de facilité », continue le préparateur physique. Jouer ce jeudi alors qu'il y a eu un match samedi n'a donc pour lui pas d'impact en terme de condition physique et de récupération.
Le programme est donc classique, en-dehors du fait de s'entraîner à Libourne afin de prendre possession des lieux. Lundi, le groupe a eu une première séance au stade Jean-Antoine Moueix, avec un travail d'aérobie et de récupération, accompagné de soins et de massages. Mardi, la journée a été consacrée à de la mise en place tactique et un travail athlétique individuel. Ce mercredi, le groupe s'entraîne encore à Libourne pour une mise en place classique, avant de rester au vert en Gironde.
Le tout avec la plus grande « normalité » possible, au cœur de cet événement qui reste quoi qu'il arrive exceptionnel. « Mettre en place des choses différentes pour les joueurs, cela ajouterait une charge émotionnelle. On fait une mise au vert comme on le fait à l'extérieur, pour rester ensemble, profiter de ce moment entre nous et se couper un peu de tout ce qu'il y a autour », complète Alexandre Gasparotto.

3. Lille, une Ligue 1 dans la tourmente

Ce sont des lillois favoris mais en plein doute qui vont
affronter Bergerac. Comme Lens au tour précédent...
© Laurent Guine.
Pour ce match historique, cette première pour Bergerac en huitième de finale de la compétition, c'est face à Lille qu'il va falloir se mesurer. Une Ligue 1 aux résultats chaotiques. Un club capable du meilleur, avec une génération dorée, dirigée par Rudi Garcia (coach de 2008 à 2013) et qui réalise le doublé coupe de France-championnat de France en 2011.
Le club se stabilise ensuite dans le haut de tableau sur la scène nationale, mais échoue lors de ses campagnes européennes. Lors des saisons 2011-2012 et 2012-2013, Lille fini à chaque fois dernier de son groupe en Ligue des Champions. Lors de la campagne 2014-2015, le club est cette fois reversé en Europa League mais ne sort pas non plus des poules. Cette saison, Lille a été éliminé dès le 3e tour préliminaire d'Europa League par Qabala...
En championnat, cela ne va pas mieux. Frédéric Antonetti, arrivé en novembre 2015 pour remplacer Hervé Renard, a été limogé, le LOSC étant avant-dernier après treize journées. C'est son adjoint Patrick Collot qui est devenu entraîneur par intérim. Mais les trois défaites consécutives en février ont été de trop, et Franck Passi a été nommé entraîneur le 14 février.
Le nouveau coach, pour l'anecdote né à Bergerac, a pour mission d'assurer le maintien. Mission compliquée, comme l'a montré la défaite le weekend dernier à domicile contre Bordeaux, 2-3, avec deux buts encaissés en fin de match et deux expulsions (Julian Palmiéri et Rio Mavuba). Le rachat du club par Gérard Lopez, officialisé en janvier, rajoute au flou actuel. Les deux derniers jours du mercato, quatre joueurs ont quitté le club, et six sont arrivés.
Dans quel état d'esprit le LOSC peut-il aborder ce huitième de finale. La priorité absolue reste le championnat, avec une actuelle quinzième place au bout de vingt-sept journées, et seulement deux points d'avance sur Dijon, barragiste. Mais la coupe de France pourrait aussi servir de bouffée d'oxygène, alors que le LOSC a éliminé l'AS Excelsior puis difficilement le FC Nantes (1-0 sur un penalty de Corchia à dix minutes de la fin).
Un LOSC qui va arriver probablement méfiant. L'an passé, les nordistes s'étaient fait éliminer en 16e de finale par l'autre club périgordin de CFA, Trélissac, aux tirs au but. Autre mésaventure lilloise dans cette zone du sud ouest, la coupe de France 2001-2002. Cette année-là, c'est dans ce même stade Jean-Antoine Moueix que Lille avait chuté face au club résident, Libourne Saint Seurin, alors en CFA (2-0).

4. Se préparer pour la performance

Buteur en 16e de finale, Bouscarrat a participé aux sept tours
passés par le BPFC. Il en a profité pour inscrire huit buts.
© Laurent Guine.
A Bergerac, ce huitième de finale, historique pour le club et pour le département, se prépare dans une atmosphère particulière, à la fois plus apaisée et plus euphorique également. D'un point de vue extérieur, l'emballement au sein du club, du public périgordin, des proches des joueurs, des médias locaux, régionaux et nationaux rend ce match forcément unique.
Mais d'un point de vue interne, à l'image de ce qui avait été mis en place contre Lens, c'est avec le plus de calme et de sérénité possible que le staff, et par ricochets le groupe, aborde la rencontre. La victoire du weekend dernier en match avancé du championnat contre Mantes aide bien. « Cela nous apporte de la sérénité. On peut penser au gros morceau qui se présente avec cette coupe, en se disant que l'on se sent mieux en ayant retrouvé le goût de la victoire en championnat », détaille Fabien Pujo.
Ce gros morceau qu'est le LOSC, le coach bergeracois et son staff l'ont préparé avec toujours la même minutie, le soucis du détail, l'analyse de chaque point négatif de l'adversaire venant nourrir le discours positif que le coach transmet à ses joueurs. Même si, contrairement au RC Lens, Lille arrive dans une dynamique pour le moins tumultueuse...
« Ils ont eu trois entraîneurs différents, le dernier est arrivé il y a deux semaines, sept joueurs ont signé au mercato, on a moins de lisibilité. Même si le 4-2-3-1 de Franck Passi se dégage, avec une envie d'aller chercher haut l'adversaire et une faculté à bien combiner dans l'axe », analyse Fabien Pujo. Qui ne peut s'empêcher de pointer du doigt « l'instabilité dans laquelle se trouve les lillois ».
Ici, pas de discours technique ou tactique. C'est sur le mental et l'approche psychologique de la rencontre que le technicien bergeracois se concentre. « Ils peuvent être bien à un moment, et moins à d'autres. Ce qui se passe sur leur saison peut se passer sur un seul match aussi. Notre durée de vie commune et notre force collective doivent l'emporter », affirme-t-il.
Un discours qui n'est pas un excès d'orgueil, mais se veut résolument positif. Le moment que vivent les bergeracois est unique. Comme ses joueurs, le coach veut en profiter, et transmettre cette confiance qu'il a envers son groupe. « La qualité individuelle des lillois peut leur suffire pour passer. Mais ils ont autour une instabilité que l'on n'a pas. Dautant plus que l'on n'a rien à perdre, on est déjà content d'être là, donc sur la durée du match, tout devient possible, je crois en ce groupe », conclut Fabien Pujo.

Bergerac (CFA) – Lille (L1)

Stade Jean-Antoine Moueix de Libourne, coup d’envoi ce jeudi à 21h00.

Arbitres : Olivier Thual, assisté de Cyril Saint Cricq Lompre et Matthieu Lombard.

Le groupe : Bangré, Bertho, Bouscarrat, Chevalier, Covin, Delclos, Dia, Dolivet, Dufeal, Fuchs, Gérard, Jamaï, M. Kamissoko (cap.), Lacrampe, Loustallot, Mayenga, Pinto, Zidane.

Blessés : Didion, Jamin, Mohamed
Repos : Choury, El Kihel, Gaillard

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