vendredi 18 novembre 2016

Le portrait de la semaine

Arrivé à Prigonrieux à l'été 2014, Cyril Holod installe doucement ses méthodes au sein d'un club de régional qu'il a appris à découvrir.

Cyril Holod est arrivé à Prigonrieux à l'été 2014.
© Prigonrieux Football Club.
Être coach est décidément bien une vocation. Quelque chose d'inné, une passion qui anime quelques uns de ses footballeurs que l'on a vu évoluer dans les différents niveaux nationaux et régionaux. Une passion mais aussi une volonté et un courage à toute épreuve devant une tâche souvent compliquée, prenante, envahissante, mais pleine de moments de vie.
C'est le cas pour Cyril Holod. Le fumélois, qui a débuté le football comme attaquant à Villeneuve sur Lot, est un périgourdin d'adoption. S'il a pris les gants de gardien par hasard à quatorze ans pour remplacer un coéquipier blessé, il ne les a plus quitté depuis. Tout s'est enchaîné très vite. Dès ses quatorze ans, la sélection départementale. Puis la sélection régionale, un départ à Agen en cadets, le sport études à Miramont de Guyenne, les débuts en seniors à seize ans, une année de stagiaire aux girondins.
A vingt-et-un an, et après trois ans de service militaire, il débarque à Bergerac. On est en 1992, il gardera les buts du club jusqu'en 2011. A quarante ans, de retour en CFA, il raccroche les gants mais pas les crampons. Son brevet d'état très vite en poche, il prend en main l'équipe C du club pendant trois saisons, au plus bas niveau régional.

Un projet en construction
C'est en 2014 que sa carrière prend un nouveau tournant. « Je suis parti de la C de Bergerac car je ne me retrouvais pas dans mon travail. J'ai préféré rejoindre un projet à Prigonrieux où j'apprends, où je peux passer les étapes doucement, où je vois ce que je peux faire et ne pas faire dans la gestion d'un groupe », explique-t-il.
Lors de sa première saison à Prigonrieux, en 2014-2015, il travaille alors aux côtés de Jean-François Maury, coach emblématique du club. Une façon de faire la transition en donnant l'occasion au jeune coach arrivant de prendre ses marques, dans un nouvel effectif, un nouveau club, et un nouveau niveau.
« Cette construction était prévue dans le projet. Il était important pour moi de ne pas être lâché dans un club que je ne connaissais pas, ni dans ses aspects sportifs, ni dans sa structure, ses dirigeants, le lien entre les équipes de jeunes et les seniors », confie Cyril Holod. Pendant un an, le coach étudie, analyse, peaufine sa méthode et son discours. Et se tient proche de son acolyte Jean-François Maury.
Très humble, l'ex-bergeracois observe le coach prigontin, qui a tout connu au club, de la PL à la DH : « J'ai beaucoup appris, notamment sur la gestion de l'esprit de compétition dans un groupe, avec les choix à faire dans un effectif nombreux, la gestion des frustrations... ». En 2015, la transition se termine, et Cyril Holod prend seul en main l'équipe première du club, une nouveauté pour lui.
Entre sa passion du coaching et son année d'observation, c'est dans la douceur que se fait ce lien. « Cela prend du temps pour installer mon discours, mes méthodes. C'est en construisant des fondations solides pour l'édifice que l'on avance », explique-t-il. Un temps dont il dispose à Prigonrieux, et qui est primordial pour gérer en plus une fin de cycle en senior, avec l'arrivée d'une nouvelle jeune génération.
Mais dans ce métier prenant et exigeant par définition, Cyril Holod prend justement le temps d'expliquer, de communiquer, d'échanger avec ses joueurs et les dirigeants. « Je suis un passionné, j'ai toujours eu envie de partager, de vivre des émotions autour du football, donc je savais que je resterais dans ce milieu après ma carrière », avoue-t-il.

Un projet de jeu
Pour sa deuxième saison comme entraîneur principal de l'équipe A du club, le coach commence à voir une uniformité se dessiner. Comme tous les entraîneurs d'un football moderne où les diplômes sont obligatoires et ont tendance à uniformiser les méthodes de coaching, pas de grande révolution sur les principes de jeu de base : défense, attaque, transition, jeu sur la largeur, maîtrise technique, compréhension des aspects tactiques.
C'est dans cette base de travail que chaque entraîneur, chaque club, met sa propre sensibilité, sa méthode, pour mettre en place le fameux « projet de jeu », l'identité club. « Sur les aspects tactiques et techniques, la structuration se fait avec le RTJ, car il est fondamental que le projet soit présent en senior mais aussi chez les jeunes, pour qu'ils ne soient pas perdus lorsqu'ils arrivent en senior », détaille Cyril Holod.
A Prigonrieux, le principe est clair : de la solidité et de la solidarité défensive, avec une maîtrise collective des systèmes et des déplacements, et une volonté de vite éclater vers l'avant. Quant à la transition, le démarrage des possessions se fait par une relance quasi-systématique par le gardien, courte, et un démarrage des actions par les côtés.
Complet, le travail d'un entraîneur ne s'arrête cependant pas à ces aspects techniques et tactiques. Cyril Holod ne peut que le confirmer : « Le plus dur reste la gestion humaine. En-dessous de R1, les joueurs ont une vie à côté qui est plus importante que le football en lui-même, et la prise en compte de ces aspects pédagogiques et psychologiques autour du sport est primordiale ».
Une casquette de plus à enfiler, quand un éducateur doit déjà faire beaucoup de choses avec son équipe et ses joueurs : « On se noie parfois dans toutes ces étiquettes, on se perd dans la complexité du rôle que l'on a, et on peut faire des erreurs, comme un joueur en fait aussi », reconnaît le coach.
Enfin, dernière fonction, les aspects concernant le mental et le motivationnel. Par sa carrière, Cyril Holod a de quoi apporter à son jeune groupe, dans le vécu, l'expérience, l'esprit de compétition toujours plus exacerbé au fur et à mesure que l'on grimpe les échelons du football français. Une fonction qu'il assure tout en nuance. « Par mon vécu au haut niveau amateur, je dois transmettre cet esprit de compétiteur, cette envie, je dois affûter les esprits à la compétition, mais en l'intégrant là-encore au projet de jeu du club », précise-t-il.
Avec l'expérience qu'il commence à se forger, Cyril Holod a adapté ses méthodes au fur et à mesure des matchs et des saisons. Toujours avec beaucoup d'humilité. « Un éducateur, un entraîneur, n'est rien tant que son groupe n'adhère pas à son projet, son discours », conclut-il.

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