Il
allait avoir 27 ans lorsqu'il a débarqué à Trélissac, à l'été
1995, et 24 ans plus tard, en dehors de quelques rares années
passées dans un club voisin, il n'a jamais quitté son TFC. Gilles
Valadié a connu de multiples rôles, de joueur à éducateur et
aujourd'hui entraîneur de Trélissac, et de multiples périodes qui
ont amené jusqu'à la construction du projet de formation actuel.
Au
fur et à mesure de ces années, il s'est lui-même construit, a vu
sa vision du football et de son rôle évoluer, s'affiner,
s'améliorer avec l'expérience. Né à Villeneuve sur Lot, c'est
dans le club phare du Lot-et-Garonne, le SU Agen, qu'il se forme tout
d'abord, avant d'intégrer les Girondins de Bordeaux à 20 ans en
tant que stagiaire professionnel. Après un court passage par
Bergerac sous Benoît Tihy, avec une montée en N2, il rejoint
Trélissac.
Ce
sera son dernier club en tant que joueur. Il enchaîne huit saisons,
dont trois au troisième échelon national, avant de raccrocher les
crampons, à 34 ans, avant même la fin de saison 2002-2003, victime
de blessures et fatigué du rythme qu'exige alors la compétition. «
Sans que je le sache avant, mon dernier match aura été contre
Rennes. On était mené 2-0 chez nous à l'entrée des arrêts de
jeu, et on fait 2-2, je marque le but de l'égalisation », se
souvient-il.
L'éducateur
Place
à la suite. Et déjà, les réflexions sont avancées pour ce
dernier, qui a commencé à travailler son après-carrière, épaulé
par son coach en N1, Paul Maso (aujourd'hui directeur sportif de
Bergerac). « J'étais allé à Clairefontaine avec le coach, j'avais
passé mes diplômes, je voulais devenir éducateur », détaille
Gilles Valadié. Mais le football est fait d'opportunités, et la
première qui se présente à lui est celle d'un poste de coach.
Direction
Chamiers, le club voisin, dans ce qui serait le Régional 2
aujourd'hui. Pour sa première expérience sur un banc de touche, il
passe deux saisons au COCC avant de retourner à Trélissac. « Avec
le recul, je me dis que j'ai été mauvais. Quand on est jeune
entraîneur, on pense avoir des certitudes, détenir la vérité.
Avec l'expérience, on voit qu'il faut certes une philosophie et des
convictions, mais surtout beaucoup d'humilité », explique-t-il.
Lorsque
Gilles Valadié revient à Trélissac, le club est dans une situation
compliquée, en seniors comme en jeunes. Le projet est loin de ce
qu'il est aujourd'hui, les moyens aussi. « Je suis revenu en tant
que coordinateur des jeunes, RTJ maintenant. J'étais motivé, il
fallait mettre en place une politique de formation, être dans le
contact avec les éducateurs, les jeunes, les parents. Je garde un
bon souvenir de ce moment-là » confie-t-il.
L'émotion
est perceptible quand le trélissacois évoque toute cette période
de construction et de naissance d'un nouveau projet, qui a abouti
plus de dix ans après à une qualité de formation reconnue dans
toute la Dordogne et bien plus. Cette saison par exemple, les U14,
U15, U17 et U18 sont en haut de tableau en R1, les U16 dominent en
R2, sans oublier les U19 de Rachid Kerkri, toujours en National.
«
J'étais acteur, partie prenante de ce projet. Tout s'est fait sur la
volonté du président qui a mis en place des moyens : terrain
synthétique, structuration du projet de formation, éducateurs
diplômés, section sportive... Pour un entraîneur, c'est du plaisir
de vivre ce tournant du club », avoue Gilles Valadié. Pour sa part,
après un passage en U12/U13 et de nombreuses années avec les U17,
le coach a pris en main cette saison la réserve des seniors, en R1.
Coach,
un état d'esprit
Une
étape de plus dans le riche parcours de l'ancien milieu de terrain
du TFC. Mais cette marche se franchit finalement naturellement,
surtout dans le club périgourdin qui accorde une place importante
aux jeunes dans son équipe réserve. « C'est dans la continuité,
mais il y a des différences aussi, dans la gestion humaine, le
championnat et les objectifs, le fait d'être une équipe réserve.
Cela me bouscule et me fait donc progresser », note le coach.
Passer
des jeunes au monde senior ne peut pas se faire sans changements. La
pression n'est pas la même, le rapport à l'exercice du football
change, les objectifs évoluent, avec une place plus importante
accordée aux résultats, à côté de la progression individuelle.
Le cadre de travail et les rapports humains ne sont pas les mêmes
non plus. Tout ce contexte, le coach a dû l'apprivoiser, en adaptant
ses méthodes.
«
Les jeunes sont des éponges, ils écoutent et imprègnent, avec une
motivation hors-norme. En seniors, il y a plus de psychologie, des
leviers différents à activer pour la motivation, c'est intéressant
à travailler », se réjouit Gilles Valadié. La fonction
d'entraîneur reste cependant encore plus globale. Il y a l'humain,
l'émotionnel, le mental, il y a aussi la technique et la tactique,
la vision que l'on veut partager du football.
«
Ma conviction footballistique, c'est que l'on gagne en jouant, en
attaquant, en allant chez l'adversaire. Mais cela ne marche pas
toujours, et c'est là qu'il faut savoir être humble et en
perpétuelle évolution, pour se remettre en question et faire des
compromis si nécessaire », présente l'entraîneur trélissacois.
C'est le cas cette saison, où, après un bon départ, le TFC reste
sur une série d'une seule victoire en huit journées, plongeant à
la dixième place.
S'il
reste encore du temps, la pression est forcément présente, et le
coach, paradoxalement satisfait du contenu proposé par ses joueurs,
ne se voile pas la face non plus. « Dans le jeu, j'ai aimé ce que
l'on a fait. Mais les résultats ne sont pas venus. Quand tu joues le
maintien, il y a un besoin de points, plus d'urgence, il faut donc
adapter le discours », conclut Gilles Valadié. Une expérience de
plus pour le coach, dont le parcours est loin d'être terminé.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire