vendredi 12 janvier 2018

Le portrait de la semaine

Lancé dans une nouvelle aventure en R4, Pays de Montaigne vit une saison compliquée, témoin de la difficulté des clubs à exister à ce niveau exigeant.

Pourtant en difficulté, PMG a battu Saint André de Cubzac
en coupe de Nouvelle-Aquitaine.
© Justine Lozano.
Dans un département rural comme celui de la Dordogne, le football dépasse le simple cadre sportif. Il véhicule, au même titre que le rugby, autre sport très apprécié localement, une image sociale, donne de la vie dans les petites communes. Chaque village a son terrain de football.
Et si aujourd'hui beaucoup de clubs sont en entente pour continuer de vivre, leur rôle reste déterminant. C'est le cas de Pays de Montaigne Gurçon, fusion en 1998 des clubs de Vélines et Saint Méard de Gurçon, auxquels s'associe Saint Antoine de Breuilh. Depuis vingt ans, les allers-retours se multiplient entre le très haut niveau du district et le bas niveau régional pour PMG.
C'est ce qui s'est encore passé l'été dernier, avec une montée en R4. « Retrouver le niveau régional était une ambition de notre part, même si l'on sait que l'on peut difficilement faire mieux que d'évoluer en R4 », explique le président du club Xavier Pradeau. PMG, qui compte aujourd'hui plus de 280 licenciés, a pourtant connu jusqu'à la PH, actuelle R3.
Mais continuer de performer est chaque saison plus difficile, alors que le niveau général senior semble s'élever sans cesse, et que la gestion des clubs est toujours plus compliquée. « Ce qui peut faire peur, ce sont parfois les contraintes qu'imposent les instances, sur le fait d'avoir des éducateurs diplômés par exemple. On a la chance d'avoir des gens motivés, mais tous n'ont pas forcément le temps pour aller se former », estime le président.

Un club rural
Pour construire, et chercher la performance en senior, les possibilités ne sont pas immenses dans des communes rurales comme à PMG. Il y a d'un côté la formation, ce que le club assure avec treize équipes de jeunes et une présence dans toutes les catégories d'âge, de U7 à U18. Il y a ensuite le recrutement en senior directement.
Quand on est autour de Bordeaux, avec plus de moyens financiers, matériels, humains, le recrutement est simple. Séduire un joueur de l'extérieur en l'aidant par exemple à trouver un travail en Dordogne est plus difficile... « Il y a plus de possibilités pour des clubs autour de Bordeaux. Nous, cela passe par la formation, ou par le réseau de connaissance des joueurs », confirme Xavier Pradeau.
En accédant au régional cet été, Pays de Montaigne a également changé d'entraîneur, Christian Roubertie restant tout de même membre actif du club. « Il avait annoncé qu'il venait pour une seule saison. On avait déjà réussi à le convaincre de rester un an de plus. Il a fallu donc trouver un autre coach, et Jean-Christophe Vilches est le prmeier et le seul que l'on a contacté », affirme le président.
L'entraîneur connaît bien PMG, club dans lequel il vit actuellement sa troisième aventure sur le banc. La première remonte à la période 2006-2009. Il est ensuite de retour en cours de saison 2012-2013, mais ne parvient pas à éviter la relégation de PL à district. Il reste un an de plus avant de partir à l'été 2014. Pour revenir cet été.
« J'ai toujours gardé de bons contacts avec le président, avec quelques anciens joueurs, et j'habite sur place. De plus, après deux ans d'arrêt de coaching, j'avais envie de reprendre », lance Jean-Christophe Vilches. Le défi est malgré tout de taille, avec une dynamique de club qui n'est plus celle que le coach a pu connaître par le passé.
« Il y a eu une période faste, sous la présidence de M. Boidé, qui pouvait amener des moyens au club, et donc des joueurs avec un fort potentiel, une culture foot. Aujourd'hui, on est avec des joueurs locaux, on va plus jouer avec les qualités naturelles de chacun », continue le coach. Celui-ci ne travaille pas de la même façon, et doit amener plus de rigueur.
« Les joueurs n'ont pas en eux l'investissement et les connaissances de niveaux plus élevés, la culture générale du jeu, qu'ils n'ont pas eu en école de football », met-il en avant, non pour pointer du doigt ses joueurs, mais pour préciser son travail actuel. « Je crois beaucoup au plaisir du joueur, donc on essaie de jouer un maximum, avec beaucoup de ballon pendant les séances d'entraînement », continue le coach.

Une année difficile
Le championnat paraît bien mal engagé pour PMG,
même si tout reste possible mathématiquement.
© Justine Lozano.
Quant à l'objectif sportif, il paraît aujourd'hui bien mal engagé, au moment où le championnat reprend après la trêve hivernale. En sept journées, PMG ne compte qu'un point, pris à Pauillac, pour six défaites. Et ce alors que quatre équipes, voire cinq, seront reléguées dans chaque poule de R4... Au-delà des résultats bruts, c'est la spirale négative dans laquelle se trouve l'équipe qui peut inquiéter.
Mais le coach se raccroche à quelques éléments positifs. En dehors du revers lors de l'ouverture du championnat à domicile (1-4), les cinq autres défaites l'ont été avec un but d'écart. « C'est décevant, car les matchs sont équilibrés. On n'est pas dépassé, mais on prend des buts évitables... Et la spirale négative s'installe, un ballon adverse sur le poteau va finir au fond, nos attaquants vont douter devant le but... », glisse Jean-Christophe Vilches.
Le dernier match disputé, fin novembre contre Médoc Cote d'Argent, est symptomatique. Dans une rencontre équilibrée, Pays de Montaigne se retrouve mené au score puis réduit à dix. En infériorité numérique, l'équipe égalise, mais encaisse un but en toute fin de rencontre... Contre Faux (défaite 0-1) ou à Pauillac (nul 1-1), PMG encaisse un but dans les trois premières minutes.
Pour continuer d'y croire, les résultats en coupe peuvent cependant encourager. Pays de Montaigne aura été jusqu'au cinquième tour de la coupe de Nouvelle-Aquitaine, éliminant notamment Saint André de Cubzac, club de R3, et est qualifié pour les quarts de finale de la coupe de Dordogne. L'équipe prend peu de buts (huitième défense de sa poule). Mais elle ne marque pas (trois buts inscrits en sept journées).
« Il y a deux secteurs où l'on doit être plus performant : la finition, et la rigueur défensive », lance le coach. Ce dernier a cherché des solutions, changeant de système tactique préférentiel, laissant de côté le 4-2-3-1 pour utiliser majoritairement le 3-5-2. « Cela nous réussit dans la production de jeu », explique-t-il. Reste à le traduire dans les résultats, et vite, pour espérer encore jouer le maintien.
Sur moyen voire long terme, le président Xavier Pradeau croit en son club. « On a un bel avenir, en ligue ou au plus haut du district. On a la chance d'avoir des dirigeants motivés, des bénévoles, la bonne échelle avec nos trois communes », estime-t-il. Et si le travail est parfois usant au quotidien, il en vaut la peine.
« Le but de la fusion était de continuer à avoir un club de football dans ce milieu rural, et c'est une fierté de proposer encore ce club dans nos villages. Il y a trop de jeunes qui aiment le football et qui valent le coup qu'on s'occupe d'eux », conclut le président.

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