lundi 18 décembre 2017

Le buzzer du bonheur

Gardonne a retrouvé toutes ses valeurs au meilleur des moments, pour accrocher un succès de prestige sur l'ogre toulousain juste avant la trêve.

L'ESG, ici Senghor, a bataillé sans relâche
pour aller chercher la victoire contre Toulouse au buzzer.
© Pascal Lacroix.
L'ambiance monte depuis bientôt trente minutes dans la salle Fernand Mourgues lorsque Gardonne a la balle de match en main à sept secondes de la fin. La remise en jeu latérale est compliquée, Senghor hérite du ballon en tête de raquette, il pénètre et son lay-up au buzzer glisse doucement dans le panier. Gardonne s'impose de deux points sur le leader Toulouse et met ainsi fin à une série de cinq défaites juste avant la trêve.
Près de deux heures avant, l'ambiance est toute autre. Au moment de recevoir une équipe de Toulouse en tête de la poule, qui n'a perdu que deux fois, et qui vise clairement la montée en N1 après avoir déjà terminé premier la saison dernière puis s'être renforcée à l'intersaison, Gardonne est dans le doute. La faute à une série de cinq défaites, parfois bêtement concédées, avant que la confiance ne se délite au fil des semaines...
Voilà deux mois que les gardonnais ne s'étaient plus imposés, depuis le 14 octobre au Val d'Albret (82-84). Certes, la dernière prestation, la semaine précédente à Dax-Gamarde, avait laissé quelques motifs d'espoirs, avec un contenu enfin en progrès. Mais il restait du chemin à faire. Dans les têtes trotte peut-être encore le premier quart-temps du dernier match à domicile, avec le fantôme de Gardonne qui avait laissé Pays des Olonnes s'envoler après dix minutes (12-28).

Deux visages
Dailleurs, les premières minutes du match ne permettent pas de se rassurer. Ajenifuja marque de loin, pendant que Gardonne perd le ballon sur sa première attaque. Les problèmes sont présents des deux côtés du terrain. Hanck puis Pasut par deux fois n'ont aucun mal à trouver des tirs dans des positions favorables, pendant que l'attaque de l'ESG piétine (2-9, 4e).
De loin, Hanck score une fois de plus. Et Christian Ortega pose déjà son premier temps mort, après un peu plus de quatre minutes (2-12). Les toulousains sont adroits, bien aidés par la passivité de la défense locale (5/6 au shoot), alors que Gardonne n'a pas réglé la mire (1/7). La minute de coaching permet au moins de résoudre les problématiques autour du secteur offensif, notamment par Benon sous le cercle (six points en cinq minutes).
Mais Tajan et ses coéquipiers marquent toujours autant (12-23, 9e). Un panier primé de Claveau permet de garder encore espoir juste avant la fin du quart-temps, mais c'est bien Toulouse qui est en tête, confortant son statut de favori du match (15-23). La route vers la victoire paraît de plus en plus sinueuse pour l'ESG...
Claveau, qui déborde d'énergie après son absence au mois de novembre sur blessure, montre alors la voie. Grâce à deux paniers intérieurs consécutifs, Gardonne est de retour dans le match, et Laurent Kleefstra, le coach visiteur, pose un temps mort (19-23, 11e). Mais l'adresse de son équipe disparaît, avec une défense locale qui met enfin toute son envie et jette ses forces dans la bataille du rebond notamment.
L'ESG se détache grâce à quatorze points de rang, sa meilleure série de la soirée, face à une attaque toulousaine perdue, battue physiquement (26-23, 15e). Il faut attendre cinq minutes et vingt-deux secondes dans le deuxième quart-temps pour voir le TBC marquer enfin, par Tajan. La salle, pleine pour ce dernier match en 2017, se réveille, alors que les deux équipes sont au coude à coude (29-29, 18e).
Tall se sent pousser des ailes, et marque deux fois de suite derrière l'arc pour porter l'avantage à six points en faveur de son équipe (treize points du poste 3 gardonnais samedi, meilleur total de sa saison). Même si Dabadie marque avant la pause, c'est bien Gardonne qui rentre avec l'avantage au tableau d'affichage, laissant Toulouse avec huit points inscrits seulement dans ce deuxième quart-temps (35-31, 20e).

Tension maximale
Le match est cependant loin d'être terminé. Williams, très discret jusque-là, va se réveiller après le passage aux vestiaires. Il inscrit cinq points de suite, et Tajan le suit aux lancers pour permettre à Toulouse de reprendre les commandes (37-38, 22e). Le début d'un chassé-croisé de cinq minutes entre les deux équipes, avec des défenses très organisées et agressives, et une force de dissuasion de Benon notamment qui fait déjouer Toulouse.
Le secteur intérieur des visiteurs n'est pas en reste non plus, avec Pasut, toujours aussi performant des deux côtés du terrain. Il inscrit trois paniers consécutifs pour donner plus d'une possession d'avance à son équipe (42-46, 27e). Mais Senghor, de retour sur les terrains, amène de l'énergie, et prend notamment trois rebonds importants en deux minutes (46-46, 29e).
Attention tout de même à ne pas retomber dans les travers habituels, l'ESG laissant filer quatre lancers francs sur ces dix minutes. Des points importants, tant l'écart est faible entre les deux équipes sur le terrain. À dix minutes de la fin, il n'est encore que de deux points, et le volume sonore de la salle monte encore (48-50, 30e).
La tension est maximale, autant en tribunes que sur le terrain. Après deux minutes dans le quatrième quart-temps, personne n'a marqué. Le coach toulousain pose un temps mort, mais sur la possession qui suit, c'est Claveau qui marque de loin. L'arrière récidive quelques secondes plus tard et harangue la foule (53-50, 33e). Les deux équipes se rendent coup pour coup désormais.
Dabadie marque et obtient la faute, Rabah score derrière l'arc, Tajan continue son œuvre et marque quatre points de rang... Difficile de dire de quel côté la pièce va tomber, avec un leadership changeant sans cesse de camp (56-59, 36e). Dabadie est encore parfait sur la ligne des lancers, et la décision semble se faire à quatre minutes de la fin, alors que Gardonne est dans la pénalité (56-61).
Mais les hommes de Christian Ortega ont des ressources mentales. En une minute, Senghor, puis Benon, et enfin Claveau à trois points enflamment le public (63-61, 38e). Dabadie et Senghor se rendent alors coup pour coup. Le premier égalise. Mais Senghor, servi par Rabah, monte au dunk (65-63, trente-cinq secondes à jouer).
Sur l'attaque qui suit, c'est encore Dabadie qui obtient une faute et égalise en inscrivant ses deux lancers francs. À sept secondes de la fin, l'ESG bénéficie alors d'une faute, et d'une remise en jeu latérale. Christian Ortega prend son temps mort. La remise en jeu est négociée difficilement. Rabah drive, puis sert Senghor d'une passe dans le dos. La suite est connue.
Gardonne peut partir l'esprit plus libéré en vacances, et finit la phase aller avec un bilan équilibré (six victoires, six défaites). De telles prestations seront nécessaires pour faire aussi bien sur la phase retour, voire mieux.
Christian Ortega : « C'est un énorme soulagement, il fallait que cette série se termine. Avant les fêtes, c'est idéal. Au début du match, je ne préfère même pas penser à Olonnes, je me dis que ce n'est pas possible. On a su bien réagir, on a montré que l'on pouvait faire de belles choses, que l'on pouvait aller chercher des matchs avec la manière. Le mot d'ordre de la soirée, c'était la défense, on savait que si l'on ne pouvait pas tenir leur attaque, on ne pourrait rien espérer. Je tire un coup de chapeau à mes joueurs d'avoir laisser le leader de la poule à 65 points. Repli défensif, rebonds, on a été capable de mettre beaucoup d'intensité en défense pour les sortir de leur confort de jeu, et qu'ils tentent des choses qu'ils n'ont pas l'habitude de faire. Les joueurs ont tout donné, avec de la solidarité, de l'entraide, du collectif, il faut garder cet état d'esprit de guerrier ».

Gardonne – Toulouse

Quarts-temps : 15-23 ; 20-8 ; 13-19 ; 19-15
Score final : 67-65

Gardonne. Titulaires : Adgnot (4), Arnolin, Kastratovic (3), Rabah (cap.) (5), Senghor (11). Remplaçants : Akylangongo, Benon (13), Claveau (18), Masson, Tall (13). Entraîneur : Christian Ortega.

Toulouse. Titulaires : Ajenifuja (5), Dabadie (15), Hanck (5), Pasut (14), Tajan (14). Remplaçants : Couret (cap.), Fedensieu (2), Hue, Mayeta (2), Williams (8). Entraîneur : Laurent Kleefstra.

Le classement après treize journées (fin des matchs aller)













Equipes Pts Joués V P PM PE Diff

1 La Rochelle 22 12 10 2 902 789 113

2 JSA Bordeaux 21 12 9 3 1037 913 124

3 Toulouse 21 12 9 3 972 815 157

4 Garonne 20 12 8 4 1041 920 121

5 Pays des Olonnes 20 12 8 4 923 891 32

6 Cognac 20 12 8 4 964 906 58

7 Dax Gamarde 19 12 7 5 865 817 48

8 Gardonne 18 12 6 6 956 948 8

9 Marmande 18 12 6 6 952 983 -31

10 Val d'Albret 15 12 3 9 837 988 -151

11 Valence/Condom 14 12 2 10 865 1010 -145

12 Horsarrieu 13 12 1 11 871 1008 -137

13 Réal Chalossais 13 12 1 11 804 1001 -197











Les meilleurs marqueurs gardonnais







Marqueurs Points Matchs Points/matchs

Rabah 163 12 13,58

Kastratovic 149 12 12,42

Claveau 139 9 15,44

Senghor 108 12 9,00

Benon 104 12 8,67

Arnolin 90 12 7,50

Adgnot 81 12 6,75

Tall 76 12 6,33

Akylangongo 46 12 3,83

Masson 0 1 0,00






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