vendredi 16 décembre 2016

Le portrait de la semaine

Arrivé comme entraîneur à Mussidan cet été, Frantz Bluck prend peu à peu ses marques et retrouve un équilibre dans sa façon d'aborder ce métier si particulier.

Frantz Bluck a été joueur à Mussidan par le passé, avant de
revenir cet été comme nouvel entraîneur de l'équipe A.
© Régis Hazenfus
Etre un caméléon. C'est aussi ça, être entraîneur. S'adapter, composer, faire en fonction, autant d'éléments de langages que tous les coachs ressortiront systématiquement dans leurs discours. Pour sa troisième année comme entraîneur, Frantz Bluck, arrivé cet été à Mussidan (R4), ne déroge pas à cette règle.
Ce jeune entraîneur de trente-cinq ans n'est pas un inconnu du football périgourdin. Originaire de Libourne, où il a fait toutes ses classes jusqu'aux seniors (il joue en réserve), Frantz Bluck est en effet passé par Mussidan de 2006 à 2008. Entre-temps, il avait aussi évolué à Vallée de l'Isle, avant un dernier passage à Saint Seurin, au moment où le club se remonte de 2008 à 2012.
C'est une blessure qui met fin à sa carrière de joueur, alors que l'équipe accède cette année-là au Régional 4. Mais il n'est pas encore question de devenir entraîneur. « Travailler avec les enfants c'était aussi mon métier. J'aime leur apprendre les bonnes valeurs, je me considère comme un animateur, un éducateur », explique-t-il.
Des mots qui ont leurs sens. Pourtant, lui qui encadre des équipes de jeunes, U17/U19 notamment, depuis l'âge de vingt ans va prendre le pari de commencer les seniors. On est à l'été 2014. Saint Seurin descend de R3 à R4, et Frantz Bluck va alors effectuer ses grands débuts. Avec cette équipe, il se maintient la première année, puis monte l'an passé.

Apprendre le métier
Très vite, le coach ressent la différence entre les jeunes et les adultes. « Il y a plein de facteurs autres à gérer. Il y a la gestion de groupe, des conflits, des personnalités, c'est beaucoup plus dur. Sans oublier les vies familiales et personnelles de chacun », explique Frantz Bluck. Faire ses armes n'est pas forcément une partie de plaisir tous les jours pour celui qui apprend les joies du football en senior de l'autre côté de la ligne de touche.
« La gestion humaine est un obstacle que j'ai dû surmonter, je ne m'y attendais pas. Sans oublier la pression supplémentaire que l'on a quand on est en première ligne avec une équipe senior », continue-t-il. Les deux années de Saint Seurin, si elles ne sont pas toujours faciles, permettent à Frantz Bluck d'apprendre les impératifs et parfois les inconvénients liés à sa fonction.
L'an dernier, malgré la montée acquise avec le club girondin en R3, quelques désaccords incitent le coach à regarder ailleurs. Celui qui n'a pas pour habitude de beaucoup voyager dans le milieu du football est contacté par Mussidan. Le projet global qui lui est proposé le séduit, à la fois dans les valeurs qu'il retrouve dans ce club, comme dans les aspects concernant l'école de football.
Monter d'un cran et se stabiliser au-dessus, créer un groupe senior en associant équipe première et équipe réserve, accroître les effectifs en ouvrant le club, développer l'école de football, le travail est de taille. « Cela rejoint ce que je suis à la base, un éducateur. Ce sont les catégories de jeunes qui font avancer un club. L'idée est de fidéliser ces jeunes pour qu'ils arrivent en senior chez nous. On veut monter en gamme sur la qualité de l'offre proposée comme sur les niveaux de nos équipes », précise le coach.
Pour sa part, Frantz Bluck continue d'apprendre et de s'adapter aux us et coutumes du monde senior, à ses impératifs et aux efforts qu'il demande pour un entraîneur : « Aujourd'hui, je travaille vraiment sur ces relations humaines, j'ai fais le choix d'être toujours disponible, à l'écoute, dans le dialogue ».

Quelle vision ?
Si le rapport humain n'est pas le même avec un joueur pour un éducateur ou pour un entraîneur, cela se traduit aussi par la rigueur mise dans les discours. « En jeunes, on peut se permettre de sanctionner pour un retard ou une absence. En senior, on est obligé de relâcher la pression, il faut composer et faire avec parfois au moment de choisir nos joueurs », reconnaît encore Frantz Bluck.
A Mussidan cependant, question valeurs, le coach n'a pas à se plaindre. « Il y a de vraies valeurs, certains sont là depuis dix ans, c'est une famille, avec des liens, une entraide, une solidarité, un engagement », met-il en avant. Preuve, une fois de plus, que le football dépasse bien le simple cadre technique du terrain.
Même si évidemment, celui-ci fait aussi partie du métier. Et doit comme tous les autres être mis en perspective, en relation avec l'environnement, conditionné par des facteurs autres que la propre vision du coach. L'adaptation, toujours le maître mot. Dans sa vision du jeu, Frantz Bluck a dû là-aussi faire avec les habitudes du club qu'il a rejoint.
« J'aime avoir la possession, relancer depuis le gardien, passer par les latéraux... Mais on s'est mis en difficulté au début de saison sur des erreurs techniques ou de placement. Il faut être capable d'adapter sa vision de jeu aux joueurs et à leurs habitudes, donc maintenant, on cherche la possession, mais plus haut sur le terrain », avance le technicien.
Pour sa troisième saison, celui qui « ne se voyait pas forcément aller en senior » au début de sa carrière sur le banc a bien évolué. « J'ai avec moi un adjoint, Eric Rebière, qui a un vécu, une expérience. Il m'apporte dans le relationnel et les discours, il est important de l'avoir pour m'épauler », tient-il à préciser.
Quand le développement personnel de l'entraîneur se fait en lien étroit et en co-construction avec un projet de club ambitieux, il n'y a pas de raison pour que cela s'arrête. « Quand on parle de développement à Mussidan, l'idée est aussi de construire de nouveaux terrains pour s'entraîner. Sans oublier la présence d'Olivier Deliancourt, qui aide beaucoup au développement », ajoute encore Frantz Bluck.
Dans de telles conditions, l'avenir pourrait s'envisager sur long terme. Même si le coach reste prudent, il ne regrette pas en tous cas son choix. « Dans cette fonction, cela peut aller vite. Mais je ne suis pas venu pour un an seulement. J'ai envie de progresser, d'avancer, de m'épanouir dans ce club qui construit sur des bases saines », conclut-il.

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