samedi 23 avril 2016

Kastratovic et la valeur-travail

Arrivé en novembre dernier, le meneur monténégrin Darko Kastratovic se confie sur sa première expérience hors de sa région des Balkans.

© Pascal Lacroix.
Sylvain Desgroppes : Quel regard portez-vous sur la première partie de votre carrière ?
Darko Kastratovic : Je suis resté jusqu'à mes vingt ans dans le club de ma ville, Niksic, au Monténégro. J'ai ensuite joué dans beaucoup de belles équipes de Monténégro et de Bosnie, et une fois en Slovénie. Dans ma région, il est fréquent de changer régulièrement de club, car financièrement, la situation est souvent difficile (entre 2008 et 2015, il a évolué dans neuf clubs, NDLR). J'ai aussi joué dans toutes les équipes nationales de jeunes, contre de grandes équipes en championnats d'Europe et du monde. J'ai joué au moins cinq fois contre la France, avec des joueurs comme Batum, Ajinça, Diot, Seraphin... Je suis très fier de mon parcours.

Comment s'est fait votre venue à Gardonne ?
J'avais le souhait de jouer au basket en-dehors de ma région natale, pour évoluer dans un autre contexte, aller voir ailleurs, vivre de nouvelles expériences, dans un nouveau championnat. J'ai un agent en France, on m'a dit que Gardonne cherchait un meneur. Sylvain Lautié m'a parlé, et pour moi, c'est l'un des meilleurs entraîneurs en Europe de l'Ouest, donc cela a compté dans ma décision. Tout est allé très vite ensuite. Je suis venu faire des tests, et en deux jours c'était réglé. La saison avait commencé (sept journées disputées, NDLR), il ne restait que cinq jours avant la fin de la période des transferts, il a fallu allé vite.

Pour vous, il s'agit d'un éloignement nouveau, comment le vivez-vous ?
C'est ma première saison en France, et évidemment il y a beaucoup de différences, de changements pour moi. C'est une expérience totalement nouvelle, dans le basket comme dans la vie de tous les jours. J'ai changé de pays, il faut accepter une autre culture, une autre façon de faire, une nouvelle langue... Mais c'est une bonne expérience. La première saison est toujours difficile, donc j'ai envie de faire mieux pour la suite évidemment, comme toujours.

Comment jugez-vous le basket que vous voyez en France ?
C'est un basket totalement différent de celui que je connaissais. On travaille beaucoup plus dans ma région d'origine, notamment sur tout ce qui est tactique et technique. On nous apprend que tous les ballons sont très importants, donc chaque possession est soumise à une grosse pression, tout est très réfléchi. Le basket est une façon de vivre pour nous. En France, le jeu est plus rapide, on court et on shoot plus vite et plus souvent. La mentalité n'est pas la même non plus, on relativise plus les choses ici, notamment dans la défaite, alors que dans ma région natale, on est très dur, on n'accepte pas du tout la défaite. Quand on perd, on le vit mal, et on sait que la semaine qui suit, on va travailler encore plus dur.

Quel est votre profil personnel ?
(gêné) Ce n'est pas facile pour moi de parler de ça. Mon CV, mon jeu, ce serait plus au coach d'en parler. Je pense être un meneur avec de l'expérience, des qualités de shoot et de vitesse, c'est cela que le club voulait. Ce que je veux transmettre surtout, c'est ma mentalité, l'esprit de compétition, l'envie de travailler dur tout le temps, des choses qui sont normales au Monténégro et que je veux faire passer ici. Je m'inspire de Drazen Petrovic, qui reste pour moi l'un des meilleurs basketteurs européens. Je pense que l'on peut apprendre tous les jours un peu plus, par soi-même, par ses coéquipiers, par son coach comme ici avec Sylvain. C'est l'une des plus belles choses que permet ce sport, et c'est pour cela que j'aime jouer au basket.

Comment voyez-vous votre avenir ?
Pour l'instant, je reste concentré sur Gardonne et les enjeux de cette fin de saison pour l'équipe. Mon contrat avec le club va jusqu'en mai, on verra ensuite ce que cela peut donner. Ce qui est sûr, c'est que j'ai envie de rester en France, je me plais à vivre ici, c'est un bon pays pour le basket. Et je serais content si je reste à Gardonne, si je peux encore les aider la saison prochaine. Je me sens bien ici, j'ai un bon contact avec les gens, j'ai des bons amis, des coéquipiers et un capitaine avec qui tout se passe bien. Le club est bien organisé. Ce serait bien pour moi si je pouvais rester ici.

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