mardi 4 juin 2019

Ouvrir une nouvelle page

En survolant leurs deux tours de barrages, les bergeracoises ont obtenu leur ticket pour la D2. Historique pour le football féminin périgordin.

Entrée en jeu en deuxième période, Melissa Saudubois
a libéré son équipe en fin de rencontre.
© Archives Sylvain Desgroppes.
Dimanche soir, après son match nul à Lorient, Bergerac est passé dans une nouvelle ère. Le football féminin périgordin ouvre une période historique avec cette montée en D2, acquise avec beaucoup de maîtrise au match retour. Sur le terrain synthétique lorientais, jamais les bergeracoises n'auront eu réellement peur, malgré quelques passages difficiles dans le match. Il faut maintenant envisager la suite, qui s'annonce passionnante et très prenante.
Mais pour se projeter aussi loin, il aura fallu attendre les derniers instants. Victorieuses 3-0 au match aller, les filles de Serge Pialat partaient évidemment favorites. Mais il fallait trouver le bon équilibre dans le discours. « Face à l'inconnu de la réaction de Lorient, on est parti dans une stratégie défensive, avec l'idée de protéger notre avantage. C'était une option différente du match retour à Vesoul », explique le coach du BPFC.
Ce dernier est tout de même mis en difficulté par des locales bien décidées à réduire le plus vite possible l'écart pour instiller le doute dans les têtes bergeracoises. Le système novateur en 3-5-2 perturbe notamment Bergerac. Le Touze (5e) puis Le Moine (7e) font déjà passer les premiers frissons. Il ne reste qu'à cadrer, mais Guillevin n'y parvient pas non plus (25e). Les minutes passent, et la défense périgordine tient le choc.
Mieux, sur quelques sorties de balle, les bergeracoises inquiètent leurs adversaires, à l'image de ce centre de Zaïda pour Lévêque, qui précipite un peu trop son geste (24e). Ces attaques ont leur importance, elles maintiennent une menace sur les bretonnes, qui ne peuvent pas se permettre d'encaisser de but. « On a eu des difficultés au début, puis on a modifié notre schéma, ne concédant plus que de rares situations sur des frappes lointaines », détaille Serge Pialat.

Du suspense
À la pause, le score reste ainsi nul et vierge. Comme lors de ces trois premiers matches de barrage, Bergerac reste solide défensivement (un seul but encaissé, dans les arrêts de jeu du match retour à Vesoul, pour un succès 2-1). Ce pragmatisme est le grand progrès par rapport aux précédentes saisons. « J'ai insisté sur le fait que rien n'était fait, qu'il fallait rester concentré, et ne pas se mettre en état de stress face à l'enjeu », explique le coach.
Malheureusement pour lui, le pire des scénarios se produit juste après la reprise. Après un cafouillage sur un corner de Le Moine, c'est la défenseur centrale Le Beller qui est la plus prompte pour pousser le ballon au fond des filets (50e). De quoi redonner de l'espoir aux lorientaises autant qu'il laisse s'instiller quelques doutes pour des périgordines tenant moins le ballon. « On n'a pas senti de panique, mais un peu de fragilité », estime le coach.
Saudubois rentre alors pour apporter plus de vitesse. Ce qui fonctionne, à l'image de ce contre sur lequel Ozon intervient (62e). Le match prend alors la même tournure qu'à l'aller. Lorient a la possession, mais manque d'inspiration pour créer la moindre faille dans un bloc bergeracois compact autour de sa surface de réparation. Les minutes passent, et la mission du FCL se complique lorsque Guinehut voit rouge (73e).
Bergerac remonte son bloc d'un cran, profite des espaces laissés par des locales forçant leur jeu, et commence à réussir quelques enchaînements. Puis, dans les derniers instants, Saudubois s'échappe encore dans le dos de la défense. Cette fois, elle remporte son face-à-face avec Ozon (1-1, 90e+3). C'est fait, Bergerac est en D2. L'aboutissement de beaucoup d'efforts, le début aussi d'une nouvelle page dans l'histoire des féminines du BPFC.

Un challenge
« C'est une énorme satisfaction. Je suis très heureux pour le groupe, qui fait beaucoup de sacrifices au quotidien. On a ressenti une vraie émotion chez les filles, qui étaient dans un état second à la fin du match. Quand on est coach, on vit pour ressentir ces émotions et les partager », confie Serge Pialat. Ses joueuses, dont plusieurs pleuraient de joie à la fin du match, ont traversé beaucoup d'épreuves avant d'en arriver là.
La saison n'a pas été un long fleuve tranquille. Début mars, l'heure était même à l'abattement, après une défaite au Stade Bordelais. « J'ai dit à mon groupe qu'il fallait travailler jusqu'au bout, que tout était possible dans le football », se rappelle l'entraîneur. « Le groupe a suivi ce message, n'a rien lâché et a continué à travailler », ajoute-t-il. Ses dires se vérifient, puisque le BPFC va réduire progressivement son retard sur l'ASMUR.
Il y avait quatre points de moins en mars. La confrontation directe qui a suivi a été remportée par les périgordines, qui ont fini en boulet de canon pour arracher la deuxième place et la qualification en barrages. Mais nouvelle déception ensuite, avec deux défaites de rang, en quart de finale de la coupe de Nouvelle-Aquitaine puis en finale de la coupe de Dordogne. Avant l'apothéose en barrages. « Les défaites en coupe, c'était un mal pour un bien », glisse Serge Pialat.
Deux victoires contre Vesoul créent déjà un sentiment d'euphorie. Puis est venue la qualification contre Lorient pour monter en D2. « Il faut revoir l'organisation, mais en gardant un fil conducteur, en se rappelant d'où l'on vient. Il faudra se renforcer en D2, c'est obligé, mais on ira aussi à la bataille avec une très grande partie du groupe qui a fait la montée », termine Serge Pialat. Le travail s'annonce intense pour le technicien.

Lorient – Bergerac

Mi-temps : 0-0
Score final : 1-1

Buteuses : Le Beller (50e) pour Lorient. Saudubois (90e+3) pour Bergerac.

Avertissement : 0
Expulsion : Guinehut (73e) pou Lorient.

Lorient : Ozon – Caous, Le Beller, Quéro – Le Cléac'h, Guillevin (Guiheneuf, 87e), Van Landschoot (Allanic, 46e) – Le Moine – Guinehut, Le Touze (Ferreira Repp, 52e), Le Gall. Entraîneur : Antoine Guyot.

Bergerac : Claret – Taule, Martin, Cerdan, Goubie – Longeaud – Zaïda, Stetic, Carrié (Drouault, 87e), Camus – Lévêque (Saudubois, 54e). Entraîneurs : Serge Pialat, assisté de Thierry Duponteil. Remplaçantes : Flamain, Sardella, Soriano.

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